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Santé et bien-être des adolescents en milieu scolaire : Le Mali affiche sa volonté d’adhésion à l’engagement de l’Afrique de l’Ouest et du Centre
vendredi 9 septembre 2022, par
« Recueillir des données sur la santé en milieu scolaire, en mettant l’accent sur la santé de la reproduction et formuler des recommandations auprès de toutes les parties prenantes et dégager une feuille de route pour un sommet région ». Tel est l’objectif d’une Consultation nationale sur la santé et le bien-être des adolescents en milieu scolaire, de deux jours, qui a démarré le 8 septembre 2022, à l’Hôtel de l’Amitié de Bamako.
Organisée en partenariat avec l’Unesco, la Consultation nationale sur la santé et le bien-être des adolescents en milieu scolaire, est le fruit d’une synergie d’actions entre le Département de l’Education nationale et les ministères de la Santé et du Développement social ; de la Jeunesse, des Sports, de l’Instruction civique et de la Construction Citoyenne ; et de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Elle prépare le Mali à aller vers l’engagement de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour des adolescents et des jeunes éduqués, en bonne santé et épanouis.
En plus de Mme Sidibé Dédéou Ousmane, Ministre de l’éducation nationale, la cérémonie a enregistré la participation du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ; du Ministre des Transports et des Infrastructures, du représentant du Ministre de la Santé et du Développement Social ; et du Représentant de l’Unesco au Mali.
« ... Prendre des actions dans les domaines de l’éducation et de la santé »
« Cette consultation nationale est la volonté manifeste du Gouvernement à prendre davantage d’actions concertées et concrètes dans les domaines de l’éducation et de la santé », a indiqué Edmond Moukala, Chef de Bureau, Représentant de l’UNESCO au Mali. Avant de déclarer : « Un capital humain bien formé et en bonne santé est le préalable à tout développement durable ». Il a rappelé que conformément au Cadre stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (CREDD) et à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, le Mali aspire à un développement axé sur la population, en s’appuyant notamment sur les femmes et les jeunes, tout en prenant soin des enfants. « Ces agendas reposent sur des investissements soutenus dans l’éducation, la Santé et l’élimination des disparités de genre à tous les niveaux », a-t-il ajouté. Il a déclaré que cette consultation sur l’éducation à la santé et au bien-être est une opportunité de formuler des recommandations pour renforcer les actions déjà entreprises par le Gouvernement dans ce domaine. « Il s’agit de prévenir entre autres, les grossesses précoces et non désirées des jeunes et adolescents, le VIH et Sida et les autres IST, la consommation de substances psychoactives en milieu scolaire et les violences basées sur le genre en milieu scolaire », a-t-il indiqué.
« La santé reproductive des adolescents et des jeunes est d’intérêt national »
Représentant Madame la Ministre de la Santé et du Développement Social, Dr Ben Moulaye Haïdara, Directeur général de l’Office national de la Santé de la reproduction, au nom de son ministre, a estimé que « la santé reproductive des adolescents et des jeunes est un sujet d’intérêt national ». Selon lui, elle est déterminante dans la construction d’une jeunesse informée et avisée capable de décisions responsables concernant leur vie reproductive. « Cette cible est très vulnérable face aux grands fléaux », a-t-il déclaré. Avant de citer : les infections Sexuellement Transmissibles (IST) dont le VIH / sida, les grossesses précoces et / ou non désirées, les avortements à risque, les autres pratiques néfastes, les maladies parasitaires, infectieuses et non infectieuses, les affections bucco-dentaires, les troubles liés à l’usage des substances nocives, les problèmes nutritionnels, les problèmes d’hygiène en générale et d’hygiène menstruelle en particulier.
Et, partant du principe que la prévention des grands fléaux doit s’établir dès le plus jeune âge, il a estimé que l’’école est un des lieux de choix pour la mise en place des actions de dépistage et d’éducation pour la santé.
Il a indiqué que la santé de la Reproduction des adolescents et des jeunes, est une des priorités du PRODESS et des plus hautes autorités nationales. Dr Ben Moulaye Haïdara égrené la listes des actes posés par les gouvernants. Ce sont : la création en 2000 de la section Santé Reproductive des adolescents et des jeunes au niveau de la Direction Nationale de la Santé ; la création en 2020 de l’Office Nationale de la Santé de la Reproduction (ONASR) avec un département en charge de la Santé des adolescents et des jeunes (SAJ) ; l’élaboration du document de politique Nationale Santé scolaire et de son plan d’action 2017-2021 ; l’élaboration d’un Plan d’Action Multisectoriel, Santé des Adolescents et des Jeunes 2017-2021, la prise en compte du volet SAJ dans les orientations stratégiques du Plan SRMNIA Nut , etc.
