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Lutte contre l’exclusion : L’insertion socioéconomique des déficients auditifs par la danse et le théâtre
mercredi 2 septembre 2020, par
Donner l’opportunité à des déficients auditifs de devenir danseurs et des acteurs de théâtre professionnels, est le défie que la Compagnie Famu danse est passe de relever. Pendant deux ans, grâce à un appui financier de VOICE et dans un partenariat stratégique avec l’Association malienne des sourds (AMA Sourds) et Kuma So Théâtre, la Compagnie Famu danse dans le cadre de son projet intitulé « Parole de corps », est parvenue à initier 41 jeunes déficients auditifs de Bamako, Koutiala et Ségou à la danse et à la comédie. La restitution finale de ce projet était le 1er septembre 2020, au centre d’une conférence de presse à l’école de déficients auditifs de Bamako.
Le 4, le 5 et le 6 septembre 2020, le Cinéma El Hilal de Médiana Coura, sera le lieu de rendez-vous culturel privilégié à Bamako. Pour cause : la Compagnie Famu a décidé d’y proposer la restitution des spectacles crées dans le cadre de son projet « Parole de corps ». « Nous invitons les bamakois à venir nombreux le 4, le 5 et le 6 septembre 2020 au cinéma El Hilal de Medina COURA pour assister aux spectacles de danse et de théâtre que nous avons pu monter pendant un travail acharné mais exaltant sur 2 ans, avec 41 déficients auditifs de Bamako », a indiqué Mme Dieng Coumba, coordinatrice du Projet « Parole de corps » au niveau de la Compagnie Famu danse. Avant d’ajouter que « Parole de corps » est un projet innovant qui vise l’insertion socioprofessionnelle des jeunes déficients auditifs via les arts de la scène.
Selon Mme Dieng Coumba, pendant les 3 soirées de restitution, le public aura l’occasion d’apprécier le talent des jeunes déficients auditifs dans des créations de qualité, et applaudira une troupe d’art, au-delà de l’handicap de ses membres. « Nous avons dans le cadre de cette restitution, programmé 6 spectacles de danse et 3 pièces de théâtre », a-t-elle annoncé.
En sa qualité de directeur artistique de la formation, Daouda Keita, Directeur de la Compagnie Famu Danse, a d’abord rappelé comment l’idée du projet est arrivée. « En 2018, j’ai eu la chance de rencontrer des jeunes de l’école des déficients auditifs de Bamako. J’ai découvert leur capacité extraordinaire à s’exprimer avec la langue des signes. Cela m’a aidé à rendre plus précis et plus compréhensible mon geste chorégraphique. Mais, mieux, j’ai eu la conviction que ces jeunes filles et garçons peuvent devenir des danseurs et comédiens pour faciliter leur insertion socioprofessionnelle dans la vie. Surtout que l’école ne leur offre aucune perspective crédible après le DEF », a déclaré Daouda keita. Avant de révéler qu’une phase pilote du projet a rencontré un vif succès, dans les écoles pour déficients auditifs de Bamako et de Koutiala, grâce au soutien de la Direction du Développement de la Coopération Suisse et Oxfam. « Mais, en 2019, le projet a pris une nouvelle ampleur avec l’appui financier de VOICE, par la création de 2 cursus de formation (danse et théâtre), pour 41 jeunes, dans trois écoles spécialisées de Bamako, Ségou et Koutiala, pour une durée de 2 ans, dans un partenariat avec l’AMA Sourds », a-t-il indiqué.
Daouda Keita a indiqué que la formation en danse a été assurée par la Compagnie Famu danse, lorsque la formation en théâtre était conduite par la Compagnie Kuma Sô Théâtre de Lamine Diarra. Cependant, il a voulu rassurer les uns et les autres que le résultat obtenus avec les 41 jeunes, a bénéficié de l’intervention de 6 professeurs et de 3 assistants, mais aussi de plusieurs intervenants ponctuels sur des thématiques variées. « L’essentiel des compétences en danse et théâtre a été transmis sur 2 ans à ces jeunes qui ont ainsi l’opportunité de mettre en valeur leurs qualités uniques d’expression par le corps », a-t-il déclaré. Et, pour permettre aux jeunes apprenants maliens de se frotter à la réalité de la scène, 12 parmi eux ont séjourné en 2019 à Bobo-Dioulasso dans le cadre du Festival « Noussondia » de l’Association Art au-delà du Handicap de Yayous Bakanu Sanu. Cette compagnie sera à Bamako dans le cadre des 3 jours de restitution.
« La restitution finale des deux ans de travail des jeunes, est une occasion pour nous de montrer aux maliens et au monde entier ce que les jeunes malentendants ont appris et surtout qu’ils peuvent se faire comprendre à travers la danse et le théâtre », a déclaré pour sa par Sitan Coulibaly, Chargée de lien Apprentissage et Communication à VOICE.
Elle a rappelé que Voice est un mécanisme de subvention innovant pour la diversité et l’inclusion qui travaille et soutient les groupes détenteurs de droits dans leurs efforts pour exiger l’accès aux ressources productives et aux services sociaux de base (santé et éducation) et, à revendiquer leur participation à la vie politique. « Les trois groupes cibles prioritaires au Mali sont : les personnes handicapées, les femmes en risque d’exploitation, d’abus et/ou de violence, les groupes discriminés selon l’âge notamment les jeunes et les personnes âgées », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter que ce projet vise à renforcer la participation des filles et des garçons marginalisés du fait de leur handicap, en particulier de leur déficience auditive, à la vie citoyenne malienne. « C’est une expérience innovante unique d’échange de compétences entre des artistes du spectacle de la danse et du théâtre, et une cinquantaine de jeunes ayant une déficience auditive à Ségou, Bamako et Koutiala », a-t-elle déclaré.
En attendant de voir les spectacles créés et programmés dans le cadre de la restitution qui aura lieu du 4 au 6 septembre 2020, au Cinéma El Hilal de Médina Coura, Sitan Coulibaly est convaincue que « les jeunes malentendants à travers leur participation aux activités ont pu développer des connaissances en matière de mouvement et d’expression corporelle ». Mieux, elle pense que « la barrière qui était la parole a pu être brisée aujourd’hui par une bonne connexion, mais surtout une collaboration avec les chorégraphes et danseurs ainsi que des acteurs et metteurs en scène ». Elle voudrait que tous retiennent que « la participation des jeunes à ces activités favorise leur insertion au sein de la société et même dans quelques années pourquoi pas favoriser leur insertion économique ».
Assane Koné
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