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France : L’article à lire pour comprendre la réforme des rythmes scolaires

mercredi 3 septembre 2014, par Assane Koné

A partir de la rentrée 2014, tous les élèves des écoles primaires publiques bénéficient des nouveaux rythmes scolaires. Très critiquée, cette réforme a pour objectif de faciliter l’apprentissage. Mais comment fonctionne-t-elle ?

Nouveaux cartables, nouveaux cahiers, nouveaux stylos... et nouveaux emplois du temps. A partir du mardi 2 septembre, jour de la rentrée scolaire 2014, la réforme des rythmes scolaires concerne l’ensemble des écoles publiques françaises du premier degré. Quatre mille communes avaient déjà fait le choix d’adopter les nouveaux rythmes dans leurs écoles élémentaires dès la rentrée 2013.

Elus d’opposition, enseignants et parents critiquent cette réforme, qui vise à raccourcir les journées de travail des élèves et à augmenter leur nombre de jours de classe pour leur permettre d’apprendre plus facilement. Pour vous faire une idée et comprendre les enjeux, francetv info vous dit tout ce qu’il faut savoir de cette réforme.

1-Que change la réforme exactement ?

La réforme des rythmes scolaires change l’organisation du temps éducatif pour les écoles primaires publiques. Auparavant, les jours d’écoles étaient le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi. Désormais, les élèves du primaire iront en plus à l’école soit le mercredi matin, soit le samedi matin. Au lieu d’être regroupés sur une semaine de quatre jours, comme c’était le cas depuis 2008, les 24 heures hebdomadaires d’apprentissage sont étalées sur 4,5 jours, soit 9 demi-journées.

La journée de classe est allégée pour enseigner les savoirs fondamentaux, aux heures où les élèves sont les plus concentrés. De 144, le nombre de jours d’école passe à 180 par an. La réforme introduit aussi trois heures d’ateliers périscolaires, pour les rendre accessibles aux milieux populaires qui n’avaient pas de cours de judo, musique, etc.

2 Pourquoi ce changement ? La semaine de quatre jours, c’était nul ?

La réforme figurait dans le programme électoral de François Hollande. Le 17 mai 2012, quelques heures seulement après sa nomination, Vincent Peillon, alors ministre de l’Education nationale, confirme cette promesse de campagne. Il annonce le retour à la semaine de « cinq jours de classe » en primaire pour la rentrée de l’année scolaire 2013-2014.

Pour mener ce projet de loi, l’exécutif s’appuie sur des statistiques et la volonté de plusieurs acteurs de changer de rythmes. Avec la semaine de quatre jours, les écoliers français avaient le nombre de jours d’école le plus faible des 34 pays de l’OCDE : 144 jours, contre 187 jours en moyenne. Mais leurs journées étaient plus longues, et plus chargées.

Le retour à la semaine de 4,5 jours avait aussi été réclamé par la conférence nationale sur les rythmes organisée sous la droite, un rapport parlementaire approuvé par l’UMP, les syndicats d’enseignants, les parents d’élèves, l’Académie de médecine, par la concertation pour la refondation pour l’école organisée par la gauche après 2012 et par les chronobiologistes. Tous les spécialistes des rythmes de l’enfant estiment que la semaine de quatre jours entraîne « fatigue et difficultés d’apprentissage ».

« De nombreuses études démontrent scientifiquement que les quatre jours d’école altèrent le rythme biologique des enfants », explique le spécialiste François Testu, dans Le Nouvel Obs. « Pour évacuer leurs problèmes, qu’ils soient familiaux ou scolaires, les écoliers doivent pouvoir bénéficier, chaque jour, d’un temps périscolaire, une respiration quotidienne pour libérer leur créativité, révéler à eux-mêmes et aux autres leur potentiel », estime de son côté Hubert Montagner, ancien directeur de recherche à l’Inserm, dans Le Monde (article payant).

3- Si la réforme représente des avantages, pourquoi y a-t-il un tel mécontentement ?

La chronobiologiste Claire Leconte estime que la réforme « rigidifie les temps scolaires », et crée un découpage strict qui « n’existait plus depuis Jules Ferry ». Elle dénonce le fait que le matin, les cours ne doivent pas durer plus de trois heures et demie, sauf dérogation. « Or, c’est justement dans la première partie de la journée que les élèves mémorisent le mieux », regrette-t-elle dans Le Monde.

Chargés des activités périscolaires, les maires des communes avec un faible budget, ou ceux des communes rurales, s’inquiètent surtout du coût de la réforme. En dehors des aides de l’Etat et, éventuellement, de la Caisse d’allocations familiales (CAF), ils doivent financer les nouvelles activités et les salaires des animateurs. Ils craignent une rupture d’égalité, entre villes riches et pauvres. L’organisation est aussi pointée du doigt. Les communes rurales mettent en avant les difficultés liées au ramassage scolaire, par exemple. Ils dénoncent des tensions dans le partage des locaux entre enseignants et animateurs.

Des enseignants et des parents pointent fatigue des enfants et « confusion » entre temps scolaire et périscolaire. Les premiers dénoncent aussi un bouleversement de l’organisation de leur temps de travail, les seconds de l’organisation de leur vie personnelle. Des changements difficiles à appréhender, et dont l’utilité reste floue, selon eux.

4- Quels aménagements ont été concédés ?

Face aux critiques, des assouplissements sont adoptés. Même s’ils sont en contradiction avec l’esprit initial de la réforme. François Hollande décide d’abord d’étaler la réforme sur deux ans. Puis le décret du 7 mai 2014 permet de concentrer les trois heures d’activités périscolaires sur un après-midi. Ces aménagements, conçus pour les 6% de communes rencontrant des difficultés de mise en œuvre ou réfractaires, ont aussi été retenus par des métropoles comme Lyon ou Marseille.

