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Fermeture de la radio Kayira de Koutiala : Le Préfet accusé de servir des causes politiques

lundi 9 octobre 2017, par Assane Koné

En violation flagrante de la loi N° 2012-019/ du 12 mars 2012, relative aux services privés de communication audiovisuelle, Le Préfet adjoint de Koutiala, assurant l’intérim du Préfet, a décidé le Samedi 7 octobre 2017 de « fermer jusqu’à nouvel ordre la radio Kayira II de Koutiala ». Selon lui, cette décision vise le « maintien de l’ordre public et de la tranquillité dans la commune urbaine de Koutiala ». Que s’est-t-il passé à Koutiala pour que l’Administrateur civil Youssouf Niaré, se paye de luxe de prendre une telle décision grave de conséquence ?

Dans une tentative d’apporter une réponse à cette question, la Direction générale du Réseau de Communication Kayira, sous la houlette de Dr Oumar Mariko, non moins Président du Parti SADI, a organisé le 9 octobre 2017, une conférence de presse dans l’Espace d’expression démocratique et populaire de la Radio kayira de Bamako.

« La Radio Kayira II de Koutiala a été fermée pour des raisons politiques. Contrairement aux allégations du Préfet intérimaire de Koutiala, les journalistes n’ont insulté personne et l’émission mise en cause n’a porté atteinte à aucune cohésion sociale ». Telle est la conviction de Dr Oumar Mariko. Et, il l’a dit le 9 octobre 2017, au cours d’une conférence de presse qui a réuni les avocats de la Radio Kayira (Me Issa Coulibaly et Me Mariam Diawara), des responsables de la radio Kayira II de Koutiala (Ba Ouonogo, l’administrateur délégué et des journalistes chroniqueurs), une responsable des clubs Kayira de Koutiala et Aly Dembélé, le secrétaire général du Parti Sadi à Koutiala.

« Le vendredi 29 septembre 2017, une forte délégation ministérielle conduite par le Premier Ministre Abdoulaye Idrissa Maïga et composée du ministre de l’agriculture et du ministre de la santé, etc. est arrivée à Koutiala en provenance de Ségou. Au cours d’une rencontre dans le vestibule des Ouattara, la délégation a laissé entendre qu’elle dans la campagne pour la réélection du Président IBK à la tête du Mali et que dans ce cadre, il était souhaitable que les partis UDD, ADEMA, MPR et RPM se mettent ensemble pour les élections annoncées et celles de 2018 », a indiqué Ba Ouonogo, administrateur délégué par Intérim de la Radio Kayira II de Koutiala.

Il a ajouté qu’après le passage de cette délégation, le samedi 30 septembre 2017, l’information a circulé dans la ville que 77 ou 80 personnes ont été sélectionnées pour venir rencontrer le Président IBK à Bamako. « Effectivement, cette information était fondée, parce que nous n’avions pas tardé à voir la preuve sur les écrans de nos téléviseurs. Dans le journal télévisé, nombreux sont les habitants de Koutiala qui ont été surpris d’apprendre de la bouche de certaines personnes bien connues à Koutiala, qu’ils sont venus au nom de Koutiala dire merci au Président IBK pour le travail exceptionnel conduit à Koutiala sous son premier mandat », a-t-il précisé.

Entre temps, il dira que ces émissaires autoproclamés de la ville de Koutiala à Bamako, aurait reçu la somme de 2 000 000 FCFA de la part de Bakary Togola, Président de l’APCAM, soit la somme de 25 000 FCFA par personne. « Certains ont aussi parlé d’un chèque dont le montant est inconnu et dont on a plus parlé », a-t-il ajouté. Avant d’ajouter que le discours tenu à Bamako et le problème de l’argent a crée beaucoup de malentendu entre les émissaires autoproclamés et leur base à Koutiala.

La base à Koutiala estime qu’elle a été trahie par les émissaires

« La base à Koutiala estime qu’elle a été trahie par les émissaires qui sont sortis de leur mission de porte parole de la population », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que les émissaires devaient venir rappeler à IBK les promesses de campagne non tenues. « Mais, malheureusement, certains sont venus pour prêcher pour leur propre chapelle et se confondre en remerciement pour des travaux qui n’ont jamais été réalisés à Koutiala », a-t-il précisé. Avant de dire qu’il était tout à fait normal que la radio Kayira s’intéresse à la question, parce que le débat enflait dans la population.

« C’est suite à cette émission que le Préfet Niaré m’a appelé au téléphone, le vendredi 6 octobre 2017, pour m’informer qu’il a une plainte contre la radio kayira et qu’il est obligé de la fermer », a-t-il déclaré. Selon lui, effectivement, le samedi 7 octobre 2017, aux environs de 12h 55 minutes, plus d’une vingtaine de policiers ont débarqué à la radio Kayira de Koutiala avec un ordre de fermeture. « Sur ordre du Chef de l’Unité de la police nous avons fermé la radio et la clef lui a été remise. A ma connaissance, il n’y a aucun problème à Koutiala et s’il y a un problème c’est bien celui qui oppose la population à ceux qui sont venus parler en son nom à Koulouba chez IBK », a-t-il conclu.

