Culture > « Koussaw » ou la tempête de sable : Le film malien qui dit que, malgré l’occupation, Tombouctou n’a pas perdu son âme

« Koussaw » ou la tempête de sable : Le film malien qui dit que, malgré l’occupation, Tombouctou n’a pas perdu son âme

mercredi 28 septembre 2016, par Assane Koné

Produit par le Centre National de la Cinématographie du Mali (CNCM), ce long-métrage raconte la vie de Barou et de son épouse Bibi qui ne se sont jamais remis de la disparition inattendue de leur fils Kadry à l’âge de 14 ans.

Le mardi 27 septembre 2016, le film « Koussaw » de 75 minutes réalisé par Ibrahima Touré a été présenté à la presse dans la salle de projection du CNCM. C’est un film dans le film. Aux dires de Moussa Ouane, ce film représentera le Mali au FESPACO. Selon le Directeur général du CNCM, le plus important est que le film soit aimé par les Maliens puisqu’il est fait pour les Maliens.

« Koussaw » est le titre du long métrage de fiction de 75 mn de Ibrahima Touré. C’est une adaptation du roman « Les cure-dents de Tombouctou » du Dr N’Do A. Cissé de l’Université des Lettres de Bamako. « Koussaw » en langue nationale songhaï signifie « tempête de sable ». Le tournage de ce film a eu lieu à Tombouctou et à Gao et a duré du 20 octobre au 5 décembre 2015 soit 6 semaines.

Le film raconte une histoire pathétique. Il porte sur la vie de Barou et de son épouse Bibi qui ne se sont jamais remis de la disparition inattendue de Kadry, leur fils à l’âge de quatorze ans, des suites d’une maladie. La mort d’un fils qui tourne en psychodrame familial. Le sujet touche à la relation qui altère la vie conjugale, affecte la relation sociale, et même perturbe la foi du croyant.

Le réalisateur a voulu montrer que Tombouctou n’a pas perdu son âme, malgré la catastrophe de l’occupation. Maintenant, elle vit l’heure des patrouilles militaires, des attaques inopinées, des tirs sporadiques et des actes meurtriers qui endeuillent les familles. Selon lui, le cavalier protecteur est sans doute parti, mais la ville garde ses mystères.

Dans ce film, Barou, petit nom d’Oumar Coulibaly, selon le réalisateur, est un cadre en service à Tombouctou, où, avec sa femme et ses deux enfants, une fille et un garçon, ils mènent, douillets, une existence paisible pleine de promesses. Les enfants vont à l’école, et obtiennent de bons résultats. Monsieur et Madame vont, l’un et l’autre, au travail. L’homme assez affairé, s’occupe également du chantier de sa maison sur un autre site.

Une forte détonation, un après-midi ; deux coups de feu sont entendus, avec un cri au dehors. Barou, inquiet, se précipite. Il découvre au seuil de sa porte le corps sans vie de Kadry, son petit garçon. Profondément affligés par cette perte brutale, lui et Bibi, son épouse, inconsolables, son rejoints par leurs deux mamans, venues les soutenir. Mais, la vie du couple malheureux s’en ressent, et finit par basculer.

Pour le réalisateur Touré, dans ce capharnaüm, le courage des habitants de la cité des Saints n’est point entamé, même si quelques-uns manifestent leur exaspération. La grande diversité de ce foyer cosmopolite demeure et transcende les mauvais esprits.

Le fils défunt fait des apparitions aux yeux de son paternel, ébranlé par le choc. L’entourage, tourmenté, suppose un accès de délire du père éploré. La solution passe par le désenvoutement. Devant le dilemme d’un autre choix à faire pour passer le cap, l’incompréhension s’installe puis le doute germe peu à peu et se meut en suspicion. Accablé de nouveau par le décès de sa mère, ultime douleur venant amplifier la tragédie, Barou, troublé et instable, devient incontrôlable. Tandis que le cauchemar plonge dans la déraison, la sentence de vérité résonne comme une délivrance, au bord de l’abime.

Le film retrace également que dans le désert un vent continu, efface toutes les traces de la veille signifiant à l’homme que la vie suit son cours et se perpétue et les morts d’hier ne sont jamais morts. Ils se sont déplacés dans un monde…

Barou notre héros qui vit en parfaite harmonie avec son environnement (famille, bureau, culte) n’échappe guère à ses deux mondes : celui des vivants et celui des morts.

Lamine Kané


Voir en ligne : « Koussaw » ou la tempête de sable : Le film malien qui dit que, malgré l’occupation, Tombouctou n’a pas perdu son âme

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.