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A la découverte de nos petits métiers/Profession : « Finigochila »

lundi 3 août 2015, par Assane Koné

« Finigocila » ou tapeur de bazin est en passe de devenir une profession au Mali et dans certains pays de la sous-région ouest africaine où ce tissu venant d’Allemagne s’est installé en demeure au cœur des habitudes vestimentaires. Au Mali, sans risque de se tromper, l’on pourrait dire que le secteur « des tapeurs » de bazin se professionnalise. Allons à sa découverte.

Après la teinture et la main experte d’un bon couturier, le bazin amidonné ne recouvre son éclat que s’être passé chez le « finigochila » ou tapeur de bazin. Et, cela est connu de tous ceux qui affectionnent la bazin. Certains vous diront que le bazin amidonné à peur du fer à repasser, donc du blanchisseur, mais aime les coups du « finigochila ».

Donc au Mali, en principe, le bazin qu’il soit « riche » ou « moins riche », en d’autres termes de bonne ou de moindre qualité, il ne se repasse pas. Avis de connaisseurs.

Pour qu’il reste éclatant et rayonnant lorsqu’il est porté, on l’emmène chez le tapeur communément appelé « finigochila ». A cet effet, son assistance professionnelle est requise. Et comme l’occasion fait le larron, depuis des lustres des gens se sont dédiés à cette activité.

Généralement, ce sont des saisonniers, venus des régions, qui investissent ce secteur d’activité de l’artisanat en vue de tirer leur épingler du jeu. Ils y font d’une pierre deux coups. En fuyant le désœuvrement, ils y gagnent leur vie et subviennent à leurs besoins. Souvent, certains parviennent même à envoyer de l’argent à leurs parents au village. C’est le cas de Hamidou, un jeune tapeur. Il subvient convenablement à ses besoins.

Sous un hangar fabriqué pour les besoins de la cause. Le plus souvent en paille. Hamidou et son compère assis face-à-face et munis de maillets en bois qui pèsent environ 2 kilos, frappent le tissu de bazin, pendant de longues minutes sur un gros morceau de bois rectangulaire. « Nous devons taper, plus ou moins fort, sur le Bazin, jusqu’à lui donner un aspect très chatoyant et brillant, afin qu’il retrouve toute sa splendeur », nous a indiqué Hamidou.

Ousmane Coulibaly, un autre tapeur de bazin, est formelle. « La force de frappe varie avec la qualité des tissus », a-t-il déclaré. Selon lui, tous les bazins ne se tapent pas de la même manière. « Un bazin de moindre qualité sera frappé moins fortement afin que les fibres ne soient pas détériorées », a-t-il indiqué.

Payant, mais très pénible

Brama Thiero, un tapeur de bazin, installé dans les environs de la Radio Kayira à Djelibougou, avec sa petite taille, à l’allure d’un catcheur, pour ne pas dire d’un loubard, communément appelé « gros bras ». Il a le haut du torse exceptionnellement développé, avec des biceps au-delà de la normale. « J’étais tout mince quand je venais pour la première fois à Bamako. Mais avec, mon travail qui n’a rien à envier à celui d’un sportif, j’ai fini par avoir cette allure », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter rapidement que le travail de tapeur de bazin est payant, mais pénible et difficile.

Hormis les difficultés physiques, avec un corps permanemment courbaturé, au début, mais qui passe vite avec le temps, les « finigochila » sont confrontés à des difficultés. Des cas détérioration des bazin de certains clients et des cas de vols, sont souvent des difficultés qui assaillent les finigochila. « Il y a des clients qui pardonnent, mais certains nous obligent à payer. Il faut dire que ce sont des cas isolés, parce qu’il y a une confiance exceptionnelle qui s’installent le plus souvent entre nos clientes et nous », a précisé Madou Coulibaly, un finigochila très respecté à Bakary Bougou.

Mais, ces difficultés sont souvent vites oubliées quand l’on évalue la recette journalière, après une journée de durs labeurs.

En cette période d’hivernage, où il pleut quasiment tous les deux jours, considérée comme la période morte, Madou Coulibaly a estimé sa recette journalière à 10 000 FCFA. « Mais à la veille des fêtes, période de grande affluence, nous allons souvent jusqu’à 25 000 FCFA de recette par jour », a-t-il ajouté.

Il y a finigochila et il y a finigochila. Enfin tous les finigochila ne sont pas logés à la même enseigne. Il y a ceux qui maîtrisent les pratiques de techniques souhaitées par la clientèle selecte. Il y a des finigochila spécialisé dans le « Kèmè gochili » ou la pratique de la technique qui coûte 500 FCFA au client et ceux qui s’adonnent au « bêgochi » qui coûte 1000 FCFA. Mieux de plus en plus des finigochila sont en train de devenir des adeptes du « Papier ni » qui coûte au moins 2000 FCFA. Cette dernière technique, fait appel à l’usage de la cire de bougie. Mais le prix semble dissuasif. A part quelques gros bonnets, la majorité des porteurs de bazin est abonnée au « bêgochi ».

Moussa Mallé SISSOKO

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