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Ségou’Art/Festival sur le Niger 2024 : La part des artistes africains dans le marché du streaming musical au centre des préoccupations

mardi 6 février 2024, par Assane Koné

« Marché du streaming musical et rémunération des artistes » est un thème qui a occupé une place de choix dans la première table ronde organisée le jeudi 1 février 2024, à Ségou, dans le cadre de la 20e édition de Ségou’Art/Festival sur le Niger.

Pour discuter de cette problématique éminemment importante pour la survie des artistes musiciens africains dans un monde de plus en plus en plus numérisé, la Fondation du Festival sur le Niger a fait appel à des experts qui ont ont une connaissance pointue de la question.

Selon Djibril Guissé, Coordinateur général de Ségou’Art/Festival sur le Niger, a indiqué que la table ronde sur le thème « Marché du streaming musical et rémunération des artistes », vise à créer un cadre d’échange et de partage de bonnes pratiques entre les acteurs clés de l’industrie musicale. Il a estimé que cela pourra garantir un écosystème viable pour les créateurs de musique et asseoir une stratégie de distribution autour du streaming capable de booster l’industrie musicale en Afrique. Il dira que toute cette stratégie vise à permettre aux artistes musiciens de mieux vivre du fruit de leurs œuvres.

Sous la modération du Professeur Ibrahima Wane de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar et Directeur académique de l’Institut Kôré des Arts et Métiers (IKAM) de Ségou, Aziz Dieng du Sénégal et Guy Constant Neza de la Côte d’Ivoire, ont présenté toute la difficulté pour les musiciens africains de bénéficier de rémunération du marché du streaming musical sur le continent. Ce fut une belle occasion pour explorer les avantages du streaming musical sur les artistes africains. Malheureusement, mettant les opportunités qui offrent aux artistes africains sont confrontées à des défis qui semblent dépasser le cadre d’un seul état africain pris tout seul.

D’entrée de jeu, Aziz Dieng a attiré l’attention des participants à la table ronde sur le fait que malgré que le marché mondial du streaming musical continue de prospérer, les artistes africains se trouvent à la croisée des chemins, naviguant entre les opportunités offertes par la diffusion numérique et les défis persistants liés à la rémunération équitable. « L’émergence de plateformes de streaming telles que Spotify, Deezer et Apple Music a apporté un vent de changement au paysage musical africain », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter qu’avec un accès facilité à une bibliothèque musicale mondiale, les auditeurs africains ont désormais la possibilité d’explorer un éventail plus large de genres et d’artistes. A la limite, il a estimé qu’à la date d’aujourd’hui, les musiciens africains ne tirent pas profit du marché mondial du streaming musical.

Pour gouverne des participants à la table ronde, il a levé le voile sur le modèle économique des plateformes de téléchargement. Selon lui, les plateformes de streaming offrent des modèles de monétisation diversifiés, en passant de différentes propositions d’ abonnements, jusqu’à la consommation de la publicité.

Pour sa part, Guy Constant Neza a insisté sur le fait que ces plateformes donnent la possibilité aux artistes africains d’atteindre un public international. Selon lui, elles éliminent les barrières géographiques et plongent les mélomanes dans une sorte d’univers musical sans frontière. « D’un village malien ou de la Côte d’Ivoire ou du Sénégal et de n’importe où sur le continent, il suffit d’avoir Internet pour accéder à toutes les offres musicales sur les plateformes de streaming », a-t-il déclaré.

Les deux intervenants ont été unanimes pour admettre que d’énormes défis demeurent avec ses applications. Ils pensent d’abord que les artistes africains et les politiques qui gouvernent nos états n’arrivent pas encore à comprendre cet univers qui pourraient être une véritable sources de revenus.

Plus précis, Guy Constant Neza a dénoncé la répartition inégale des revenus issus du marché du streaming de la musique . « Bien que le streaming augmente les revenus globaux de l’industrie musicale, la manière dont ces revenus sont répartis entre les artistes, en particulier les artistes africains, reste souvent inéquitable », a-t-il décrié. Pour lui le faible taux de rémunération qui ne se justifie pas serait la cause principale.

Et, la sempiternelle question de l’absence de nos états là où on doit défendre les intérêts des acteurs du développement du continent africain, est revenue sur la table. Quelle est la responsabilité de nos Etats dans le non-paiement des revenus de streaming aux artistes africains ?

Après avoir admis la responsabilité des états africains, les deux experts ont proposé que face à la reconnaissance mondiale de la musique africaine, les gouvernements des états africains doivent jouer un rôle crucial pour garantir une rémunération équitable des musiciens africains par les plateformes de streaming qui ne sont pas africains. Par exemple, il a été suggéré aux états africains de mettre en place des infrastructures financières efficaces pour faciliter le transfert rapide et transparent des revenus de streaming aux artistes. Ils doivent pouvoir aussi jouer un rôle prépondérant dans l’élaboration de réglementations qui garantissent une répartition équitable des revenus, notamment pour ce qui concerne les taux de rémunération par flux par les plateformes de streaming.

Et, ici, la plateforme Youtube a été taxée de mauvais payeur. A la limite si certains intervenants n’ont pas pensé qu’elles suce le sang des producteurs africains de contenus pour s’enrichir d’avantage. Il est ressorti des débats que Youtube refuse de payer les artistes africains et autres producteurs de contenus, au motif que le niveau de publicité en Afrique ne peut pas permettre de donner de rémunération aux artistes africains. « Comment comprendre que dans notre sous région francophone, seuls les artistes sénégalais arrivent à percevoir des revenus de streaming », s’est interrogé Guy Constant Neza.

Pour faire face à cette problématique, il a été suggéré à nos états de créer un cadre entre les artistes et les plateformes de streaming pour engager un dialogue constructif pour une résolution définitive de rémunération des artistes africains qui broient le noir malgré qu’ils sont écoutés partout dans le monde.

Mieux, des intervenants ont suggéré que la problématique soit portée par l’Union Africaine pour une discussion globale, comme cela a été le cas sur d’autres continents.

Ensuite, le samedi 3 février 2024, il y a eu une 2e table ronde sur le thème « art, eau et changement de comportement ». Elle a consisté à créer un cadre de discussions pour appréhender les défis du changement de comportement face à la problématique de l’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement (EHA).

Assane Koné


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