En plus, il a levé le voile sur les engagements pris par le pays au niveau régional et sous régional. Ce sont : Déclaration d’Abuja pour le financement de la Santé de l’an 2003 ; Plan d’action de Maputo 2016-2030 ; Plan stratégique de l’OOAS (2016-2020) ; le document de " Mali Action Plan " 2018-2030 pour la réduction de la mortalité maternelle et la réduction des besoins non satisfaits en planification familiale ; l’inscription du gouvernement du Mali dans la feuille de route de l’Union Africaine d’investir dans la jeunesse pour aller vers la capture du Dividende démographique ,…
Malgré cela, les statistiques ne semblent pas reluisant. Le représentant du Ministre en charge de la santé, a indiqué que selon EDSM-VI, ce sont 16,5 % de femmes de 15 à 19 ans qui ont eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans. Il dira que la proportion d’adolescentes ayant déjà commencé leur vie féconde est nettement plus élevée en milieu rural (40 %) qu’en milieu urbain (25 %). Il a précisé que ce sont 14,3% de femmes de 15 à 19 ans qui ont été en union avant l’âge de 15 ans. Pire, il a indiqué que ce sont seulement 20 % des femmes de la tranche d’âge de 15 à 19 ans qui savent situer correctement la période fertile, contre 28,2 % de la tranche d’âge de 20 à 24 ans. Et, plus grave, il dira que ce sont 91,6 % des femmes de la tranche d’âge de 15 à 19 ans qui n’ont jamais parlé de Planification Familiale ni avec un agent de santé ni dans un établissement de santé. Dans sa longue liste de statistiques alarmant, il a ajouté que ce sont 31,6% des femmes de 15 à 19 ans qui ont eu une IST au cours des 12 derniers mois, contre 11,6 % chez les hommes.
Et, sûrement comme pour dire que l’école pourrait avoir un rôle important à jouer, il a indiqué les pourcentages de personnes ayant une connaissance complète du VIH augmentent avec le niveau d’instruction, passant de 9 % parmi les femmes n’ayant aucun niveau d’instruction à 25 % parmi celles ayant le niveau secondaire ou plus. Ce pourcentage est respectivement de 7 % à 27 % parmi les hommes. « Chez les femmes de la tranche d’âge de 15 à 19 ans, ce sont 44,7 % qui n’ont aucun niveau d’instruction ; 14,4 % n’ont pas terminé le primaire contre seulement 62 % qui ont fini avec le primaire ; 33,7 % n’ont pas pu terminer avec le secondaire et seulement 1,0 % ont pu atteindre le supérieur etc. », a-t-il déclaré.
Le représentant du Ministre en charge de la santé a insisté sur le fait qu’une grossesse précoce peut conduire une adolescente à la déscolarisation ou à contracter un mariage non préparé. Avant d’ajouter que les enfants de mères jeunes (moins de 20 ans) courent généralement un risque plus élevé de décéder que ceux issus de mères plus âgées ; sans oublier que les accouchements précoces augmentent le risque de décéder chez les adolescentes.
Dans des propos à l’allure d’un plaidoyer, il dira que l’offre de services de santé reproductive en milieu scolaire se heurte à des problèmes de ressources humaines, financières, matériels et / ou organisationnels. Selon lui, cela entraine des difficultés dans la mise en œuvre et le fonctionnement effectif des infirmeries scolaires devant offrir ces Soins. « L’insuffisance de prise en compte des besoins de la cible ado-jeune et l’absence de mécanisme de coordination et de leadership entre les différents intervenants dans ce secteur constituent des goulots d’étranglement », a-t-il déclaré.
« La santé a un impact sur l’éducation »
Pour sa part, Mme Sidibé Dédéou Ousmane, Ministre de l’Education nationale, a rappelé que c’est fort de la réalité que la santé joue un impact sur l’éducation, les ministères de la santé et du développement social, de l’éducation nationale, les organisations et réseaux de jeunes et la société civile de 15 pays d’Afrique Occidentale et du Centre, réunis à Abidjan en 2018, ont plaidé en faveur d’un engagement régional de haut niveau pour la santé afin d’éliminer les disparités de genre à tous les niveaux.
Elle a indiqué que la jeunesse est l’avenir de demain, même si la garantie de cet avenir est la bonne santé. Malheureusement, elle fera remarquer que nombreux sont les adolescents et jeunes, qui n’ont pas souvent les connaissances requises pour aborder sereinement les périodes charnières de leur vie. « Ce manque d’information les expose à des risques en matière de la reproduction de violences tout court et de violence basée sur le genre en milieu scolaire, de bien-être physique et même mental », a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter que les statistiques inquiétantes sur les indicateurs au Mali, sont autant d’embuches sur le chemin de l’école, surtout pour les jeunes filles victimes, en plus des pesanteurs sociales. Selon elle, le Gouvernement du Mali, soucieux des problèmes d’accès et de maintien des enfants à l’école, surtout les filles, a réservé une place de assez importante pour ces problématiques dans toutes les réformes éducatives et le PRODEC II, en est une illustration. Enfin, elle a sollicité ses collègues membres du Gouvernement pour la création d’une synergie d’actions entre les départements ministériels, la société civile et tous les acteurs de l’école pour relever les défis.
Pendant les deux jours de travaux, les parties prenantes ont échangé et discutés sur la santé et le bien être en milieu scolaire. Elles ont examiné et validé les données et les conclusions du Mali sur la situation des adolescents et des jeunes, en ce qui concerne les grossesses des adolescentes, le mariage des enfants, le VIH, les VBG, la nutrition scolaire, la Gestion de l’Hygiène Menstruelle et le WASH en lien avec l’éducation. Ce fut aussi une occasion de proposition de recommandations pour répondre aux besoins des adolescent(e)s et des jeunes scolaires en termes d’accès à une éducation pour la santé et le bien-être et aux services de santé de la reproduction, de prévention des VBG et de protection au niveau national. Les parties prenantes ont aussi proposé des messages clés pour la formulation de l’engagement régional de haut niveau et ont élaboré la feuille de route pour leur engagement au niveau national, tout au long du développement, de la promotion, de la mise en œuvre. Enfin, elles ont mis en place un mécanisme de suivi-évaluation.
Assane Koné