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Autonomisation de la femme rurale africaine : L’AFARD interroge les règles de l’OMC et les APE

mercredi 3 septembre 2014, par Assane Koné

Une cinquantaine de participantes, représentant des acteurs de la société civile et des personnes ressources, a pris part le 30 août 2014, à la Maison de la femme et de l’enfant de Darsalam, à l’atelier de dissémination et de validation du rapport de l’étude sur : « L’OMC et les APE : Implications pour les politiques agricoles en Afrique et conséquences sur les femmes rurales africaines ».

Mme Diallo Assitan Diallo, Présidente de AFARD-Mali, a indiqué que cette étude visait à analyser les politiques des pays africains dans le secteur agricole dans le cadre des règles de l’OMC et des APE, à évaluer l’impact de ces politiques sur les femmes africaines et celles rurales en particulier dans les différentes communautés économiques régionales et à formuler des recommandations favorables à la prise en compte de la dimension genre dans les politiques et programmes proposés par l’Afrique dans ces cadres commerciaux. « A l’instar des autres pays abritant des groupes nationaux AFARD, le Mali organise son atelier de dissémination à Bamako, ce Samedi 30 Août 2014 », a indiqué Mme Diallo Assitan Diallo. Dans son exposé la présidente de l’AFARD Mali, après une brève présentation de l’OMC et des APE, a analysé les politiques agricoles sous régionales. « L’orientation de ces politiques sous-régionales va avoir un impact considérable sur les conditions des femmes, notamment des femmes rurales qui jouent un rôle-clé dans l’agriculture africaine, surtout dans la production vivrière », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter qu’aujourd’hui deux modèles de politiques agricoles sont possibles en Afrique.

Une orientation néolibérale qui résulterait de l’application stricte des règles de l’OMC, comme l’exige l’Union européenne avec les APE et un modèle dit alternatif centré sur la protection et le soutien à l’agriculture familiale et la recherche de la souveraineté alimentaire. Selon elle, le modèle néolibéral, poussé par la Banque mondiale et les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), est fondé sur la nécessité de mettre en valeur la terre par des investissements à grande échelle, provenant essentiellement d’investissements privés étrangers. « Ce modèle va accentuer les politiques de libéralisation et de privatisation de la terre, de l’eau et des intrants agricoles et ouvrir la voie aux multinationales de l’agro-industrie et entraînera une course effrénée vers l’accaparement des terres et leur privatisation qui va déposséder les petits paysans de leurs terres », a-t-elle indiqué.

En ce qui concerne le modèle alternatif, elle dira qu’il met l’accent sur les exploitations familiales, la production vivrière dans l’optique de la souveraineté alimentaire, l’utilisation des connaissances locales, la production pour les marchés locaux et le marché national. « C’est un modèle qui préserve l’accès des femmes à la terre et les met au centre des décisions de production et de circulation du produit », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter que ce modèle serait à même de s’attaquer aux problèmes structurels de la faim et de la pauvreté dans le monde rural, alors que le modèle néolibéral va aggraver ces problèmes. « Ce modèle pourrait mettre en valeur le rôle des femmes africaines dans l’agriculture et atténuer, voire éliminer les discriminations à l’égard des femmes.. », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter que l’impact des politiques agricoles régionales sur les femmes africaines dépendra du modèle qu’adopteront les gouvernements et les institutions sous-régionales.

« Si les politiques agricoles sous-régionales devaient s’orienter vers une plus grande libéralisation pour se conformer aux Accords de l’OMC, il est très probable que les conditions de vie des femmes rurales vont se détériorer davantage », a indiqué Mme Diallo Assitan Diallo. En terme de conclusion, elle a estimé qu’une plus grande libéralisation des politiques agricoles des pays africains pour se conformer aux accords de l’OMC, comme le veut l’Union européenne dans le cadre des APE, va aggraver la pauvreté dans le monde rural et porter un rude coup aux efforts pour l’autonomisation des femmes rurales. Or les inégalités basées sur le sexe sont un grand obstacle au développement en Afrique. L’atelier qui a enregistré la participation de personnes ressources comme le professeur Issa Ndiaye, a été mis à profit pour partager, enrichir et valider le contenu de la déclaration de Tunis sur les OMC et les APE, élaborée en juin 2013.

Assane Koné

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