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Yaya Sangaré de l’ADEMA : Mali s’engage dans un processus électoral suicidaire
samedi 12 septembre 2015, par
« Les élections communales et régionales telles que annoncées et programmées par le gouvernement sont suicidaires pour le Mali. Mais quand le vin est tiré, il faut le boire », tel est la conviction de Yaya Sangaré, député ADEMA élu à Yanfolila. Il l’a dit dans un texte qu’il a publié sur sa page Facebook. Lisez !
Les élections communales et régionales telles que annoncées et programmées par le gouvernement sont suicidaires pour le Mali. Mais quand le vin est tiré, il faut le boire. Plusieurs raisons expliquent mes appréhensions. Ceux qui veulent tenir ces élections cachent un autre agenda qui tranche avec la protection des intérêts collectifs des maliens. Rien dans leur comportement ne sauvegarde l’intégrité ni du pays ni des populations.
Mieux ou pire, la démarche actuelle viole les engagements pris par nos plus hautes autorités pour arracher un accord de paix qui ne fait pas l’unanimité dans notre pays. Aucune cohérence dans la démarche, aucune lisibilité politique. On pourrait même être tenté de dire que le pays manque de gouvernail, autrement de direction politique claire et forte. Le Mali à-vau-l’eau ? Je m’y garde.
Tenir donc ces élections dans les conditions actuelles (environnement sécuritaire, politique et même socio-économique) revient à une violation flagrante des engagements politiques pris par nos plus hautes autorités (qui jurent toujours la main sur le cœur, qu’ils respectent leurs paroles données), pour la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger. Surtout qu’il est prévu dans certaines dispositions pertinentes de cet accord de portée internationale, qu’à partir de sa signature, nous passons à un fonctionnement transitoire de l’ensemble de l’Etat du Mali. C’est pourquoi un gouvernement d’ouverture est prévu et attendu, dans lequel devrait être représentés les différents mouvements armés. Un nouveau découpage territorial, est prévu qui n’a pas encore commencé.
Rappelons que ce découpage pourra se fonder sur la loi 12-16/AN-RM portant création de circonscriptions administratives, adoptée par l’Assemblée nationale en sa séance 31 janvier 2012. Une loi qui subdivise le territoire de la République du Mali en 19 régions et un district, d’où la création de 11 nouvelles régions.
L’accord de paix prévoit aussi le retour des réfugiés. Nous constatons malheureusement que rien n’est fait de tout cela et malgré tout, le ministre Abdoulaye Idrissa MAIGA s’entête à organiser des sous élections. Et quelles élections ?
Des élections communales et régionales, véritables scrutins de proximité. Comme on le dit dans le langage populaire, peut-on raser la tête d’un absent. Car les élections communales sont des élections au cours desquelles les entités locales sont directement concernées aussi bien en tant qu’électeurs qu’en tant qu’élus. Alors que tout le monde sait aujourd’hui que les réfugiés et les déplacés sont en dehors de leurs lieux de résidence ; et parmi eux, il y a certainement des électeurs et des éligibles qui peuvent être intéressés par des postes d’élus. Ne les privons pas de ce droit.
Et le gouvernement sait, qu’en plus d’eux, beaucoup d’autres zones sont abandonnées par leurs leaders et l’administration pour la bonne organisation des élections. Et au rythme des événements qui se succèdent rien ne prouve que tout ce monde peut être sur les lieux de résidence, remplir les conditions de participation aux élections, le 25 octobre.
Surtout que les élections sont un processus qui commence depuis la confection des listes jusqu’au jour du scrutin. Tout un travail de fourmi auquel une bonne partie de potentiels électeurs et éligibles sont exclus avec la clôture du dépôt de candidature intervenu le 10 septembre, à minuit.
Donc vraiment, il s’agit pour ma part, d’interpeller notre gouvernement à respecter ses propres engagements par rapport à l’accord de paix. Parce que l’accord est le seul cadre qui permet au Mali de sortir progressivement mais définitivement de la crise qui le secoue et qui ébranle ses fondations.
Une fois encore, les maliens doivent se mobiliser pour ramener le ministre MAIGA et le gouvernement du Mali à la raison pour que le pays ne tombe dans un nouvel embrasement ou dans un chaos qui nous sera Fall pour chacun de nous.
Loin de moi l’idée de travailler à nous faire peur mais le pays dans une confusion indescriptible où une petite étincelle peut engendrer un gigantesque incendie qui peut ravager tout le pays.
Mon pays est en danger par la faute de certains de ses responsables coupés des réalités du terrain. Anticipons et sauvons ce qui peut l’être encore.