Politique > Assemblée nationale : Pourquoi l’interpellation du député Mahamadou Hawa Gassama a été bloquée ?

Assemblée nationale : Pourquoi l’interpellation du député Mahamadou Hawa Gassama a été bloquée ?

dimanche 24 août 2014, par Assane Koné

Prévu le jeudi 21 août 2014, l’exercice démocratique sollicité par le député de Yélimané, l’Honorable Mahamadou Hawa Gassama n’a pas eu lieu. Selon des sources crédibles, la censure était prévisible, car la communication de Gassama allait faire un grand malaise au sein de la majorité.

Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale dans son article 90 stipule que tout député qui désire poser aux membres du gouvernement des questions orales doit remettre celles-ci par écrit au président de l’Assemblée nationale qui les communique à leur destinateur. Cette notion essentielle de l’idéal démocratique est primordiale à la défense des intérêts du peuple et pour la bonne coordination des actions de l’institution. Le député doit jouir de liberté, mais aussi il doit aussi assumer les responsabilités pour accomplir ce que la loi lui accorde comme possibilité. Le peuple a un besoin essentiel des députés pour comprendre les tenants et aboutissements des enjeux des décisions du gouvernement. Ils ont l’obligation de résultat. Suivant cette philosophie, le député élu dans la circonscription de Yélimné a transmis des questions orales au président de l’Assemblée nationale pour transmission au ministre de la Justice, des Droits de l’homme, Garde des Sceaux en application des dispositions du règlement intérieur de l’institution. Le député voulait l’entendre sur l’accusation qu’il aurait publiquement portée contre lui lors de sa visite dans la région de Kayes avec le Premier ministre. Dans l’interview accordée, aux journalistes, le ministre a déclaré que « Mahamadou Hawa Gassama est impliqué dans l’affaire de dame Maro. Il a détourné 34 millions de FCFA d’une certaine dame Maro et d’avoir soustrait des mains de la justice des objets lui appartenant qui avaient été saisis pour dédommager ladite dame ».

A la surprise générale, l’honorable Gassama a vu sa demande bloquée dans les couloirs de l’hémicycle. M. Gassama n’a pas apprécié le traitement réservé à sa demande relative à une éventuelle interpellation du ministre de la Justice. Au regard du caractère important de cet exercice, les députés de la majorité ont tenté à tout pris de faire annuler la demande du député Gassama, parce que la communication allait faire un grand malaise au sein de la grande famille majoritaire.

Pour le député, il s’agissait de rappeler au ministre les vraies préoccupations des Maliens : la justice sociale, l’intégrité du territoire, la cherté de la vie et la relance du secteur de l’économique. Il fallait donc tout faire pour censurer. Pas si étonnant, cette attitude. Quand on sait que la crédibilité du pouvoir est sérieusement entachée auprès de la population, avec la grogne sociale. Mais, celui-ci a pris sa lourde responsabilité face à la situation pour obtenir gain de cause. « L’Assemblée est en session extraordinaire et que les députés ne peuvent pas interpeller les ministres sur des sujets de ce genre ». C’est ainsi que les députés ont réagi.

Ridicule !

L’argument de la session extraordinaire sur laquelle les députés ont fondé leur argument, ne tient pas. Certains députés, même de la mouvance présidentielle, ont affirmé que l’interpellation était possible. Et il y a eu aussi des cas dans la récente transition. « Je réfute tous ces arguments et je réaffirme que le ministre, conformément à l’article 90 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, peut bel et bien venir répondre à mes questions orales au cours de cette session » a souligné Mahamadou Hawa Gassama, joint par nos soins. Avant d’ajouter qu’il n’est pas un député novice. « Avec 22 ans à l’Assemblée, je sais ce que je dis. Ce n’est pas les députés de circonstances qui peuvent m’apprendre à faire mieux à Bagadji. Mais, si j’avais accepté les propositions, on n’allait pas être là », a expliqué le député.

« Au cours de la visite, il a fait venir dame Maro de Yélimané pour m’insulter durant environ 30 minutes devant le chef du gouvernement. Je voudrais que Bathily apporte les preuves des accusations portées à mon égard lors de cette rencontre, en l’occurrence lorsqu’il affirme que j’ai détourné 34 millions FCFA de la dame, ou que j’ai été condamné dans le dossier Maro… », a-t-il souligné. Pour Gassama, cette interpellation est un droit et il se battra pour l’obtenir. Pour cela, j’ai même bénéficié de l’appui de certains députés de la majorité présidentielle dans ce dossier qui souhaitent que ce face-à-face ait lieu entre Bathily et moi pour clore ce dossier Maro. Je ne doute point de mes preuves. Et l’opinion sera édifiée sur le dossier », a insisté l’honorable député de Yélemandé avant d’ajouter qu’il fait totalement confiance à la Cour constitutionnelle dont l’arbitrage a été sollicité par l’hémicycle lui-même quant à l’opportunité d’une telle interpellation.

En tout cas le député de Yélimané est formel. Au cas où cette interpellation n’aboutit pas, il n’hésitera pas à organiser une conférence de presse pour donner sa part de vérité. Ce n’est pas tout, il a aussi révélé que les députés de l’opposition parlementaire vont menacer les plénières.

Bréhima Sogoba

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