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Industrie : Plus de 77 huileries maliennes menacées de fermeture

lundi 24 septembre 2018, par Assane Koné

Coût élevé de l’électricité, coût élevé des matières premières, coût élevé du transport des matières, la fraude, concurrence déloyale et la difficulté de commercialisation de l’huile et de l’aliment bétail. Ce sont-là autant de difficultés qui menacent la survie de 86 huileries du Mali. Pour informer l’opinion nationale et internationale, sur la gravité de la menace, la Fédération national des producteurs d’huile, d’aliment de bétail du Mali (FE.NA.P.H.A.B) a animé le 24 septembre 2018 une conférence de presse dans la salle de réunion de la Direction nationale de l’industrie. La conférence a été animée par Fantamady Keita, Président de la FENAPHAB et par Sidiky Diabaté, son secrétaire général.

Le Mali va-t-il croiser les bras et assister impuissant à la fermeture de 86 huileries implantées dans les villes de Kita, Kati, Bamako, Sanankoroba, Bougouni, Sikasso, Koutiala, Ségou, Mopti, Fana ?

Un pays qui crie à longueur de journées son engagement pour la création d’emplois afin de satisfaire la forte demande des jeunes en âge de travailler, va-t-il fermer les yeux sur la probable suppression de plus de 10 000 emplois. Parce que les huileries maliennes emploient de façon permanente plus de 10 000 travailleurs et permettent à plus 2000 femmes d’évoluer dans le secteur de la savonnerie artisanale.

L’Etat du Mali va-t-il s’asseoir pour regarder la destruction d’un outil de production qu’il a encouragé la mise en place. Et, qui est aujourd’hui parvenu à absorber la totalité de la graine de coton de la CMDT estimée à 350 à 400 mille tonnes par an, mettant du coup le géant du coton malien à l’abris de se voir déverser les 75% de ses grains de coton dans les chants, comme engrais, afin de d’désengorger ses magasins qui soufraient de les voir pourrir.

En effet, les 86 huileries du Mali, par leur engagement, arrivent à produire 300 000 tonnes d’aliment bétail et 30 millions de litres d’huile par an. Le Mali doit-t-il, impuissamment laisser partir à vau-l’eau, 86 huileries avec la capacité de payer par anticipation à hauteur de 40 milliards de FCFA chaque année la totalité de la production de la graine de coton de la CMDT ?

En réalité, aucun Etat sérieux et soucieux de son devenir et de l’avenir de ses filles et fils, ne peut s’asseoir et assister sans rien faire, à la destruction d’une telle poule aux œufs d’or (les 86 huileries). Mais, hélas, tout porte à croire que le Mali ait décidé de s’inscrire sur la lite des pays du monde qui ne sait, ou qui n’a aucune capacité, de préserver ses intérêts. Si non comment comprendre qu’un secteur aussi précieux et de loin stratégique comme celui des huileries, ne bénéficie pas de l’intérêt nécessaire à son épanouissement pour l’intérêt de l’économie nationale.

Ce secteur est des plus stratégique pour notre pays que pour la simple raison, avec les effets des changements climatiques, sa production de 300 000 tonnes d’aliment bétail permet à notre pays de développer une résilience quand à l’entretien de son cheptel de plus en plus menacé par la fin, pour être présent dans la lute contre l’insécurité alimentaire.

Aussi, un secteur qui emploi de façon permanente plus de 10 000 travailleurs et donne la possibilité à plus de 2000 femmes de s’épanouir dans l’activité de la savonnerie artisanale, dans le contexte de chômage galopant, est des plus stratégique.

Mais, comme un pays qui décidé de marché à reculons, et qui a décidé de fait sienne la politique de l’autruche, le Mali est aujourd’hui en passe de laisser mourir 86 huileries très capitales.

Les huileries maliennes détiennent 20 millions de litres d’huiles en stock

« Aujourd’hui, nous avons 20 millions de litres d’huiles en stock dans nos magasins. Ce stock a une valeur de 14 milliards de FCFA », a indiqué Sidiki Diabaté, secrétaire général de la FENAPHAB. Selon lui, cela est d’autant plus regrettable, qu’il y a de nombreux opérateurs économiques, en complicité avec des hauts cadres pays, bénéficient d’exonération pour l’importation de l’huile. « Cette huile, souvent moins chère, parce qu’importée en violation de la réglementation douanière, nous impose une concurrence déloyale », a-t-il accusé. Avant de dire que la mévente de leur production d’huile sur le marché local, à de nombreuses conséquences que les premiers responsables du pays n’ont pas encore imaginées.

