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Amadou Thiam à Soumeylou Boubeye Maïga lors de la DPG : « Vous manquez de réalisme… »

mardi 24 avril 2018, par Assane Koné

« Vous manquez de réalisme dans la détermination de vos priorités à 4 mois de l’expiration du mandat présidentiel. Votre ordre des priorités prouve que l’organisation des élections n’a jamais été la priorité de ce régime, en dit long, le report successif des élections locales et régionales », a indiqué Amadou Thiam, Président du groupe parlementaire ADP-Maliba/SADI, lors de la DPG du PM Soumeylou Boubeye Maïga. Lisez l’intégralité de son intervention !

INTERVENTION DU PRÉSIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE ADP-MALIBA/SADI, L’HONORABLE AMADOU THIAM

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur le Premier ministre,
Honorables collègues députés,
Mesdames et messieurs les membres du gouvernement,

De prime à bord, M. le PM, je tiens à décrier le retard pris pour présenter aux élus de la nation que nous sommes, votre politique générale à 3 mois et 20 jours de votre prise de fonction.

Sur les priorités de votre gouvernement, p. 3

Monsieur le Premier ministre,

Vous manquez de réalisme dans la détermination de vos priorités à 4 mois de l’expiration du mandat présidentiel.

Votre ordre des priorités prouve que l’organisation des élections n’a jamais été la priorité de ce régime, en dit long, le report successif des élections locales et régionales.

Vous devriez principalement vous focaliser sur deux priorités :
1- L’organisation de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018.
2- Les stratégies efficaces pour endiguer l’insécurité au centre du pays.

Sur la mise en œuvre de l’Accord, p. 4-5-6

M. le PM,

Quant à votre voyage à kidal, il est purement électoraliste.
Ce voyage ne visait ni à prêcher l’unité ni le vivre-ensemble avec des parents qui arboraient le drapeau de leur chimérique Etat, en la présence d’un PM dans la pure expression de la déliquescence de son autorité.

Vous parlez dans la DPG de « symbolique ». Quelle symbolique pour quelle interprétation ?

Si vous l’interprétez comme vous le faites, admettons.
Mais, comment l’interpréteront-ils les partisans de la partition ? Cette présence effacée du gouvernement national à kidal. Y avez-vous vraiment pensé ?

Concernant la réforme, le déploiement et le redéploiement des forces armées et du MOC, près de 200 milliards dépensés chacune des dernières années, les résultats ne sont pas assez satisfaisants. Nous demandons un audit crédible de ce secteur vital de la Nation.

Concernant le DDR, M. le PM, nous vous félicitons pour le nouveau schéma inclusif du DDR. Nous pensons, en effet, que c’est le gage de sa réussite.

Sur le renforcement de la sécurité au centre et la fondation de solidarité pour l’armée, p. 7-8

M. le PM,

Nous souhaitons vivement l’opérationnalisation de cette Fondation qui soulagera notamment les ayants-droits des soldats tombés sur le champ d’honneur, à l’égard desquels nous avons une dette morale collective.

Quant au renforcement de la sécurité au centre, il faut saluer l’opération DEMBE et vous exhorter à initier aussi dans le sud, des missions spéciales de sécurité sur les grands axes routiers où les grands bandits font la loi.

Sur le projet de loi d’entente nationale, p. 8-9

M. le PM,

Il vous a fallu près de 2 ans de préparation, depuis la fin des travaux de la conférence d’entente nationale, pour daigner nous proposer ce projet. Nous espérons que ce projet de loi d’entente rendra justice à tout ce long temps consacré à son élaboration, par des gens qui nous font croire que la réconciliation est leur priorité.

Et pourquoi aller chercher un « facilitateur professionnel, neutre et expérimenté » hors du Mali et du continent pour parler entre les maliens ?

Est-ce du dédain, de la légèreté ou une conviction chez vous, que l’expertise hors continent maitrise mieux et fait mieux, comme ce fut le cas avec votre défunt projet de révision constitutionnelle ?

Pourtant, M. le PM, si vous commenciez à appliquer les recommandations pertinentes de nos nombreuses missions de réconciliation au centre, il y aurait beaucoup moins de problème.

Sur le programme d’urgences sociales du Président de la République, p. 11-12

Concernant l’accélération de la mise en œuvre de ce programme, à 3 mois de la fin du mandat présidentiel, nous voudrions juste vous proposer, M. le PM, de rebaptiser votre programme en « Programme Urgent pour le Bluff des électeurs », dont l’acronyme serait « PUB ». C’est de la PUB.

Sur la restauration de la confiance des citoyens, p.16

Monsieur le Premier ministre,

Vous semblez impuissant face à ce triste besoin, puisque vous ne faites qu’égrener les maux qui ont brisé cette confiance. Cela est connu. Nul besoin.

Ce faisant, vous donnez l’impression, m. le PM, de subir le glissement de la machine dans le gouffre, pendant qu’il ne vous reste que 4 minutes pour réagir.

Sur la diplomatie malienne, p 17

Monsieur le Premier ministre,

Le retour de notre pays sur le devant de la scène internationale, n’est pas dû qu’aux « efforts personnels du Président de la République ».

Je vous demande un peu de reconnaissance pour le gouvernement de transition et les bonnes initiatives de certains de nos diplomates maliens qui y ont fortement contribué.

Vous n’avez point besoin de chercher à justifier les sempiternels voyages du président de la République dans les airs.

En réalité, la vérité, les partenaires sont mécontents de la gouvernance actuelle du pays.

M. le PM,

Votre déclaration de politique générale ne prévoit aucun chronogramme précis pour le retour effectif de l’administration et des forces armées et de sécurité dans les régions nord et centre du pays.

Dans le domaine de l’éducation, votre déclaration de politique prévoit de donner le statut d’école publique à toutes les écoles communautaires, en affectant dans la fonction publique des collectivités le personnel enseignant, et prévoit d’inscrire dans le système classique les écoles coraniques en synergie avec les promoteurs et les leaders religieux. Nous vous félicitions pour cette initiative louable et salutaire qui concourt à l’amélioration de la qualité de notre système éducatif et de la valorisation de la fonction enseignante. Par contre, elle demeure muette sur la réouverture des centaines d’établissements scolaires dans le delta central et dans la partie septentrionale de notre pays, fermés depuis le début de la crise politique et sécuritaire que vit notre pays.

Vous n’envisagez dans votre déclaration, aucune mesure sérieuse pour la sécurisation du milieu scolaire qui, au lieu d’éduquer et de former, tue nos enfants au sens propre comme au figuré.

Monsieur le Premier ministre,

La question de l’emploi constitue aussi un défi majeur pour notre pays et une bombe à retardement sociale. La Déclaration de Politique générale que vous nous avez présentée ne fournit nullement aucune solution pour résorber le taux de chômage exponentiel des jeunes, malgré la promesse de campagne du Président de la République de créer 200 000 emplois au bout de son quinquennat.

Sur le vote de confiance, p. 20

M. le PM,

Concernant le vote de confiance en votre gouvernement, souffrez M. le PM, que je ne le considère pas utile pour un gouvernement qui a déjà vécu le clair de son temps. Parlons plat et parlons vrai !

En raison de tout ce qui est évoqué ci-dessus, notre Groupe Parlementaire a décidé de ne pas vous accorder son quitus pour la mise en œuvre de cette déclaration de politique générale.

Merci à tous ! Salam.

Bamako, le 22 avril 2018

Président du Groupe
Honorable Amadou THIAM
Chevalier de l’ordre national du Mali.


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