Mais quand il n’y a plus classe du tout le vendredi après-midi, comme le permet le décret Hamon, les chronobiologistes critiquent un week-end de 2,5 jours, trop long pour garder le rythme.

5- Finalement, qui est favorable à la réforme ? Qui s’y oppose ?

Les syndicats des enseignants du premier degré sont partagés. Leur premier syndicat, le Snuipp-FSU, Snudi-Force ouvrière et SUD Education sont contre. En revanche, SE-Unsa y est favorable. La SGEN-CFDT prend officiellement position pour la réforme, mais dans certaines fédérations, elle s’y oppose.

Tout comme les fédérations de parents d’élèves. Si la FCPE, plutôt classée à gauche, est officiellement pour la réforme, dans certaines régions, les parents adhérents ont fait part de leur mécontentement. En revanche, la Peep, classée à droite, y a toujours été opposée.

Les maires aussi sont partagés. Parmi ceux qui sont contre, certains s’y opposent pour des raisons de fond, d’autres pour des raisons plus politiques. L’UMP en a fait un cheval de bataille pour les municipales de 2014.

Enfin, il y a le collectif des Gilets jaunes, qui se veut apolitique. Il regroupe enseignants, animateurs, parents d’élèves et maires opposés à la réforme. En juillet, une maire et une enseignante, membres du mouvement, avaient observé une grève de la faim pour protester contre cette réforme. Très présents sur les réseaux sociaux, ils ont aussi appelé à manifester samedi 6 septembre.

6- Mais pourquoi tous les enfants n’ont-ils pas le même emploi du temps ?

Aller à l’école le mercredi matin ou le samedi matin, organiser ou pas des ateliers... A condition de respecter le décret du 24 janvier 2013, chaque commune peut organiser les nouveaux rythmes scolaires comme elle le souhaite à l’échelle de chaque école. Il y a donc autant d’emplois du temps différents que d’écoles maternelles et élémentaires en France.

D’une commune à l’autre, une école ouvre le mercredi matin, une autre le samedi matin, dans une autre on fait classe jusqu’à 17 heures, une autre jusqu’à 15h45, dans certaines écoles il y a des activités le vendredi après-midi ou encore tous les jours après le déjeuner... Mais en grande majorité, le mercredi matin a été privilégié, et soit les quatre journées de classe ont été raccourcies de 45 minutes, soit deux journées ont été raccourcies d’une heure et demie.

7- Que font les enfants pendant les activités périscolaires ? Des jeux de société ?

Théâtre, jeux, sorties scolaires, musique, projet éducatif sur l’environnement, voire yoga, sophrologie ou échecs... Comme les emplois du temps, les ateliers proposés dans le cadre de ces fameux « temps d’activités périscolaires » (TAP) sont très divers et ne se résument à des parties de jeux de société encadrées.

Ce sont les maires, en concertation avec les directeurs d’école et les équipes enseignantes, voire avec les parents, qui ont choisi ces activités. Beaucoup de communes ont repris des activités qu’elles proposaient déjà au sein de l’école, ou en centre de loisirs. Mais encore faut-il que le tissu associatif soit développé. Dans les communes où ce n’était pas le cas, organiser des ateliers est souvent un casse-tête.

Pour d’autres communes rurales, ou pour celles qui traînent des pieds pour appliquer la réforme, le problème vient du recrutement des animateurs. Par exemple, Uchizy, un village de l’Yonne, proposera à ses 120 élèves une activité différente par trimestre et par classe : un atelier théâtre animé par une comédienne, un atelier arts plastiques animé par un plasticien qui est aussi un élu, et des jeux de société encadrée par une professeure des écoles, qui sera payée par la mairie pour animer cette activité périscolaire.

Et ces activités sont fortement suggérées, pas obligatoires. Ainsi, certaines communes ont choisi de proposer une simple garderie pendant les TAP.

8- Tout ça va (me) coûter cher ?

Ce sont aussi les communes qui supportent le coût financier de cette réforme. L’Association des maires de France évalue à 150 euros par élève et par an les frais dus au changement des rythmes scolaires. Pour 2013, l’Etat a apporté une aide de 50 euros annuels par enfant (90 en zone rurale ou urbaine sensible), reconduite en 2014 pour les communes pionnières, puis pour 2015. S’y ajoutent 53 euros de la CAF, si des activités périscolaires sont organisées. Le reste est à la charge des communes. Celles-ci peuvent ensuite choisir de solliciter, ou pas, une participation financière des parents.

Quelle que soit leur couleur politique, c’est précisément le coût de la réforme qui inquiète les maires, en particulier ceux des communes avec un faible budget, ou ceux des communes rurales.

9- J’ai eu la flemme de lire l’article en entier et j’ai scrollé vers le bas, vous pouvez me faire un résumé ?

Inaugurée à la rentrée 2013 dans 4 000 communes, la réforme des rythmes scolaires devient obligatoire pour toutes les écoles primaires publiques à partir de la rentrée 2014, mardi 2 septembre. Elle instaure le retour à la semaine de 4,5 jours, la demi-journée étant souvent placée le mercredi matin. Le temps de classe est plus court. Des activités culturelles et sportives, qui ne sont pas obligatoires, sont organisées et introduites dans l’emploi du temps des élèves, selon le choix de chaque commune.

La réforme est contestée par des parents, des enseignants et des élus, pas seulement pour des raisons politiques. Le coût et les difficultés d’organisation des activités, à la charge des communes, ont nourri la polémique. La généralisation des rythmes dans toutes les écoles publiques pourrait donner lieu à des difficultés de mise en œuvre ou à des résistances.

FranceTv info
Par Violaine Jaussent

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