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Entre Paris et Berlin : Jean-Marc Ayrault tente de calmer le jeu

dimanche 28 avril 2013, par Assane Koné

Jean-Marc Ayrault a tenté samedi d’apaiser les tensions entre Paris et Berlin en appelant à un dialogue « intense et sincère » entre les deux moteurs de la construction européenne.

Le PS avait allumé la mèche vendredi avec, dans un projet de document, une charge virulente contre la chancelière allemande Angela Merkel, accusée d’« intransigeance égoïste ».

Le parti au pouvoir en France appelait aussi à un « affrontement démocratique » avec l’Allemagne, faisant écho à un plaidoyer de Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, en faveur d’une « confrontation » avec Berlin.

Le Premier ministre français a choisi son compte Twitter pour rechercher l’apaisement : « On ne résoudra pas les problèmes de l’Europe sans un dialogue intense et sincère entre la France et l’Allemagne », y écrit-il.

« L’amitié franco-allemande est indispensable pour redonner un nouvel élan au projet européen et trouver les voies du retour de la croissance », ajoute-t-il dans un second « tweet », chacun étant traduit par ses soins en allemand, langue qu’il a enseignée dans un collège de Loire-Atlantique.

Le PS avait promis un peu plus tôt samedi d’effacer de son texte les formules les plus agressives envers Angela Merkel tandis que l’UMP montait au créneau par la voix d’Alain Juppé.

L’ancien chef du gouvernement et de la diplomatie française dénonce, dans l’édition du Monde parue samedi, le « péril mortel » d’une confrontation avec l’Allemagne.

« La confiance avec l’Allemagne est rompue », dit-il. « La France est totalement isolée et le président de la République se retrouve dans une situation très délicate. »

VIGUEUR INÉDITE

S’il maintient ses désaccords avec l’Allemagne, le PS consent à baisser un peu le ton, a dit samedi Jean-Christophe Cambadélis.
L’argumentaire initial du PS, d’une vigueur inédite, était développé dans un document de 21 pages rédigé sous le contrôle du député de Paris, vice-président du Parti socialiste européen (PSE).

« Si ce texte se veut une alternative aux droites en Europe, il a été allégé - à ma demande - des formules stigmatisantes vis-à-vis de Mme Angela Merkel », écrit samedi Jean-Christophe Cambadélis sur son site internet.

« Les minorités du Parti socialiste ont pris acte de ma décision de présenter un seul texte qu’ils ont amendé. Tout en maintenant plusieurs désaccords », ajoute-t-il.
Les désaccords en question n’ont pas tardé à refaire surface avec un communiqué virulent publié samedi soir par le mouvement « Maintenant la gauche », représentant la gauche du PS.

Marie-Noëlle Lienemann, Jérôme Guedj et Emmanuel Maurel y dénoncent l’« égoïsme dangereux » d’Angela Merkel et se réjouissent de « la nouvelle tonalité, plus offensive, de la direction du PS contre les politiques d’austérité ».

Les trois responsables de Maintenant la gauche préconisent d’« engager un rapport de force avec les libéraux, les conservateurs et Mme Merkel ».
Ils promettent en outre d’animer les débats au prochain bureau national du parti au pouvoir, programmé mardi, en soumettant au vote des militants des « propositions alternatives à celles de la direction du PS ».

FRICTIONS
L’entourage de François Hollande avait relativisé vendredi la portée du texte initial, estimant que le PS s’y exprimait, et non les autorités françaises. Il avait évoqué un « jeu politique » normal que pratiqueraient également les conservateurs allemands.
Mais l’Elysée, loin de condamner le document du PS, l’avait salué : « Le PS connaît bien la position du président. C’est un texte très fort de soutien à son action en général. Croissance, relance de l’Europe, solidarité sont au coeur de ce texte », avait-on dit dans l’entourage du président français.

Si François Hollande préfère parler de « tension amicale » que de confrontation, l’affaire tombe mal et donne l’impression que le PS joue ouvertement la carte du Parti social-démocrate dans la bataille électorale dans laquelle Angela Merkel est engagée en Allemagne en vue des législatives de septembre.

Les frictions entre les deux pays ne sont pas nouvelles, l’Allemagne accusant la France de ne pas tenir ses engagements dans la lutte pour la réduction de ses déficits et Paris reprochant à Berlin de vouloir imposer des politiques d’austérité à l’ensemble de l’Europe.

L’entourage d’Angela Merkel paraît soucieux d’apaisement entre les deux capitales.
« Nous travaillons très bien ensemble. Nous n’avons pas le sentiment qu’il y a un changement de politique », déclare ainsi le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert, au journal Le Monde.

Le texte final du document socialiste à l’origine de toute l’affaire sera soumis aux militants dans la perspective de la convention du parti sur l’Europe prévue le 16 juin prochain.

Reuters
Patrick Vignal

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