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Niger : « La décision d’intervention militaire de la CEDEAO au Niger est une violation de la Charte des Nations Unies », selon Mahamadou Samké

mardi 22 août 2023, par Assane Koné

« Les sanctions de la CEDEAO contre le Niger, touchant à l’économie et à l’humanitaire, constituent un blocus, qui est une violation flagrante du droit international ». Tel est l’avis de Mahamadou Samaké, diplômé en droit international. En outre, il pense que la décision d’intervention militaire de la CEDEAO au Niger est une violation de la Charte des Nations Unies.

Dans une vidéo conférence animée le samedi 19 août 2023, depuis Paris, Mahamadou Samaké a tenu à donner un avis juridique sur la décision de la CEDEAO d’intervenir militairement au Niger pour réinstaller Mohamed Bazoum victime d’un coup d’état, dans son fauteuil présidentiel.

« Bien que je sois loin du continent, l’actualité politique de l’Afrique m’intéresse énormément », a indiqué d’entrée de jeu Mahamadou Samaké. « Je n’ai pas l’habitude de m’exprimer publiquement, mais vu que ce qui se passe au Niger intéresse fortement le Mali au regard de la menace potentielle que cela pourra constituer sur une situation déjà volatile, parler devient une obligation », a-t-il ajouté.

Il a rappelé qu’après le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, les bruits de bottes se sont fait entendre dans l’espace CEDEAO. « Depuis le 26 juillet 2023, le Niger est victime d’un coup d’état qui a déposé Mohamed Bazoum, Président démocratiquement élu », a-t-il indiqué. Selon lui, comme au Mali et au Burkina Faso, les arguments des militaires sont pratiquement les mêmes. « A un moment, nous avons eu l’impression que le Président Bazoum s’était obstiné dans un déni de la menace sécuritaire dans son pays. Et, avait décidé de dénoncer les autorités maliennes et burkinabés », a-t-il déclaré.

Mais, qu’à cela ne tienne, il fera remarquer que tout porte à croire que la CEDEAO semble dépasser par ce énième coup d’état. De telle sorte qu’il est apparu que l’option de la fermeté s’est imposée au Président du Nigeria, Président en exercice de la CEDEAO. « A son arrivée à la tête de la CEDEAO, il avait annoncé sa fermeté contre les coups d’état, sûrement, sans savoir que quelques jours après, il allait être confronté à un cas pratique au Niger. », a-t-il indiqué.

Selon lui, tout porte à croire que c’est en conformité avec cette fermeté annoncée par son Président, quelques jours avant, que la CEDEAO s’est empressée pour prendre des sanctions qui touchent à l’économie et à l’humanitaire. « En agissant ainsi, la CEDEAO a oublié qu’elle décidait de mettre le Niger sous un blocus. Et, cela constitue une violation flagrante du droit international », a-t-il déclaré. Mais, pire, il fera remarquer que la CEDEAO ne s’est pas contentée de cette violation du droit international ; qu’elle aura décidé de projeter une intervention militaire qui divise aujourd’hui le monde entier. De son point de vue, cette décision d’intervention militaire de la CEDEAO au Niger est une violation de la Charte des Nations Unies.

Il a invité à analyser un peu les sanctions et menaces de la CEDEAO, qui selon elle, visent à promouvoir la démocratie. « Mais, de qu’elle démocratie, il s’agit », s’est-t-il interrogé. Avant de dire que le moment est arrivé pour faire l’analyse du bilan qui n’est pas du tout rose de la démocratie en Afrique.

Mais, en attendant, il a tenu à rappeler qu’avant le retour des militaires au pouvoir, l’on a assisté à des coups d’état dirigés par des civils. « Dans des états dits démocratiques, nous avons assisté à des révisions constitutionnelles pour donner la possibilité à des Chefs d’état qui n’en avaient plus le droit de rester au pouvoir », a-t-il dénoncé.

Opposé à la volonté de la CEDEAO d’intervenir militairement au Niger, Mahamadou Samaké dira que cette intervention aura deux conséquences graves : le risque d’une guerre généralisée dans un Sahel déjà suffisamment éprouvé par les terroristes, et le risque d’assister impuissant à une dislocation de la CEDEAO (Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée menacent de se retirer en cas d’une intervention militaire au Niger). Mais, à analyser la situation de près, il a estimé qu’il n’y a aucune chance que la CEDEAO intervienne militairement au Niger. Selon lui, cette conviction est basée sur le fait que la Russie, pays membre du Conseil de Sécurité de l’ONU est opposée à cette intervention. Il a aussi rappelé la position des USA qui sont opposés à une intervention militaire au Niger, même s’ils y sont opposés au coup d’état.

Il a aussi rappelé qu’en l’absence de la légitime défense, c’est la Charte des Nations Unies qui prévaut en termes de celui à qui revient la primauté sur les questions de paix et de sécurité dans le monde. « Il n’y a aucune chance que les Nations Unies donnent mandat à des pays qui n’ont même pas les moyens pour financer leur intervention », a-t-il déclaré.

Au regard de tout cela et face au risque de dislocation de la CEDEAO, il a invité les leaders de la CEDEAO à se ressaisir pour se résoudre à l’évidence. « Si on a accepté un coup d’Etat au Mali, un autre au Burkina et un autre en Guinée, pourquoi refuser de composer avec le fait consommé au Niger. Accepter et accompagner pour aller rapidement vers un système beaucoup plus démocratique. Et, je crois que c’est ce que les USA ont compris », a-t-il estimé.

Assane Koné


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