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Italie : mobilisation pour un malien assassiné

mercredi 11 juillet 2018, par Assane Koné

Samedi, 9 Juin 2018, plus d’un millier de personnes ont marché à Milan, pour Soumaila Sacko, jeune migrant malien tué par balle le 2 juin 2018, à San Fernando, près de Vibo Valentia (Calabre).

Soumaila Sacko, 29 ans, originaire du Mali, a été le soir du samedi de 2 juin, lors d’une fusillade qui a également blessé deux autres migrants qui, comme lui, vivaient dans la ville de San Ferdinando à Reggio de Calabre, un campement tentaculaire abritant environ 1 000 personnes qui récoltent dans la région du sud, souvent pour un salaire modeste.

Tout porte à croire que cet assassinat ne restera pas impuni. Le 9 juin 2018, pour dénoncer cet assassinat une manifestation a été organisée à Milan.

Parti de via Palestro à 16h00, le cortège est arrivée à la gare centrale de Milan (place de l’arrivée des migrants). Parmi les participants, il y avait des militants de dizaines d’associations, y compris Libera, Naga, Usb, Sentinelli de Milan, Milan sans frontières (dont Abareka Nandree fait partie), Coordination arc-en-ciel, les groupes d’étudiants et la fanfare.

Sur les tracts distribués par les jeunes militants, l’on pouvait lire, entre autres slogans : « Une terre dont les habitants souffrent depuis des temps immémoriaux l’infamie de « ndrine et d’efforts pour cultiver la terre comme ouvriers exploités » ; « Une terre où la couleur de la peau est devenue un élément de la hiérarchie des emplois et où les ouvriers africains se sont battus à plusieurs reprises ces dernières années contre l’embauche illégale » ; « Soumalia Sacko était un militant syndical, au milieu des champs, comme tant d’autres avant lui dans ce pays » ; « Le vent de racisme, la guerre entre les pauvres, la restauration des murs et des frontières, qui souffle dans ce pays, est l’instigateur moral de tout crime racial ».

A la fin de la manifestation les représentants de la diaspora malienne en Italie et les membres du Mouvement C.D.R malien, ont remercié tous les participants à l’événement en rappelant la mort tragique de Soumaila Sacko qui a été tué de plusieurs coups de fusil alors qu’il récupérait des matériaux pour construire un abri.

Âgé de 29 ans, Syndicaliste, il travaillait parmi les nombreux migrants exploités dans les champs de la pleine de Gioa Tauro, la région dont provient une partie des fruits et légumes, parfois même estampillés « bio », que l’on retrouve sur les tables en Europe : agrumes, kiwis, tomates, en particulier.

Cultivés dans le Sud de l’Italie, notamment dans la région de Gioa Tauro, en Calabre, ils sont récoltés par des milliers de travailleurs agricoles, originaires d’Afrique Sub-saharienne, rétribués à la journée. La paie tourne autour de 20 à 25 euros, pour dix heures de travail. Ceux qui ne sont pas contents sont invités à aller se faire voir ailleurs et ne sont de toute façon pas réembauchés, le lendemain, par les « caporali », les contremaîtres qui font office de garde-chiourme et de bureau d’embauche. Dans les plaines agricoles du Mezzogiorno, c’est l’esclavage qui a été rétabli. Et le patronat mafieux qui fait régner l’ordre.

A 20h30, samedi soir le 2 juin, parmi les champs d’agrumes et les oliviers, près de Rosarno, des coups de fusil ont été tirés en direction de trois jeunes Maliens à proximité d’une vieille fabrique abandonnée. Ils cherchaient à récupérer des plaques en tôle pour se faire un abri dans le camp de tentes et de baraquements de fortune de San Ferdinando où dorment, la nuit, jusqu’à 4000 ouvriers agricoles.

Soumaila Sacko, touché à la tête, est mort. Que les coups de feu aient été tirés par un agent de la mafia chargé de surveiller un bâtiment aux mains de la criminalité organisée où étaient entreposés des déchets illégaux et toxiques, ce que les trois jeunes ne pouvaient pas savoir, ou par l’un des « caporali » ou leurs hommes, chargés de faire régner la discipline dans les champs de la plaine agricole de Gioia Tauro, l’objectif était clair : tirer sur trois jeunes migrants africains. Le fait que Soumaila Sacko ait été un militant actif de l’Union Syndicale de Base (USB) laisse penser la plupart des observateurs de la situation dans la région que la seconde hypothèse est la plus probable.

Des manifestations sont en train de s’organiser dans toute l’Italie et dans la semaine passée beaucoup de travailleurs ont croisé les bras.

Selon Drame Madiheri, un camarade malien qui a été blessé à la jambe, les trois hommes s’étaient rendus dans une usine désaffectée à proximité pour collecter des tôles et construire des baraques. « Ils ont ramassé trois draps », a-t-il dit, lorsqu’un homme blanc est arrivé et a tiré sur eux quatre fois avec un fusil de chasse, touchant Sacko à la tête.

Soumaila Sacko, qui était légalement en Italie, a été transporté à l’hôpital mais n’a pas survécu. Il vit en Italie depuis 2010.

Le syndicat local l’USB a appelé lundi à la grève pour protester contre la mort de Sacko, qui a été signalée quelques heures après l’investiture de Matteo Salvini, membre de la Ligue anti-immigration, ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre italien.

Le syndicat maintenant est en train de récolté les fonds pour soutenir les dépenses légaux et pur l’envoie du corp au Mali.

Antonella Freggiaro
Correspondance particulière depuis l’Italie


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