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Rencontres de Bamako : Le Collectif « Jaabugusso » s’installe à la Terrasse devenue « Doodo ».

samedi 20 février 2016, par Assane Koné

Il s’appelait la Terrasse. Il a été victime du premier attentat terroristes à Bamako. Pour reprendre vie et résister à la peur, ses promoteurs ont décidé de l’appeler désormais « Doodo ». C’est ce lieu très symbolique de la résistance malienne face aux attentats terroristes que le Collectif « Jaabugousso », un collectif de 12 jeunes photographes maliens ont choisi pour exposer leurs œuvres dans le cadre de la Biennale africaine de la photographie (31 octobre au 31 décembre 2015).

Sous la direction du Commissaire Chab Touré, l’exposition « Jour le jour » a reuni au Doodo, les œuvres photographiques de jeunes et talentueux photographes maliens que sont : Adama Bamba, Harandane Dicko, Mamadou Konaté, Massira Touré, Amadou Keïta, Fatoumata Diabaté, de Ryan Vroegindewey, de Salif Traoré et de Seyba Keïta.

« Notre collectif a décidé de participer à sa manière à la Biennale africaine de la photographie en initiant une exposition avec ses maigres moyens à l’ancienne Terrasse, devenue Doodo à la faveur du 1er attentat terroriste qu’a connu Bamako », a indiqué Adama Bamaba, secrétaire général de « Jaabugusso ». Avant d’ajouter qu’ils ont voulu par militantisme dire aux uns et aux autres que cet espace est fréquentable, d’autant plus qu’il a été le lieux qui recevait les afters durant plusieurs éditions des Rencontres de Bamako.

L’exposition « Le jour le jour » est la présentation de 40 œuvres photographiques qui regroupent des séries comme : Le coucher du soleil, Zone rouge, Les méandres de la vie, Portraits, My Dirling (les veuves et les anciennes motos de leur mari) et les chinois.

« On note, dans le travail photographique de la plupart des membres du Collectif « jabuguso », une absence totale de la rigueur dogmatique des maîtres et une prise de distance par rapport à leur application empirique », dira le Commissaire Chab Touré. Avant d’ajouter qu’ « Ils avancent dans une hésitation astucieuse et grossière, hors des règles. Ce pas de côté signe le tempérament rebelle de leur travail. Cette absence est la source du caractère détaché de leurs démarches individuelles ».

Plus loin, il dira qu’ « Ils ne se revendiquent ni des anciens ni des héritiers directs des anciens », même s’il pense que ce n’est ni par mépris ni par snobisme. Chab Touré pense que ces jeunes photographes ont pris le large horizon. « Ils naviguent au large de l’histoire locale. Ils sont des solitaires même quand ils sont en collectif. Ils se souviennent vaguement de leurs premiers pas dans la photographie. Ils ne veulent pas laisser traîner les années maigres dans leurs têtes. Ils veulent aller jusqu’au bout d’eux-mêmes. Ils veulent être en bonne place dans l’histoire qui sera écrite… plus tard. Alors, Harandane, Kina, Bamba et les autres photographient tout, ils photographient partout, ils photographient tout le temps, au jour le jour », a-t-il indiqué.

Avant d’estimer qu’ « ils tentent de mettre en scène leurs interrogations personnelles et les impressions sensitives qui parcourent leur univers ». Selon l’expert, cela ressort mieux du travail de Fatoumata Diabaté.
Il pense aussi que le travail des jeunes photographes interprète, avec humour, une réalité visuelle comme le vieillissement du corps. Pour illustrer cela, il mettra un accent sur les plis des visages et les rides des fesses de Harandane Dicko.

Chab Touré a aussi indiqué que les travaux photographiques du Collectif Jaabugusso, documentent des gestes éternels et des détails fugaces de leur quotidien. « Kina et Massira, ont excellé dans cette approche », a-t-il ajouté. Avant d’estimer que les artistes du Jaabugusso racontent des histoires si simples avec des images si accessoires que l’on y croit à peine à première vue. A titre d’exemple, il mettra un accent sur les travaux de Bamba.

De façon générale, il dira que le désir de photographie, jusque là si souvent absent, est perceptible dans les travaux du Collectif de Jaabugusso. Pour cela, il a estimé que leur approche traduit une envie de partage d’émotion qui se profile dans les propositions. « Reste à prier les démons de la création que le désir d’art grandisse encore et encore au sein de ce collectif que je trouve bien parti », a-t-il conclu.

Assane Koné


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