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SOTRAMA PHOTO : Quand « le métro vert » de Bamako devient un prétexte de popularisation de l’art de la photographie

samedi 12 février 2022, par Assane Koné

« Studio mobile au cœur du quotidien de la population malienne », est la dénomination de la nouvelle trouvaille artistique que l’Association des femmes photographes et artistes du Mali va mettre en œuvre du 5 au 30 mars 2022. Le Jeudi 10 février 2022, cette initiative était au centre d’une conférence de presse animée au Centre Soleil d’Afrique à l’ACI-2000.

« En transformant une SOTRAMA (mini-bus) en studio photo mobile, Il s’agit de transformer le temps de transport quotidien en un temps de réflexion sur soi et sur la ville », a indiqué Fatoumata Tioyé Coulibaly, vice-présidente de l’Association des femmes photographes et artistes du Mali (AFPM).

Le principe consiste à louer une SOTRAMA et à lui donner un point de départ et un point d’arrivée (une ligne). Pour la circonstance, l’apprenti sera remplacé par un humoriste. « Dans notre démarche, l’apprenti, un acteur, attirera les passagers par le biais de l’humour et du conte. Il leur expliquera en quoi la SOTRAMA Photo, tout en restant un moyen de transport, est différent des autres », a ajouté Fatoumata Tioye Coulibaly.

Selon elle, le temps du trajet, les passagers seront invités à se laisser photographier par une photographe, membre de l’Association des femmes photographes du Mali. « Alors que la ville s’étalera autour d’eux, le passager et la photographe dialogueront autour de thèmes du quotidien, travailleront ensemble à l’élaboration commune d’un portrait et discuteront aussi d’enjeux et de problématiques sociales ordinaires », a indiqué la conférencière. Avant d’ajouter que les discussions feront également l’objet de films réalisés par l’équipe de l’AFPAM

Et, pour pousser le concept jusqu’au bout de sa logique, l’AFPAM a prévu de prendre toutes les dispositions pour transformer la SOTRAMA en galerie éphémère, le temps d’une journée, où seront accrochées les portraits réalisés au fur et à mesure.

Mieux, chaque soir, la SOTRAMA photo s’arrêtera dans un quartier pour une exposition, soit chez le Chef de quartier ou dans un espace public. « En collaboration avec un cinéma mobile, les images et des extraits de films réalisés dans la journée, seront présentés à la population », a ajouté Fatoumata Tioye Coulibaly. Selon elle cette démarche vise à amener la population à s’intéresser à la photographie artistique.

De telles initiatives sont nécessaires au Mali, afin que notre pays, surtout sa capitale mérite le titre de capitale africaine de la photographie. Effectivement, à l’instar de Ouagadougou, Dakar et Abidjan qui se sont positionnées pour être respectivement les capitales africaines du cinéma (avec le FESPACO), des arts plastiques (avec Dak’Art) et des arts du spectacle (avec le MASA), Bamako doit pouvoir mériter son titre de capitale africaine de la photographie, à travers les Rencontres africaines de la photographie que notre pays organise tous les deux ans. Mais, malheureusement, cette activité culturelle en direction de l’Afrique et de sa diaspora peine depuis des années à avoir un caractère populaire. Si cela est dû à la spécificité de cette discipline artistique, il faut aussi admettre qu’il n’y a pas eu suffisamment d’initiatives pour populariser l’art de la photographie artistique au Mali. D’où tout le mérite de cette initiative de l’Association des femmes photographes et artistes du Mali (AFPM), qui consiste à mettre la SOTRAMA que bon nombre de bamakois appellent « le métro vert » de Bamako, au centre de la promotion de la photographie artistique, eu égard à son caractère d’espace de rencontre incontournable pour bon nombre de bamakois.

Selon Fatoumata Tioye Coulibaly, la SOTRAMA qu’on le veuille ou non, est le seul service de transport en commun au Mali qui quadrille la ville de Bamako avec de nombreux minibus verts reconnaissables par tous les habitants de Bamako et nécessaires aux transports quotidiens de chacun. Mieux, elle a indiqué qu’au fil des ans, ces mini bus sont devenus des symboles dans la ville. « Ces minibus sont des symboles d’une poésie ordinaire teintée parfois d’exotisme pour les étrangers (qui raffolent des messages floqués sur la carrosserie des véhicules), et symboles d’une ville en proie aux embouteillages et aux difficultés pour toutes celles et ceux qui connaissent les SOTRAMA de trop près car ils les empruntent tous les jours », a-t-elle indiqué.

Et, c’est sûrement pour tout cela que l’AFPM a décidé de transformer ces minibus en studio photo mobile. « Nous allons inviter les populations à transformer le temps de leur transport quotidien en temps de réflexion sur eux, sur la ville, mais surtout les amener à comprendre la photographie, la discipline que nous avons choisie pour nous exprimer artistiquement », a-t-elle expliqué.

Avant que d’ajouter qu’il a été prévu de faire suivre toutes les projections de discussions avec le public. Mais, en plus des domiciles des Chef de quartiers et des places publiques, Fatoumata Tioye Coulibaly a indiqué certains jours, la SOTRAMA photo s’arrêtera dans des écoles, ou dans des emplacements stratégiques pour dispenser des formations en photographie et offrir faire des portraits et les offrir à celles et ceux qui le souhaitent.

Elle a aussi ajouté que tous les portraits réalisés et les vidéos réalisés dans le cadre de cette initiative feront l’objet d’une exposition dans toutes les galeries de Bamako et en France dans la galerie NEGPOS, partenaire du projet financé par ACCES CULTURE, une initiative de Culture France et de l’Agence française de développement.

Assane Koné


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