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Weekend Culturel du CCK : La Compagnie Kènè’Art a émerveillé le public avec sa pièce « Ma Rivale »

lundi 14 octobre 2024, par Assane Koné

« Ma rivale » est le titre de la pièce de théâtre que la Compagnie Kènè’Art a proposé au public ségouvien le vendredi 27 septembre 2024, dans le cadre du Weekend culturel du Centre Culturel Korê de Ségou. Le génie créatif de cette compagnie l’a conduit à inscrire sa prestation dans un mélodrame construit autour du dilemme cornélien d’un soldat qui va devoir choisir entre sa femme et sa mission d’être au front.

Dans notre environnement commun, la notion de rivalité fait le plus souvent appel à un combat épique entre deux coépouses. Ici, nous sommes loin des coépouses communément admises, dès qu’on parle de rivalité dans notre société. Bien qu’étymologiquement, la rivalité est considérée comme une « concurrence de deux ou de plusieurs personnes qui aspirent ou qui prétendent à la même chose », l’auteur du texte dans une démarche très futée, est parvenu à créer une rivalité entre l’épouse d’un soldat et le fusil de combat du soldat.

Le metteur en scène, dans une approche de comédie tragique, a plongé la salle dans une multitude d’émotions, pratiquement dans toutes les scènes, du début jusqu’à la fin de la pièce.

Préoccupé par la vengeance de la mort de sa mère, tuée par des extrémistes violents, dès les premiers champ de coq qui coïncident avec l’appel à la prière de fadjr par le muezzin, un soldat, sac au dos, rangers aux pieds et fusil en bandoulière, s’apprête à monter au front. Mais, il n’avait pas compté avec la témérité de son épouse.

Amoureuse dirait-t-on. Mais, extrêmement jalouse sur les bords, elle ne va pas cacher à son époux sa volonté de le voir lui confier une partie de son être, avant son départ. Pas trop convaincu du retour de son époux de là, où il s’apprête à aller, elle a carrément exprimé le vœu d’avoir en elle, un enfant de lui, avant qu’il ne monte au front. Mécontente, ou insatisfaite de la réalisation de son souhait, dans une colère indescriptible, elle va dire : « va et lâche moi seule, sans nos intimités… ».

Une fois, sur le champ de bataille, celui qui a intégré l’armée pour assouvir la vengeance de la mort de sa mère, va se retrouver dans une tourmente quand on lui demande d’exécuter un ordre illégal : tuer des innocents. Au même moment, dans un autre site, probablement pas trop loin, des extrémistes violents sèment la terreur.

Après avoir égorgé une dame, victime de leur viol, sous les projecteurs de caméras, les extrémistes violents vont donner leurs motivations. Certains diront qu’ils ont rejoint le mouvement pour se faire de l’argent, parce que longtemps désœuvrés. « Avant de m’engager dans le mouvement extrémiste, j’étais désemparé, désœuvré et sans emploi et extrêmement pauvre. C’est sur les conseils d’un ami que je me suis engagé. Et, le coup d’essai, fut un coup de maître. Ma première mission qui consistait à la destruction d’un village, m’a permis d’avoir les premiers 5 millions de sa vie. Et, depuis, je ne peux plus m’arrêter. Je viole et je tue pour avoir de l’argent », a expliqué l’un des acteurs violents.

D’autres par contre, ne s’en cachent pas. Ils pensent ainsi, être dans les bonnes grâces de Dieu. « Nous sommes dans les mouvements extrémistes de père en fils, pour la gloire de Dieu, dans l’espoir d’avoir une place spéciale au paradis », a lâché l’un d’entre eux. Le tout en scandant, à gorges déployées pour montre leur détermination, des slogans hostiles à la tranquillité mondiale : « A bas la tranquillité sur la terre ! Ma vie s’est de tuer ! Vivre de la gâchette et engagé que pour Allah… ».

Entre temps, lors d’une embuscade, l’affrontement va tourner en faveur des forces loyalistes, symbolisées par notre soldat. « Agent 1219, pour l’opération zombie noire, tous exterminés » est le compte rendu qu’il fera à ses supérieurs pour les informer de l’issu du combat. Mais, sa joie sera de courte durée. A sa grande surprise, il sera face à son épouse sur le champ de bataille.

Aveuglée par l’amour, mais encore plus par la jalousie maladive qu’elle a développée contre le fusil de combat de son époux, elle va rejoindre son époux au front, dans l’espoir d’avoir des moments d’intimité avec lui. Malgré, les cadavres, autour d’eux, elle va exiger que son époux lui accorde des moments d’intimités comme il le fait avec son arme de combat qu’il chérit tant.

Dans ces décombres de guerre, dans une discussion à l’allure d’un monologue, le metteur en scène oppose l’amour qu’un soldat peut avoir pour son fusil, à l’amour qu’il a pour sa femme, comme si choisir l’amour de la femme chasse à jamais l’amour des armes.

Et, comme, il n’y a aucune manière de tuer certains amours, monsieur le soldat et épouse téméraires vont mourir l’un dans les bras de l’autre, sous les balles assassines des extrémistes violents.

En dénonçant les mouvements extrémistes violents, la pièce de théâtre « Ma rivale » de la Compagnie Kènè’Art, met l’accent sur les grands sacrifices des épouses des soldats engagés dans la défense de la patrie. Elles y perdent même leur vie, au côté de celle de leur mari.

Assane Koné


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