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COMMUNALES ET REGIONALES D’OCTOBRE PROCHAIN : Les enjeux de Bamako
jeudi 23 juillet 2015, par
Dans moins de trois mois, le Mali s’apprête à élire de nouvelles équipes dirigeantes dans les mairies et à la tête de régions. Si ses élections communales et régionales se confirmaient, l’un des enjeux sera sans doute le fauteuil du maire du district de Bamako.
Les élections communales et régionales au Mali sont fixées au 25 octobre 2015. Après trois reports, les autorités en ont décidé ainsi. Seulement voilà, la date ne semble pas raisonnable pour tous les acteurs politiques. Au cours d’une récente rencontre entre le ministre en charge des élections et les partis politiques, ceux-ci ont demandé les assurances du département pour un scrutin paisible et incontestable.
Pendant ce temps, dans certains États-majors politiques, l’on se prépare tout doucement dans la perspective de ces élections locales et régionales.
L’on ne connaît pas pour l’heure le profil ou le pedigree de ceux ou celles qui vont briguer les suffrages des électeurs pour ce scrutin au cas où il aura lieu. Une chose est sûre, l’un des enjeux de ce futur scrutin sera sans doute la capitale, la mairie la plus enviée des collectivités décentralisées.
Dirigé par le parti africain pour la solidarité et la justice (Adema/PASJ), le fauteuil stratégique du maire de Bamako cristallise en effet bien de convoitises politiques dans les formations politiques et bien d’autres associations. L’actuel locataire de l’hôtel de ville, Adama Sangaré, va-t-il parvenir à se maintenir à ce poste à l’occasion des élections communales et régionales du 25 avril 2015, après son échec cuisant aux législatives ? Il doit d’abord s’employer à faire oublier la scabreuse affaire foncière de 2013 qui lui avait valu la prison et écorné quelque peu sa crédibilité. Il doit aussi savoir tirer les leçons de sa défaite cuisante lors des élections législatives 2013 où il a perdu au deuxième tour face au candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM), le Pr Kalilou Ouattara. Aura-t-il l’énergie nécessaire pour relever ces défis ?
Reste maintenant à savoir si Adama Sangaré et ses projets politiques seront bien accueillis par les Bamakois.
Un autre prétendant sérieux au très stratégique fauteuil du maire de la cité des 3 caïmans, c’est l’ancien Premier ministre Moussa Mara. L’homme jouit du préjugé favorable d’être maire de la commune IV du district de Bamako qu’il a su gérer avec succès. Autre atout de Moussa Mara, selon certains observateurs, c’est son passage au ministère de l’Urbanisme et de la Politique de la ville dans le gouvernement I d’Ibrahim Boubacar Keita, dirigé à l’époque par Oumar Tatam Ly. Mais son malheur a été son incapacité notoire à gérer les affaires courantes au moment de son règne à la Primature pendant 9 mois.
La transparence exprimée par l’homme lors de sa déclaration de politique générale devant les députés à l’Assemblée nationale n’a pas été couronnée de succès. Les 9 mois ont été émaillés par les malversations financières, notamment l’achat de l’appareil volant du président de la République et l’équipement militaire pour les forces armées et de sécurités. Les scandales ont occasionné la suspension au Mali de l’aide budgétaire par la Banque mondiale et le Fonds monétaire internationale. Toutes les structures chargées des enquêtes et contrôles, notamment la Cour suprême et le Bureau du vérificateur général ont prouvé de manques à gagner chiffrés à plusieurs milliards de nos francs. Le maitre des lieux n’a pas pris des mesures correctives pour punir le réseau mafieux au sommet de l’Etat et qui pille allégrement les maigres ressources du contribuable.
Autant de signaux qui ne présagent pas forcement la meilleure destinée au chef du parti changement pour la maire du district. Surtout que, Moussa Mara ne semble pas être aussi bien lotis par le cadre porteur de sa candidature, comme en 2007 aux législatives et communales en 2009.
Mais puisque les élections de proximité sont plus une question de personne que de parti ou projet de société, croisons les doigts et attendons de voir ce qui va se passer.
Il faut compter certainement avec un troisième larron qui pourrait venir des rangs du Rassemblement pour le Mali (RPM). Fort de son statut de première force politique, le parti présidentiel mettra tous les atouts de son côté pour occuper l’hôtel de Ville et confirmer sa suprématie politique. Des indiscrétions font état même d’une candidature de la « belle fille » du président de la République. La femme du « fiston » national, Mami Sidibé serait dans logique d’être le porte-étendard du RPM. Du moins de l’analyse politique, cette candidature ne sera par une surprise du moment où « Katioo » a réussi à s’imposer dans la grande famille des tisserands sous le nez et la barbe des militants de premières heures dans un temps records. Pour sa candidature aux législatives de 2013, l’honorable Karim Keita a violé tous les critères élaborés par le bureau politique national. Mami Sidibé aura-t-elle le courage de s’engager dans la course aux communales et régionales ? Wait and see.
Bréhima Sogoba