« Face à ces conséquences désastreuses, nous avons demandé à l’Etat de prendre des mesures pour protéger nos usines et notre production nationale, comme l’a déjà fait la Côte d’Ivoire et le Sénégal », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que le silence inquiétant de l’Etat du Mali est de nature à saper leur outil de production. « Aujourd’hui, notre outil de production est menacé par la concurrence déloyale et par plusieurs autres facteurs sur lesquels l’Etat pourraient intervenir », a-t-il déclaré.

Partant du principe qu’aucun pays ne peut se développement sans emplois, Fantamady Keita, Président de la FENAPHAB, à inviter l’Etat malien à intervenir en urgence pour la protection de son tissu industrielle estimé à 86 huileries, dont 77 sont membres de la FENAPHAB.

De 12500 FCFA en 2005, la tonne de la graine de coton est passée à 106 200 FCFA en 2018

Pour la petite histoire, il dira que leur activité de production d’huile a énormément contribué à éviter la privatisation de la CMDT. Selon lui, avant que les huileries ne s’installent au Mali, la CMDT vendait sa tonne de grains de coton à 12 500 FCFA, en 2005. Il dira qu’aujourd’hui, avec la présence des huileries, la tonne de grains de coton est vendue à 106 200 FCFA par la CMDT, pendant que le cotonnier n’a pas encore fleurit.

« Nous prenons chaque année une dette de 30 milliards de FCFA auprès des banques maliennes pour acheter la graine de coton d’avance. Et, nous payons 4 mois d’agios avant d’entrer en possession de notre graine de coton », a-t-il indiqué. Et, pire, il dira que la CMDT ne facilite pas la tache aux huileries, de telle sorte qu’au finish, la tonne de coton graine coûte plus de 106 200 FCFA. « Pour une usine qui est à Fana ou à Ségou, la CMDT, peut vous donner un bon pour aller enlever votre graine de coton à Sikasso ou à Kita et à vos frais », a-t-il ajouté.

En plus de la difficulté de commercialisation de leur huile à cause de la concurrence déloyale de l’huile arrivée sur le marché malien par le fait des exonération, le Président de la FENAPHAB, dira qui sont aussi confronté à une très grave difficulté au niveau de la commercialisation de l’aliment bétail. Mais, il pense que dans les deux cas l’Etat en contradiction totale avec lui-même.

En ce qui concerne la difficulté de commercialisation de l’huile, il a indiqué ne pas comprendre l’Etat malien qui a encouragé l’installation des huileries et qui les soumet à des contrôles de qualité permanents, qui ne fait rien pour les aider à vendre leur production. Mais au contraire distribue des exonérations à des importateurs qui viennent inonder le marché malien au moment où plus de 20 millions de litres d’huile dorment dans leurs magasins au Mali.

Quant aux difficultés de commercialisation de l’aliment bétail, il a estimé qu’il est un peu indécent de la part de l’Etat de vendre à un prix exorbitant la tonne de la graine de coton, à travers la CMDT et de revenir demander aux huileries de vendre l’aliment bétail à un prix qui ne les permettent pas de rentrer dans leur coût de production. « Si l’Etat veut que l’aliment bétail revienne moins cher aux éleveurs maliens, l’Etat doit nous appuyer avec des mesures d’accompagnement. Par exemple, l’année, où il y a eu la suppression de la TVA sur l’achat de la graine de coton, tous les éleveurs l’ont ressenti dans le coût de l’aliment bétail », a-t-il conclut.

Pour sa part, Sidiky Diabaté, secrétaire de la FENAPHAB a invité les maliens à consommer sans modération l’huile produite par les huileries maliennes. Selon lui, toutes les huileries du Mali, sont astreintes à l’obligation de faire certifier leur huile par lot de production au niveau de trois laboratoires : Le laboratoire national, le laboratoire du CERFITEX à Ségou et le laboratoire PROSLAB. « Nous avons régulièrement les bulletins de ces laboratoires qui certifient la bonne qualité de nos productions nationales », a-t-il indiqué. Mais, Sidiky Diabaté a invité les consommateurs maliens à la prudence, parce qu’il y a de l’huile frelatée sur le marché malien, d’autant plus qu’il n’est pas certain que toutes les huiles qui rentrent au Mali subissent le même contrôle que l’huile produite au Mali par nos structures.

Assane Koné


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