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La plusique : Quand Fatoumata Keita et Robert Dissa invitent la musique dans la poésie

samedi 30 janvier 2016, par Assane Koné

A la faveur d’une « nuit plusicale » organisée le samedi 23 janvier 2016, par Binthily communication au restaurant à la gare, nombreux étaient les spectateurs présents qui découvraient pour la première fois la plusique : un mélange de poésie et de musique. Mais, cela n’a été qu’une partie remise parce que le coffret en cour de confection par Binthily communication sera présenté au grand public lors de la prochaine rentrée littéraire du Mali et chacun pourra se l’offrir pour écouter la plusique à volonté. Mais, en attendant découvrons la plusique.

Très en verve ce soir-là, Fatoumata Keita et Robert Dissa ont émerveillé leurs invités qui pour la plupart découvraient pour la première fois la plusique, présentée comme un genre littéraire, mélangeant la musique et la poésie, né de la rencontre entre 2 poètes maliens : Fatoumata Keita et Robert Dissa. Ces deux maliens ont décidé de faire sortir la poésie des bibliothèques pour qu’elle aille à la rencontre du public pour lequel les poèmes sont écris. Pour cela, ils n’ont pas hésité à inviter la musique et quelques fois même la danse et le chant, pour ce qui concerne Robert Dissa.

Mais avant, comme pour exorciser la scène un jeune poète du nom de Mandjan Camara, est venu s’interroger. << Qui suis-je ? >>, s’est-t-il demandé.

Dans une parfaite complicité avec une musique de Abba Diop, doctorant en mathématique et mordu de musique, Fatoumata Keita a déclamé une série de ses œuvres poétiques. Mais devais-je dire une série de ses œuvres << plusicales >>.

Dès l’entame de la manifestation, dans une déclamation annonciatrice des couleurs de la soirée, elle donnera le sens de son engagement poétique dans un poème musical intitulé << Ma mission >>.

<< …Fatoumata prend ta plume et écris….>>, dira-t-elle avant d’ajouter qu’ << écrire n’est-t-il pas encore une autre façon de lutter, de vaincre la mort et d’éterniser l’éphémère sort. …>>. Et comme persuadée par cela, elle s’ordonne : << Ecris donc fille du Mandé…écris ta douleur, écris ton bonheur…écris pour lutter contre la faim de la fin, la soif et le désespoir…. l’injustice et sa pestilence….écris et dévoile les gangrènes qui rongent le cœur de l’humanité…écris et demain, dans ce monde sans issue, ils sauront ce que tu fus, ce que tu fis de ta pauvre petite vie…>>. Avec ce poème, la mission que s’impose Fatoumata Keita est on ne peut plus claire pour tous les spectateurs.

Ensuite, elle nous dira quand vint << Minuit >>. Selon elle minuit est la fin d’une journée et le début d’un autre jour. Mais, mieux quand vint minuit, Fatoumata devient un moineau qui chante l’amour et la paix. << Minuit a sonné et moi, je suis encore éveillé. Je deviens le moineau qui chante l’amour…chante la paix >>. Et, dans sa volonté de prendre la parole Fatoumata exige son droit à la parole et cela donne : << Laissez-moi parler >>. Et quand Fatoumata parle cela est fort. Morceau choisi : <<…Laissez-moi parler de mon pauvre monde où le père n’est plus père, où la mère n’est plus mère, la démocratie synonyme d’anarchie et la politique synonyme de mensonge…>>. Et, comme, elle a commencé à parler, elle a voulu « se fendre la bouche », tant elle avait beaucoup à dire à sa << Majesté >>, enfin à tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir. << Il faut qu’ils comprennent que le pouvoir vient et part >>, a-t-elle dit en introduction à cette déclamation remplie de sagesse, sur un rythme musicale martial.

<< Majesté, regarde le soleil se levé sans ta volonté majesté… regarde les années s’échapper contre ton gré et alors tu comprendras que prétentieuse est ta royauté… regarde le jour déchirer le ventre de la nuit sans lame et les ténèbres engendrés la lumière du jour sans état d’âme, pense à la mort tout autour. Et, tu comprendras. Tu comprendras qu’illusoire est ton pouvoir d’un jour. Ce que tu peux majesté d’une nuit, ce que tu peux roi de minuit, c’est écouter et soigner la misère de ton peuple. Ce peuple ventre creux, va nu pied qui traine les pieds la main tendue…juste un peu de pain, un peu de pain pour ceux qui ont faim et qui trainent sur le trottoir tendant la main…un peu d’amour, juste un peu pour parer la laideur du jour. La vie sort du ventre de l’amour. L’amour nourrit le cœur de la vie. Aimer c’est donner, aimer c’est se donner, aimer c’est s’ouvrir…. >>.

Et, enfin, vint le poème qui a ému tout l’auditoire tant l’artiste a eu les mots justes pour dépeindre une actualité encore fraiche dans les mémoires. L’occupation du nord du Mali et la crise politico-militaire au sud, pour Fatoumata se résument à : << La nuit est tombée >>.

Un morceau choisi pour vous : << La nuit est tombée, le jour se lèvera. Si de tout temps, pendant longtemps, nous avons toujours dit que notre vie n’était qu’une survie. Et que dire à présent depuis que la nuit s’est installée en plein midi ? Cœur en feu, armes désarmées, greniers consumés, héritages consumés, tranquillité troublée….Elle est grave l’heure, la détresse est dans la demeure. Trêve donc de divergences futiles et d’antagonismes puérils, trêves de tergiversations inutiles et de désaccords futiles. Tout ce qu’il y a d’utile, c’est d’éteindre le feu comme on peut. Tout ce qu’il y a d’utile c’est d’être uni autour du puits où gémit le Mali. Tout ce qu’il y a d’utile c’est d’être armé dans la nuit que traverse la patrie. C’est tout ce qu’il y a d’utile…Trop de laisser aller. Trop de mouches dans la louche. Trop d’affaires louches. Trop de silence coupable. Air cocaïne est regrettable… Le Mali dans deux gouffres. La démocratie en souffre >>.

Et, face à une telle situation, elle n’a que le choix de lancer un << Appel à la paix >>. Mais pour finir sa prestation sur des notes de joie et d’espoir, Fatoumata Keita, la colombe de la paix dira << Notre foi au Mali >>. Et, pour terminer la soirée, dans un tout autre genre, mais toujours la plusique, Robert Dissa, en plus de la poésie et de la musique, va ajouter la danse et le chant. Mais, nous y reviendrons.

Assane Koné


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