Pour sa part, Oumar Maïga, Journaliste et Chef de Programme de la Radio Kayira II de Koutiala, est revenu sur le contenu de l’émission. Selon lui, la radio kayira dans sa revue de la presse a indiqué que 77 à 80 personnes ne peuvent pas venir engager tout Koutiala à soutenir IBK. Selon lui, le chroniqueur a rappelé que le parti SADI à travers le pays a soutenu le Président IBK lors des élections passées, mais déçu de la gestion du pays, le parti de Dr Oumar Mariko l’a quitté. « Fort de cela, au moins les militants du parti SADI à Koutiala ne sont pas solidaires avec la visite des émissaires à Koulouba er Dieu seul sait que les militants SADI à Koutiala sont nombreux », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que cette émission a été faite pour démontrer que tout Koutiala ne soutient pas IBK. « Dans cette émission, nous avons aussi rappelé toutes les promesses de campagnes non tenues par IBK et nous avons profité pour interpeller les griots, les chefs de quartiers de rester neutres pour mieux réussir leurs fonctions sociales de conciliateurs au besoin », a-t-il ajouté.
Il a aussi indiqué que c’est pour la première fois dans l’histoire du Mali que des ressortissants d’un cercle se mobilisent pour venir voir le Président de la république qui serait natif de chez eux.

« Comme le débat enflait en ville, nous avons dit sur les antennes de la radio Kayira que nous allons organiser un débat contradictoire afin de donner la parole à toutes les deux tendances : ceux qui sont venus à Bamako et ceux qui pensent qu’ils ont été trahit par les émissaires », a révélé Tiédjan Sidibé. Avant d’ajouter que des habitants de Koutiala ont même souhaite que le téléphone soit ouvert pour leur permettre de participer à ce débat.

« Je me demande aujourd’hui, si ce n’est pas tout cela qui a en réalité motivé le Préfet Youssouf Niaré qui est à la solde du RPM pour prendre cette décision insensée de fermeture de la radio Kayira », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter qu’il y a un précédent entre Youssouf Niaré et la radio Kayira. « Il a déjà menacé un journaliste de la radio Kayira, en ma personne d’emprisonnement si je traitais d’une affaire foncière qu’il a mal tranché entre deux communes de Koutiala », a-t-il précisé.

« Depuis le départ de M. Bouaré, ancien Préfet de Koutiala, muté à Koulikoro, Youssouf Niaré, son adjoint, assurant son intérim, met pieds et mains, pour être confirmé à sa place », a indiqué Mamadou Diakité, Journaliste à la Radio kayira II de Koutiala. Avant d’ajouter que la Radio Kayira a simplement demandé à ceux qui sont venus dire merci à IBK de montrer à la population de Koutiala, les travaux réalisés par ce dernier qui pourraient motiver une telle mission.

« Nous avons aujourd’hui la preuve que la fermeture de la radio Kayira II De Koutiala est purement politique, parce que avant l’acte de fermeture, des acteurs politiques de la ville nous ont dit que des dispositions sont en cours pour la fermeture de la radio.

En sa qualité de secrétaire général du parti SADI à Koutiala, Aly Dembélé est intervenu pour préciser la déclaration Mamadou Diakité. Selon lui, contrairement aux arguments du Préfet qui voudrait faire croire que sa décision a été motivée par une plainte des notabilités de Koutiala, ces derniers s’inscrivent en faux.

« Nous avons approché le Président des chefs de quartiers de Koutiala pour mieux comprendre ce qu’il reproche à la radio Kayira II de Koutiala. Il a été très clair avec nous. Selon lui, c’est après l’acte de fermeture qu’on est venu le voir pour lui expliquer cette action et qu’il leur aurait demandé ce qu’il doit maintenant faire après la fermeture », a-t-il indiqué, comme pour dire que toutes les notabilités de Koutiala n’ont pas été associées à cette action qui porte atteinte à la liberté d’expression.

La radio a été fermée pour obliger SADI à accepter l’alliance proposée par le RPM

Il a aussi indiqué que selon des acteurs politiques, la radio a été fermée pour obliger SADI à Koutiala d’accepter l’alliance proposée par le RPM pour les élections au Conseil de cercle et au Conseil régional. « Mais, je voudrais que les uns et les autres comprennent que SADI a décidé d’aller sur une liste propre à toutes ces élections. Nos candidats par commune ont déjà été désignés et je crois qu’il est trop tard de vouloir nous tordre les mains », a-t-il ajouté.

« Comme vous le constatez. Il n’y a pas eu injure et il n’y a pas eu d’action de nature à troubler le maintien de la tranquillité et la cohésion sociale. Il y a eu un compte rendu d’une situation sur les antennes de la radio Kayira II de Koutiala », a estimé Dr Oumar Mariko. Avant de dire que c’est une décision politique qui sert des intérêts politiques.

Dr Oumar Mariko est convaincu que s’il y avait des injures sur la radio Kayira, les victimes pouvaient bien saisir la justice. « Mais avec le Préfet de Koutiala, il n’y a pas de place pour la justice. Il a opté pour une répression inutile », a-t-il indiqué.

« Il est regrettable que le Mali qui se dit un état de droit, soit encore le théâtre de tels actes et évènements », a indiqué Me Issa Coulibaly, Avocat au barreau du Mali. Selon lui au regard des faits, le sujet est essentiellement politique car le comportement du Préfet jure avec le droit.

Pour conclure, Dr Oumar Mariko a informé les journalistes qu’un grand meeting sera organisé le mardi 10 octobre 2017 à Koutiala pour demander la réouverture la radio Kayira et en même temps des dispositions sont prises pour poursuivre le Préfet de Koutiala devant la justice.

A signalé que le député Diaby Gassama a participé à cette conférence conférence de Presse. Il a apporté tout son soutien à la radio Kayira dans cette lutte pour la liberté d’expression au Mali.

Assane Koné


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