Politique > Reprise des pourparlers en janvier : Confusion et interrogation

Reprise des pourparlers en janvier : Confusion et interrogation

mercredi 7 janvier 2015, par Assane Koné

Après une trêve pour des consultations internes, les négociations inter-maliennes pour le retour de la paix dans le septentrion reprendront en janvier. Une reprise qui se fera certainement dans un regain de tension. Les derniers développements du document de synthèse concocté par la médiation suscitent des interrogations au sein de la société civile et de la classe politique, ainsi que chez les groupes armés.

Les négociations inter-maliennes sont censées reprendre ce mois de janvier. Pour cette phase cruciale, l’on parle tantôt de la première semaine de janvier, tantôt de la mi-janvier. Au moment où l’on boucle la première semaine du mois de janvier, aucune date précise ne filtre sur la reprise tant attendue des pourparlers ni du côté du gouvernement, ni du côté des groupes armés encore moins de la médiation. Mais, les commentaires vont bon train au niveau de la mouvance présidentielle, de l’opposition extra-parlementaire, de la société civile et des groupes armés.

Le Parti de l’indépendance, de la démocratie et de la solidarité (PIDS) membre de l’opposition extra-parlementaire estime que seule la situation sur le terrain, très défavorable au Mali, et la stratégie adoptée par le gouvernement dans la conduite des négociations ont permis à la médiation algérienne de proposer ce projet d’accord qui a très peu souci du Mali.

Pour le parti de Daba Diawara, les groupes armés ont profité de la visite du Premier ministre à Kidal en mai 2014, pour reprendre la ville de Kidal et étendre leur contrôle sur une grande partie des régions de Gao et de Tombouctou. L’Armée malienne, en reconstruction est absente du champ des opérations militaires, en tout cas très peu présente sur le terrain laissé aux forces étrangères. La présence de l’armée française à Tessalit et Gao dans le cadre du dispositif Barkhane et des troupes de la Minusma, qui cantonnent dans les grandes agglomérations, n’a pu y faire revenir la sécurité.

Le dispositif mis en place pour bien mener les négociations laisse perplexe quant à son efficience et semble conçu pour une négociation internationale et non pour des pourparlers inter malien inclusif.

Le parti dénonce le fait que la négociation avec des groupes en rébellion n’est pas conduite par le ministre chargé de l’Intérieur. Le ministre en charge de la Réconciliation nationale auquel le décret fixant les attributions spécifiques des membres du gouvernement confie cette responsabilité, est écarté au profit du chef de la diplomatie malienne, le ministre des Affaires étrangères.

Le président de la République est impliqué à travers son Haut Représentant. Ce qui, indubitablement, confère aux pourparlers d’Alger, l’allure d’une négociation internationale dont les groupes armés peuvent tirer un grand bénéfice. Le résultat aujourd’hui, selon le PIDS dans son communiqué, est que les négociateurs gouvernementaux naviguent à vue, n’ont ni objectifs clairs ni stratégie, rien que des « lignes rouges » à ne pas franchir. Et qu’ils se contentent de réagir sur ce qui leur est proposé par le médiateur algérien.

Le Projet d’accord, selon le PIDS, n’est qu’une version améliorée du document intitulé « Éléments pour un accord pour la paix et la réconciliation au Mali » contre lequel il s’est prononcé et n’est pas bon pour le Mali.

Pour un accord incontesté, le parti de l’opposition extra-parlementaire souhaite que le gouvernement reprenne l’initiative et ne laisse pas à la médiation internationale une responsabilité que le peuple malien lui a confiée.

L’autre voix autorisée dans le champ politique n’a jamais caché son indignation, en l’occurrence le président de la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS Faso Hèrè), Soumana Sacko. L’ancien Premier ministre qui, de la manière qu’on lui connait, a livré le fond de sa pensée, dans une autopsie sans concession du document qui édifie ses concitoyens sur le mal fondé des arguments et propositions qui y sont développés.

Le leader du CNAS Faso Hérè a indiqué que le bureau politique national de CNAS Faso Hérè (Convention nationale pour une Afrique Solidaire) rejette sans réserve le document de synthèse mise sur la table des pourparlers d’Alger.

Ce faisant il s’est tourné vers ceux qui nous gouvernent, complices à son avis de cette action. Il accuse : « C’est l’occasion pour le CNAS Faso Hérè de rappeler au peuple malien aux partenaires extérieurs du Mali le double langage des pouvoirs publics. En effet, tout en clamant urbi et orbi son attachement au caractère républicain et laïc de l’Etat ainsi qu’au respect de l’intégrité territoriale de notre pays et son rejet de toute formule d’autonomie et de fédéralisme. Le gouvernement malien se dit satisfait du document de synthèse qui propose en réalité un système confédéral (donc pire que le fédéralisme).

Or, outre les nombreuses contradictions et incohérences qui le caractérisent, le document de synthèse de la médiation fondamentalement entérinée par le gouvernement est sous-tendu par une analyse erronée des causes profondes , lointaines, ou présentes, viole la constitution de la République du Mali et constitue une attaque frontale contre la République, l’égalité des citoyens devant la loi, le service public et la justice, ainsi que contre la laïcité de l’Etat et la démocratie et encourage l’immixtion des leaders religieux dans le champ institutionnel politique.

Selon des sources dignes de foi, certains partis de la mouvance ne seraient pas d’accord avec le document. La crédibilité du document de synthèse concocté par la médiation est sérieusement contestée par la classe politique et la société. Le Forum de la société civile et l’Amdh indiquent que le document est plus centré sur le processus de réconciliation que sur la justice. D’où la récente libération des terroristes.

Et les groupes armés, notamment ceux de la coordination, demanderaient purement et simplement un report pour le mois de février.

Au-delà de toutes ses réserves, la Mission intégrée des Nations unies pour stabiliser le Mali organise depuis hier, des journées de réflexion à Bamako avec la classe politique et la société civile pour étudier le projet d’Accord proposé aux parties et au Gouvernement par la médiation à Alger. Les assises prendront fin le 18 janvier prochain avec des propositions des participants.
Des éléments suscitent des interrogations chez les Maliens sur le document de synthèse des pourparlers d’Alger concocté par la médiation internationale. Cela cache manifestement pour les sceptiques soit une mauvaise foi du gouvernement, soit une volonté délibérée de mener en bateau le peuple qu’on voulait tenir dans l’ignorance des enjeux cachés de ce document essentiel pour le destin du Mali. Et le spectre du report semble gagner du terrain.

Bréhima Sogoba

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.