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Expulsion collective en Angola : L’AME dénonce et interpelle l’Union Africaine

jeudi 1er novembre 2018, par Assane Koné

« C’est aujourd’hui 1er novembre 2018 que le Gouvernement angolais doit démarrer sa grande rafle des immigrés sans papiers et le 6 nombre 2018 a été annoncé comme le grand jour de la grande expulsion ». Cette déclaration a été faite Ousmane Diarra, Président de l’Association Malienne des expulsés (AME), le 1er novembre 2018, lors d’une conférence de presse organisée pour dénoncer la décision du Gouvernement angolais et interpellé l’Union africaine pour des actions.

En Afrique, l’Angola est un pays qui a pris l’habitude de faire parler de lui en mal. Voilà un pays membre de l’Union Africaine qui ne s’encombre pas avec le respect des directives et des conventions qu’il a contribué à mettre en place sur le continent. Si non comment comprendre la dernière décision du Gouvernement angolais par rapport aux étrangers ressortissants des autres pays d’Afrique. Selon le Président de l’AME, l’Angola a décidé d’organiser le 1er novembre 2018, une vaste rafle sur toute l’étendue de son territoire et le 6 novembre 2018, d’expulser tous les africains qui seront arrêtés dans le cadre de cette rafle. « Mais, il y a quelques jours, que nous sommes surpris par des images préoccupantes de raflés en Angola qui circulent sur les réseaux sociaux. Et, nous avons décidé d’alerter l’opinion nationale et internationale sur le drame annoncé en Angola », a indiqué Ousmane Diarra, président de l’AME.

Tout porte à croire que Ousmane Diarra sait de quoi il parle. En effet, en 1996, Ousmane Diarra malgré sa carte de séjour et un document administratif angolais l’autorisant à faire commerce import export, a été expulsé et rapatrié avec plusieurs centaines de ses compatriotes, dans le cadre de rafles similaires. « Ils disent expulser des sans papiers, mais je doute fort, parce que nous avons été expulsés malgré que nous étions installés en Angola de façon régulière en 1996 et c’est ce qui a même donné naissance à l’Association malienne des expulsés », a indiqué Ousmane Diarra.

Bien qu’il soit préoccupé par le sort de milliers de maliens qui résident en Angola, Ousmane Diarra a estimé qu’il fallait aussi déplorer le traitement qui sera réservé aux « regressars ». Aujourd’hui, pratiquement des apatrides, les « regressars » sont des angolais qui avaient fui la longue guerre qui a sécoué leur pays pour se réfugier au Zaïre, actuellement RDC. A la faveur de la fin de la guerre, ils ont décidé de revenir dans leur pays. Mais, tout porte à croire qu’ils n’étaient plus les bienvenus. « Ni angolais et ni congolais, les « regressars » sont ceux là même qui subissent des exactions exceptionnelles lors de pareilles rafles », a indiqué Ousmane Diarra. Avant de dire que son association est préoccupée par les récentes arrestations, détentions et expulsions de centaines de milliers de migrants africains dont des maliens.

Sans pouvoir donner le nombre exact de maliens qui sont victimes de cette situation, Ousmane Diarra a avancé le chiffre d’une centaine. Mais, il a conseillé la prudence parce que la situation évolue rapidement et change de jour en jour.

Pour sa part, Mamadou Konaté, conseiller juridique à l’AME, a rappelé que la Charte africaine des droits de l’homme et des Peuples protège les droits des migrants dans tous ses aspects contre les violations des droits. Selon lui, l’Angola étant membre de l’Union Africaine doit savoir que cette charte interdit les expulsions collectives.

« Nous attirons l’attention de l’Union africaine et de ses pays membres sur la situation inacceptable que vivent les étrangers sur la terre africaine d’Angola », a indiqué Mamadou Konaté. Avant de dire que les droits de l’homme sont des droits inaliénables de tous les êtres humains, quels que soient leur nationalité, leur lieu de résidence, leur sexe, leur origine ethnique ou nationale, leur couleur, leur religion.

« L’Angola, comme la plupart des pays africains s’est engagé à protéger, respecter et réaliser les droits de l’homme, non seulement de ses nationaux, mais de toute personne sous sa juridiction », a rappelé Mamadou Konaté. Avant de mentionner qu’avec un tel engagement, « tous les africains se trouvant sur le sol angolais auraient dû bénéficier de la protection des autorités angolaises quelque soit les raisons qu’elles mettent en avant pour justifier ces expulsions ».

Pour sa part, le Président de l’AME a salué l’ONU, certains pays africains et le Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, pour avoir mis en garde des conséquences des expulsions massives de réfugiés à partir de l’Angola, au cours des trois dernières semaines du mois d’octobre 2018. Mieux, il a rappelé que le secrétaire général des Nations Unies a rappelé que : « tout pays a le droit de contrôler ses frontières. Mais, cela doit se faire de telle sorte que les droits des personnes en mouvement soient protégés ».

Il a aussi félicité le gouvernement malien pour les dispositions annoncées pour assister nos compatriotes en Angola. Mais, qu’à cela ne tienne, l’AME a exhorté le Gouvernement malien à tout mettre en œuvre pour la sécurisation de nos compatriotes et de leurs bien dans les pays d’accueil. Elle a aussi invité le Gouvernement à communiquer davantage sur cette situation en donnant beaucoup plus d’informations aux familles des maliens vivants en Angola. L’AME a aussi encouragé le gouvernement à continuer à œuvrer pour le respect des droits des migrants maliens et aussi pour le développement d’une relation franche entre les Etats africains en vue de la réalisation de l’Unité africaine comme le prévoit l’article 117 de la Constitution.

Par ailleurs, l’AME a invité l’Union Africaine à dénoncer et prendre des mesures contre les violations des droits humains dans les pays membres. Elle a aussi invité les Etats membres de l’Union Africaine à renoncer aux expulsions massives de ressortissants d’autres pays africains et à mettre fin sans délais aux opérations actuelles en cours. Enfin, l’AME a exhorté l’Union Africaine et les Etats à une plus grande implication des organisations de la société civile aux différents processus pour la gestion de la migration.

Assane Koné


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