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Exposition photo :Le Centre culturel Kôrè de Ségou rend hommage aux Kôrêdugaw

samedi 21 décembre 2013, par Assane Koné

Tellement que nos us et coutumes, ont été ébranlés, l’on pourrait les considérer comme les derniers mohicans. Les Kôrèdugaw de Ségou, contre religion et modernité, résistent et tiennent à faire vivre, de génération en génération, la société d’initiation du Kôrè. Pour leur rendre hommage, le Centre culturel Kôrè leur a consacré une exposition photo, d’une rare beauté.

Habillés en haillons. Ils sont hommes ou femmes, jeunes ou d’un âge souvent avancé. Ils ressemblent à des bouffons, mais pas du tout idiots. Cependant, ils ont choisi de tourner la vie en dérision. Ce sont les Kôrèdugaw que l’on pourrait considérer comme les derniers gardiens du temple culturel.

Nos valeurs et nos rites culturels, sont en perdition. Les nouvelles générations, dans une posture de renégats, sont plus orientées vers des cultures qui nous viennent d’ailleurs et n’arrivent même pas à tirer le meilleure de notre riche patrimoine culturelle. Du côté de Ségou, l’ancienne capitale du Royaume Bambara, comme par le passé, la résistance portée par les Kôrèdugaw, commence à convaincre plus d’un pour que des actions urgentes soient menées.

Sans attendre et sans perdre le temps, regroupés autour de Tiètémalo Dembélé, les Kôrèdugaw de Ségou, depuis des années, ont perçu la menace et se sont organisés en circonstance pour une résistance. Tellement que la structuration des Kôrèdugaw de Ségou, leur permet de faire revivre, cette société d’initiation secrète, des photographes se sont intéressés à eux. Le Centre culturel Kôrè de Ségou, qui porte du reste le nom des Kôrèdugaw, a abrité le 21 décembre 2013, une exposition sur les Kôrèdugaw, intitulée « Des initiés, symboles d’une philosophie de la vie au Mali ».
Sékou Traoré, Responsable patrimoine du Centre Kôrè de Ségou, a indiqué que cette exposition est une continuité du projet de photographie artistique du centre culturel sur les Kôrèdugaw, réalisé en 2013, en partenariat avec l’artiste photographe Harandane Dicko. «  Elle s’inscrit dans les missions de recherche du Centre culturel Kôrè sur les traditions, afin de promouvoir la création contemporaine, mettre en valeur le rôle social des Kôrèdugaw sur des œuvres de qualité », a-t-il indiqué. Avant de dire qu’en plus des images de Haradane Dicko, cette exposition met en valeur des photos de Amsatou Diallo, Manfred Scheweda, Fatoumata Diabaté et Moustaphe.

Dr Salia Mallé, Directeur adjoint du Musée national du Mali, qui a énormément contribué à la réalisation de cette exposition, a indiqué que «  la société d’initiation du Korê, l’une des grandes confréries universelles à l’aire culturelle manding, est en voie de disparition ». Selon lui, partout où le Kôrè existait, tous les garçons devaient « être tués au kôrè », pratique qu’il considère comme vivre la «  mort symbolique » selon un cycle septennal.

Dr Salia a ajouté que le Kôrè est le stade ultime d’un véritable cursus éducatif qui visait à construire, au niveau du sujet et du groupe, l’identité masculine et collective. « Par leurs parodies, ils tournent en dérision toutes les figures du savoir et du pouvoir qui lui est associé, mangent indistinctement les nourritures accumulées dans un seul récipient », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter qu’ils ont le privilège de se conduire comme des enfants.

Dr Salia Mallé reste convaincu que « ce n’est pas seulement une occupation frivole  ». Cependant, il a estimé que c’est «  une forme de créativité vitale, qui ne met pas en jeu que du jeu, mais une vision du monde puissant à la source de la pureté de la nature humaine, qui semble des fois corrompue par la culture, d’où l’opposition des pratiques des Kôrèdugaw aux normes sociales ».

Cette exposition de 14 bâches photos affiches qui met l’accent sur les accoutrements des Kôrèdugaw, leurs expressions corporelles et les systèmes de transmission aux jeunes, restera dans la salle d’exposition du Centre culturel de Kôrè, pendant 9 mois. Tous les amoureux de la culture africaine à l’état pur, pourraient y passer, pour vivre ou revivre la devise des Kôrédugaw : «  Entre nianafing et nianadjè, il y a tulon ani yèlè » ou entre la mélancolie et la distraction, il y a l’amusement et le rire.

DDDK

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