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Journées musicales de Carthage 2018 : Le cinéma, une attraction qui met la musique en valeur
samedi 6 octobre 2018, par
Pendant 6 jours, le cinéma a joué pleinement sa partition lors des JMC 2018
Il n’y a pas de bons films, sans bonne musique. Cela est connu de longues dates. Mais, ce qui n’était pas surtout bien connu, c’est que la musique où la vie de plusieurs musiciens ont inspiré des films à travers le monde. Dans le cadre de la 5e édition des JMC, placée sous le thème « De la place pour tout le monde », un vibrant hommage a été rendu à l’Art de combiner des sons d’après des règles, à travers le grand écran.
Le « JMC Cinoche » est une activité qui n’est du tout passé inaperçue au JMC 2018. Pendant 6 jours ( du dimanche 30 septembre au vendredi 5 octobre 2018) la Cinémathèque de la nouvelle Cité de la Culture de Tunis, a enregistré des projections de films en rapport avec le monde de la musique. Des amoureux de la musique et du cinéma s’y donnaient rendez-vous, pratiquement tous les après midi pour participer à des séances de projections, souvent suivies de débats.
La passion de l’art de combiner des sons selon des règles bien précises, est souvent de nature a posé des problèmes. Et des réalisateurs très avertis y ont tiré leur inspiration pour nous proposer des films qui mettent en exergue ces problématiques. Et dans le cadre de la 5e édition des JMC, le comité d’organisation, a voulu attirer l’attention des uns et des autres, sur le fait que la musique peut souvent aller au-delà de l’art de combiner des sons selon des règles précises, pour introduire une panoplie de difficultés dans la vie des artistes.
Dans une programmation bien selecte, le binôme cinéma et musique a été revisité sous toutes ces formes.
Déjà le dimanche 30 septembre 2018, les cinéphiles étaient conviés pour voir le film d’animation du japonais Masayuki Kojima, intitulé « Le Piano dans la forêt », sorti en 2017 au Japon et en 2009 en France. Le film qui dure 100 minutes, porte sur la rencontre entre deux enfants dont la passion commune est le piano. Shûhei Amamiya, un garçon de bonne famille qui veut devenir grand pianiste et Kaï Ichinose, un enfant de la rue. Ils vont se préparer pour participer à un concours de piano dont le morceau imposé est la Sonate pour piano n°8 K. 310 de Wolfgang Amadeux Mozart.
Le même jour dans l’après midi, ce fut la projection de « Leçon de piano » de Jane Campion. Palme d’or du festival de Cannes en 1993, ce film à l’allure d’un mélodrame, expose toute la force que charrie la musique. Ce film qui mélange amour et jalousie, retrace la vie de Ada MC Grath, jeune femme muette, veuve et passionnée de musique. Surtout son attachement à son piano, pour lequel elle est prête même au sacrifice suprême.
« La légende du pianiste sur l’océan » est un film italien de 123 minutes. Réalisé par Giuseppe Tornatore, il a été projeté le lundi 1er octobre 2018. Film sorti en 1998, il porte sur le grand écran d’un enfant abandonné sur un navire. Prénommé « 1900 », il y grandi en ayant comme fidèle compagnon un piano qu’il va dompter sans maître. Devenu célèbre pianiste, il va refuser toutes les propositions des maisons de disques et va demeurer sur son navire où, il joue pour tout le monde. C’est une histoire pathétique qui va se terminer de façon dramatique.
Le mardi 2 octobre 2018, les cinéphiles ont eu droit à la projection d’un film documentaire allemand de 93 minutes. Intitulé « Pianomania », ce film a été réalisé par Robert Cibiset et Lilian Franck. Ce film nous rappelle tout le sérieux avec lequel le maître accordeur de pianos Stefan Knüpfer, se met au travail pour donner entière satisfaction à des pianistes comme Pierre-Laurent Aimard, Lang Lang, ou encore Alfred Brendel.
« Sonate d’automne », un film de Ingmar Bergman, tourné en 1977 et sorti en salle en 1978, a été de toutes les attractions le mercredi 3 octobre 2018. Le film suédois de 100 minutes amène chacun à se demander : « Ai-je fais, bien fais ce que je devais faire pour ma famille, mes enfants… au détriment de ma passion. Ou, le contraire ». Dans tous les cas, cette problématique se pose avec acuité dans ce film. Eva, mariée à un pasteur reçoit sa mère Charlotte, pianiste concertiste de renommée internationale à la carrière depuis longtemps déclinante. Tout porte à croire que cette dernière très préoccupée par sa carrière avait oublié de s’occuper comme il le fallait de Eva et de sa sœur atteinte d’une maladie handicapante. Passée la joie des retrouvailles depuis 7 ans, surgissent les rancœurs de Eva à l’encontre d’une mère plus préoccupée par son succès que par le bonheur de sa famille. Des dialogues sur des relents philosophiques, vont opposer la mère à la fille, au cours d’une longue nuit d’insomnie. Mais, à chasser le naturel, il revient au galop. Charlotte va de nouveau faire sa valise pour une tournée, au moment où elle devait tout mettre en œuvre pour reconquérir l’amour de sa fille, elle-même incapable d’en donner même à son mari de pasteur. Mais, l’amour filial étant plus fort que tout, vers la fin du film, Eva aura la force d’écrire une lettre pour présenter toutes ses excuses à mères, pour lui avoir tenu des propos très durs.
Le Jeudi 4 octobre 2018, les cinéphiles ont été gratifié de la projection du film « La pianiste » du franco-autrichien Michael Haneke. Le film sorti en 2001, est une fiction de 130 minutes, qui a remporté trois prix au festival de Cannes en 2001. Ici, aussi le piano est au centre de la trame. Erika, professeur de piano excentrique, a une sexualité inaccomplie. Dans une démarche ambivalente avec ses élèves, elle les méprise et fait tout pour les détruire, afin qu’ils ne songent jamais à faire carrière dans la musique classique, jusqu’à ce qu’elle se laisse aller dans une relation charnelle avec un de ses élèves.
Pour boucler cette série de projection de films dans le cadre des JMC Cinoche, les organisateurs ont programmé pour la soirée du vendredi 5 octobre 2018, le film documentaire « Piano blues » de l’américain Clint Eastwood, sorti en 2003. D’une durée de 85 minutes, ce film se propose de retracer l’histoire du piano dans le blues. A cet effet, le réalisateur Clint Eastwood, lui-même pianiste et amoureux du jazz et du blues, rencontre des célébrités comme Dr. John, Fats Domino, Little Richard, Jay Mc Shann, Dave Brubeck, Pinetop Perkins, Marcia Ball et Ray Charles. Il faut dire que ce film fait appel à de nombreuses séquences d’archivent. Et, les cinéphiles ont l’occasion de revoir des noms qui ont popularisé le piano, notamment Otis Spann et Charles Brown…
Assane Koné
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