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Abus et le trafic illicite de drogues : Le Tramadol, coupable désigné au centre de toutes les préoccupations

vendredi 29 juin 2018, par Assane Koné

La problématique de la consommation non médicale du Tramadol au Mali, a été inscrite cette année au centre de la célébration de la journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues.

Le ministre de la sécurité et de la protection civile, le Général de division Salif Traoré, a présidé le 26 juin 2018, dans la salle de conférence de la Chambre de commerce et d’industrie de Kayes, la cérémonie commémorative de la journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues. Placée cette année, sous le thème « La problématique de la consommation non médicale du Tramadol au Mali », en plus du Maire et du Président du Conseil régional de Kayes, cette commémoration a enregistré la participation du Magistrat Colonel Adama Tounkara, Directeur de l’Office Central des Stupéfiants (OCS) et de Ganda Traoré, Coordinateur du Bureau de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Mme Macalou Mariam Seck Ndiaye, représentant du Maire de la ville de Kayes, a estimé que la célébration de la journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues, à Kayes, vient à point nommé. Selon elle, vu le regain du fléau de la consommation des stupéfiants dans la région, il était temps de lancer un processus de combat dans le cœur et l’esprit des communautés.

Pour sa part, en sa qualité de Coordinateur du Bureau de l’ONUDC à Bamako, Ganda Traoré a rappelé que c’est conscient des menaces qui pèsent sur le pays, l’ONUDC s’est engagé depuis 2010 au Mali à travers des actions de renforcement des capacités des forces de sécurité en termes d’équipements, mais également en termes de formations au profit des agents de la police nationale, de la gendarmerie nationale, de l’Office central des stupéfiants dans divers domaines tels la lutte contre le terrorisme, le trafic illicite des stupéfiants, le trafic d’armes, la criminalité organisée.

« Les évaluations faites par nos services ont révélé que, bien que le Mali en soit parfois le théâtre, la majorité de ses problèmes de sécurité trouvent leurs origines à l’extérieur du pays, à commencer par le terrorisme, en passant par le trafic de drogue, le trafic d’armes, l’émigration clandestine, etc », a-t-il déclaré.

En ce qui concerne le thème de la journée de cette année, il a indiqué que plusieurs saisies témoignent de l’importance de la circulation du Tramadol en Afrique de l’Ouest ces dernières années. Il a rappelé qu’en janvier 2016, la police nigérienne découvrait 7 millions de comprimés et en septembre 2017, plus de 3 millions de comprimés de Tramadol, emballés dans des cartons portant l’étiquette des Nations Unies, ont été interceptés au Niger dans un véhicule provenant du Nigéria à destination du Nord du Mali. Pire, il dira qu’en début de ce mois de juin, 35 conteneurs saisis contenant plusieurs centaines de tonnes de Tramadol ont été saisis par la douane nigériane.

Avant d’ajouter que ce qui est beaucoup plus inquiétant est que le dosage des comprimés de Tramadol saisis en Afrique de l’Ouest est largement supérieur aux 50 mg habituellement vendus dans les pharmacies. « Dans le circuit illicite, les dosages vont de 100, 200 jusqu’à 250 mg de substance active », a-t-il déclaré.

Il a rappelé qu’en décembre 2017, le Représentant Régional de l’ONUDC en Afrique de l’Ouest et du Centre, M. Pierre Lapaque a tiré la sonnette d’alarme par une déclaration forte. « L’augmentation de consommation et de trafic de Tramadol dans la région est réelle, préoccupante, et doit être adressée dans les plus brefs délais. Nous ne pouvons laisser la situation dégénérer d’avantage », a-t-il rappelé. Avant d’inciter sur le fait que le problème d’augmentation de consommation non-médicale du Tramadol joue également un rôle déstabilisateur dans la région car certains groupes ne se contentent pas seulement de trafiquer ces pilules afin de générer des revenus, mais les utilisent également à leurs propres fins. « Nous retrouvons régulièrement du Tramadol dans les poches de suspects arrêtés pour terrorisme où ayant commis des attaques kamikazes… », a-t-il cité Pierre Lapaque. Avant d’indiquer que le problème majeur de cet antalgique est que son usage n’est pas interdit par les législations nationales des Etats du Sahel. « Nous ne pouvons que nous focaliser sur la prévention et encourager les Etats à légiférer dans ce sens en vue de parvenir à la mise sous contrôle national du Tramadol », a-t-il conclu.

Consommation non-médicale du Tramadol, un véritable problème de santé publique

Après avoir rappelé que cette journée a été consacrée en 1987, par les Nations Unies dans le but d’exprimer sa détermination à sensibiliser les populations partout dans le monde sur les dangers liés à l’abus et au trafic illicite des drogues, le Général Salif Traoré a indiqué le Mali a toujours joué sa partition dans cette mobilisation sociale contre la drogue. « Cette année, les activités d’information et de sensibilisation ont été délocalisées à Kayes pour des raisons évidentes », a-t-il déclaré. Selon lui, la région de Kayes est reconnue comme étant une région très ouverte au reste du monde. Mieux, il dira que le fait de partager 3 longues frontières avec des pays côtiers à savoir, la Guinée, la Mauritanie et le Sénégal, participe de sa vulnérabilité.

Il a indiqué que le thème revêt une importance toute particulière pour la région de Kayes compte tenu de l’ampleur de la prise des comprimés de Tramadol hors prescription médicale par les jeunes. « Cet antalgique utilisé pour atténuer la douleur, est en phase de devenir un véritable problème de santé publique, en raison de sa consommation non contrôlée », a-t-il indiqué. Avant de révéler que la consommation non-médicale du Tramadol par un individu modifie non seulement ses fonctions physiques et psychologiques, mais aussi ses réactions et ses états de conscience. « Un individu sous l’emprise de cette substance peut mettre sa vie et mettre celle des autres en danger en raison de ses effets dépressifs ou hallucinogènes sur l’organisme », a-t-il déclaré.

Le ministre de la sécurité et de la protection civile est convaincu que le regain de violences constatées dans nos villes et campagnes ces derniers temps, caractérisé par des braquages, des vols à main armée, des meurtres, des viols collectifs etc.…, est en grande partie liée à la consommation non-médicale du Tramadol. Pour cela, il dira que le phénomène grandissant de la consommation du Tramadol dans notre pays doit nous interpeller tous en tant que décideurs politiques, forces de sécurité, membres de la société civile, légitimités traditionnelles, leaders d’opinion ou chefs de famille tout court.

« La région de Kayes doit être à l’avant-garde de cette mobilisation sociale au regard de l’ampleur des saisies estimées à 200 000 comprimés de Tramadol avec près d’une cinquantaine d’interpellations opérées par l’antenne de l’OCS de Kayes en 2017.

Le ministre a ensuite invité la population de Kayes à s’impliquer davantage à travers des actions d’information, d’éducation et de sensibilisation à l’endroit des jeunes pour réduire les effets dévastateurs de la consommation non médicale du Tramadol.

Cette cérémonie a été suivie par une conférence débat sur le thème de la journée. Mais, auparavant, le groupe Benkadi, dans un sketch bien apprécié par l’assistance, a mis le doigt sur le trafic du Tramadol dans une famille malienne.

Assane Koné


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