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Deuxième Tour des élections législatives : Vers une assemblée nationale sans légitimité ?

dimanche 15 décembre 2013, par Assane Koné

Pire que le Premier tour des élections législatives du 24 novembre 2013, le deuxième tour du 15 décembre 2013, risque de battre le record des élections maliennes, a faible taux de participation. Le dimanche durant toute la journée, les électeurs ont boudé les urnes. Et du tout, la légitimé des députés élus dans ses conditions, n’échappera pas au débat.

Le dimanche 15 décembre 2013, la plupart des centres de vote de Bamako, avait une mine triste : pas de bousculades devant les bureaux de vote, peu d’ambiance et surtout pas d’espoir de voir une quelconque affluence à certaines heures de la journée. Même les SOTRAMAS souvent mis à contribution pour transporter des électeurs souvent intéressés par ce qu’ils reçoivent que par l’accomplissement d’un devoir civique, ce sont fait rares.

Du coup, il n’y a aucun doute. Le Mali aura des députés. Mais, personne ne pourra contester qu’ils ont été mal élus, les électeurs ayant boudé les urnes. Sans trop nous attarder sur la légitimité des députés, qui pour certains, seront élus avec à peine 10% des électeurs de leur circonscription, il est temps que l’on se pose des questions sur ce qu’il convient d’appeler le vote sanction des maliens.

On se souvient que les maliens, dans un élan exceptionnel, s’étaient mobiliser pour l’élection présidentielle, même si déjà au deuxième tour de cette élection, les ardeurs avaient commencé à fléchir. L’on aurait pu penser que le pays qui sort d’une crise exceptionnelle, allait bénéficier d’une mobilisation exceptionnelle de sa population pour le doter d’institutions dont la légitimité ne souffrirait d’aucun doute. Mais, hélas, comme si le peuple malien, voulait envoyer un message à qui de droit. Les urnes ont cherché des électeurs lors du premier tour des élections législatives. Mais, pire, au deuxième tour, candidats et électeurs, ne se sont pas rencontrés. Et les centres de vote ne l’ont pas caché.

Entre les deux tours, les candidats n’ont pas du tout battu campagne. Tout s’est passé comme s’ils c’étaient donnés des consignes à ne pas battre campagne. Certains pensent que la plupart des candidats, habitués à distribuer l’argent à tour de bras lors des élections, n’en n’avait n’avaient plus, après un premier tour ou toutes les armes ont été utilisées, même les achats de consciences pour se voir au second tour avec des pourcentages souvent insignifiant.

Mais, est ce que la faible mobilisation des électeurs le dimanche 15 décembre 2013, dans les bureaux de vote, ne s’explique seulement que par le manque de campagne entre les deux tours ? Il y-a-t-elle d’autres explications à cette plaie de la démocratie malienne ? Evidemment, l’on pourrait se poser un certains nombres de questions qui pourraient aider à comprendre la cause de cette démobilisation exceptionnelle des électeurs maliens, de l’élection présidentielle aux élections législatives.
Est-ce parce que les espoirs ont été déçus, comme le pense de nombreux maliens ? Nombreux sont les maliens qui s’étaient mobilisés pour faire élire Ibrahim Boubacar Keita au poste de Président de la République, dans l’espoir qu’il était de loin le meilleur candidat. Celui qui avait la capacité de faire libérer Kidal, par les négociations et à défaut par les armes. Certains voyaient aussi en IBK, celui qui pouvait, impulser un changement dans la gouvernance politique du pays. Mais, pendant les trois mois de gestion du pays par IBK, nombreux sont les maliens qui ont déchanté. Ils ont perdu espoir dès la mise en place du gouvernement du Premier ministre Oumar Tatam Ly. En effet, au moment où les maliens s’attendaient à voir un gouvernement, avec une nouvelle génération de managers maliens, IBK et son Premier ministre sont allés ramener des gens qui ont déjà été plusieurs fois ministres, sans pouvoir impulser un changement véritable dans les secteurs qui relevaient de leurs compétences. Or, IBK avait les mains totalement libres, en tout cas apparemment, pour mettre au-devant de la scène des cadres maliens, pétris de compétences, mais toujours à l’ombre. Et, depuis trois mois, rien n’a fondamentalement changé. Les maliens qui ont beaucoup souffert de la mauvaise gouvernance du pays, piaffent d’impatience et certains ne ratent aucune occasion pour dénoncer IBK.

En plus de cette gouvernance qui n’arrive pas à rassurer le grand nombre des maliens, le dossier Kidal n’est pas de nature à arranger les choses. En effet, nombreux sont les maliens qui n’ont jamais caché leur option pour IBK, à cause des préjugés favorables. En plus de ses qualités d’homme d’Etat et de sa longue expérience à la primature, bon nombre de ses concitoyens, ont apprécié sa qualité d’homme de poigne. Pour cette raison, nombreux sont les maliens qui n’arrivent pas à comprendre la lenteur enregistrée dans la libération de Kidal.
Un sondage simple, dans les rues de Bamako, est de nature à permettre à tout observateur de se faire une idée de ce que les maliens pensent de leurs dirigeants actuels, en rapport avec l’affaire Kidal.

Il faut aussi, dire que le peuple malien dans sa grande majorité, s’est senti désabusé par les alliances contre nature. En effet, au moment où les maliens crient changement, les politiques sont dans les logiques dont ils sont les seuls à comprendre, sont arrivés aux élections législatives avec des alliances contre nature, qui sont de nature à tuer tout espoir de changement. Et, cela, en cette période où les maliens réclament la refondation du pays, se paye cache. Et, comme la population n’a pas un autre moyen pour le dire, elle a attendu le jour du vote pour s’exprimer en boudant les urnes. Certains diront qu’en bon citoyens, les électeurs devraient prendre d’assaut les centre de votre, pour des bulletins blancs, s’ils sont contre les listes en compétition. Mais, dans un pays ou l’école, le centre par excellence de formation du citoyen, a fonctionné de travers, depuis plus de 20 ans, l’on peut s’interroger sur la qualité de citoyens que le Mali a pu former.
En tout cas, si l’on veut que la démocratie malienne ne soit pas l’ombre d’elle-même, le moment est arrivé de se poser les bonnes questions sur la désaffection des maliens pour la chose politique.

Assane Koné

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