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Koré Baro littéraire : Mme Kada TANDINA fait la lumière sur son livre « Les larmes invisibles »
lundi 9 septembre 2024, par
Le 5e numéro du Koré Baro littéraire de l’année 2024, organisé dans le cadre du Weekend culturel du Centre Culturel Kôrè de Ségou, avait pour inviter Mme Kada Tandina et son livre « Les larmes invisibles ».
Espace de débat citoyen, d’échanges et d’information sur les enjeux, l’histoire et les faits marquants de notre société, le Kôrè Baro du CCK a reçu Mme Kada Tandina pour la présentation de son livre « Les larmes Invisible ».
Enseignante et journaliste de profession, Kada Tandina, jeune femme dynamique et engagée, est née à Bamako et a grandi dans une famille modeste. « Mon amour pour la littérature est né dès mon plus jeune âge. J’ai commencé à écrire très jeune. Je suis une amoureuse de l’écriture », a indiqué d’entrée de jeu celle qui avait l’honneur, le 31 août 2024, d’animer le Kôrè Baro littéraire. « J’ai commencé à écrire mes premiers poèmes dès l’adolescence », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter que les « Larmes invisibles » est un recueil de deux nouvelles qui aborde des thèmes de la souffrance et de la marginalisation dans la société contemporaine. « La première nouvelle, intitulée ‘’la fille de la rue’’, raconte l’histoire des enfants d’une jeune fille orpheline qui est contrainte de mendier pour survivre », a-t-elle indiqué. Pour ce qui concerne la deuxième nouvelle, dénommée "la femme au foyer", elle dira qu’elle « dépeint la vie difficile d’une femme malienne qui est victime de violences conjugales ».
Mme Kada Tandina, pour aborder ces sujets complexes, a choit d’écrire dans un style simple et direct, tout en prenant la peine d’amener le lecteur à avoir de grandes émotions. Enfin, dans sa volonté de contribuer à un changement de comportement en relation avec ces deux thématiques, elle n’avait pas le choix. Elle était obligée de choquer, de titiller afin de faire prendre conscience que ces fléaux menacent la cohésion de nos différentes sociétés.
Toujours, dans son exposé introductif, Mme Kada Tandina a estimé que de nombreuses femmes maliennes sont de violences conjugales. « Le combat quotidien des femmes maliennes pour construire un avenir harmonieux à leurs progénitures, n’est pas malheureusement, n’est suffisamment pas reconnu à sa juste valeur dans une société, où certains hommes pensent que la femme n’a droit à rien », a-t-elle regretté. Selon elle, dès les premières difficultés dans un couple, la femme est toujours accusée. « Elle est la fautive. La coupable tout indiqué », a-t-elle dénoncé. Mme Kada Tandina, pense que cela est le résultat d’un amalgame que font beaucoup de maliens en interprétant les prédications de l’islam en leur faveur. « Dans le coran, il est admis qu’un homme peut prendre jusqu’à 4 épouses, mais cela est conditionné au respect des justes droits de la femme », a-t-elle rappelé.
Pour ce qui est de la maltraitance des enfants, notamment des enfants contraints à la mendicité, Mme Kada Tandina a mis l’accent sur les conséquences de ce fléau. Selon elle, ce fléau peut avoir des conséquences graves sur la vie de ces jeunes, qui n’auront pas le temps et la chance d’apprendre un métier pour se mettre à l’abri de la l’oisiveté, une fois adulte. « Certains seront des délinquants tout indiqué et d’autres dans, le contexte actuel du Mali, seront une proie facile pour les terroristes qui vont les recruter à la pelle », a-t-elle regretté.
Mme Kada Tandina, dans ses propos a insisté sur les sacrifices de la femme malienne, dans un contexte difficile. Et, est longuement revenue sur les difficultés que la femme malienne de façon générale rencontre dans le foyer, avec le phénomène de la violence conjugale qui se présente sous diverses formes.
Dans des morceaux choisis du livre, elle va convaincre de la pertinence de ses thématiques. « Entre tes sorties, et tes trajets à ta demeure, n’as- tu pas remarqué ces pauvres mendiants se pavaner entre les voitures aux feux tricolores pour quémander quelques sous, au risque de se faire renverser par un véhicule qui roule à vive allure ? La question qui heurte chaque fois mon esprit c’est d’où viennent-ils ? », s’interroge Mme Kada Tandina. Et, du coup à amener toute la salle à s’interroger. Dans un plaidoyer, elle a lancé un cri de cœur : « Oui on parle de guerre, on parle de maladie mais personne ne parle de la mendicité car la guerre la plus dangereuse et la maladie la plus mortelle, c’est la mendicité, c’est mourir de faim, de soif, de manque d’amour et de soins... ».
Son exposé introductif a fait place à la série de questions- réponse, pour une meilleure interaction avec le publique. Des participants, ont voulu savoir pourquoi, Mme Kada Tandina a volontairement choisi de montrer que les difficultés vécues par les femmes, comme si certaines épouses n’en imposaient aux hommes. « On a l’impression qu’il n’y a pas d’hommes parfaits dans votre livre. Et, il n’y a que des femmes qui souffrent. Or, il y a des hommes parfaits. Comment se cela se fait-il ? », a voulu savoir un certain nombre de participants.
Un participant a voulu savoir : si c’est parce que l’état ne s’occupe pas suffisamment des medersas que parents maliens vont confier leurs enfants à de marabouts, dont certains les exploitent au lieu de les former ? Avant que Mme Kanda Tandina ne réponde, un participant est intervenu pour demander à l’état malien d’appliquer les textes pour régler le problème de mendicité des enfants. « L’exploitation des enfants par certains marabouts, est une problématique très complexe. La mendicité ne devait pas être encouragée. De façon générale, les marabouts devaient changer d’approche, en plaçant les enfants auprès de certains professionnels pour apprendre des métiers », a suggéré Mme Kada Tandina. Avant d’indiquer que dans ce livre, elle a volontairement choisi de parler des difficultés des femmes. Et, dans l’avenir, elle projette un autre livre qui va sûrement mettre l’accent sur les difficultés des hommes dans les foyers. En conclusion, elle dira que ces deux problématiques posent la pertinence du partage de responsabilité. « La société entière est fautive », a-t-elle déclaré. Et, nous estimons que c’est à la société de corriger le tir. Mais, de façon individuelle, chacun doit ajouter son grain de sel pour une résolution rapide de ces problématiques.
Assane Koné
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