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Quinzaine de l’environnement 2018 : A partir de Koulikoro le Mali lance une croisade contre les déchets plastiques

jeudi 7 juin 2018, par Assane Koné

Après Ségou, Sikasso, Kayes et Mopti, c’est à Koulikoro, la cité du Méguetan, que le Ministère de l’environnement, de l’assainissement et du développement durable, a lancé la 19e édition de la Quinzaine de l’environnement.

Depuis, bientôt 19 ans, chaque année le Mali dédie 15 jours à une campagne toute azimut sur les changements de comportements en faveur de la protection et de la promotion de l’environnement, donc du cadre de vie. Chaque année, la Quinzaine de l’environnement ou la Quinzaine de communication en faveur de la protection et de la préservation de l’environnement, commence le 5 juin, journée mondiale de l’environnement et prend fin le 17 juin, Journée Internationale de lutte contre la désertification.

Et, cette année, Soumeylou Boubeye Maïga, Premier ministre du Gouvernement malien, accompagné de Mme Keita Aïda M’bo, ministre de l’environnement, de l’assainissement et du développement durable et de Aboubacar Koulibaly, Directeur Pays du PNUD et Coordinateur du Groupe thématique environnement/changement climatique des partenaires techniques et financiers du Mali, a présidé à Koulikoro, à l’Esplanade de la COMANAV, le lancement des activités de la 19e édition de la Quinzaine de l’environnement.

Cadre parfait de communication pour un changement de comportement

« Cette 19e édition de la Quinzaine de l’environnement couple deux journées, à savoir : le 5 juin, journée Mondiale de l’environnement, placée sous le thème ‘’Combattre la pollution plastique ‘’ et le 17 juin, Journée Internationale de lutte contre la désertification, placée sous le thème ‘’La terre a de la valeur. Investissez-y !’’, a indiqué Ely Diarra, Maire de la ville de Koulikoro. Selon lui, ces 2 thèmes choisis cette année sont venus à point nommé car cadrant avec certains grands projets initiés par la Mairie de Koulikoro. Il a rappelé le projet de reboisement à travers la ville de Koulikoro et ses environs afin d’atténuer les effets des changements climatiques et le projet de gestion des déchets solides.

Il a ensuite estimé que la Quinzaine de l’environnement est un cadre parfait de communication pour un changement de comportement. « Conscient de l’importance des questions environnementales dans l’amélioration du cadre de vie des populations, la Mairie a toujours placé à la tête de ses priorités les aspects liés à l’environnement notamment : le curage des caniveaux, le balayage des rues, le ramassage des ordures ménagères, l’entretien des espaces verts, des bosquets et le reboisement urbain », a indiqué le Maire de la cité du Méguétan.

Il a souhaité que cette 19e édition de la Quinzaine donne l’occasion à tous les citoyens de s’engager résolument autour des questions de sauvegarde de l’environnement. Cependant, il a estimé que cet engagement, a besoin de l’accompagnement fort de l’état car la commune dispose de ressources limitées.

Le message du Secrétaire Général de l’ONU

Pour sa part, Aboubacar Koulibaly, Directeur Pays du PNUD et Coordinateur du Groupe thématique environnement/changement climatique des partenaires techniques et financiers du Mali, a salué la tradition de l’organisation de la Quinzaine de l’environnement, qui se présente comme un fort moment de concertations et de dialogue avec tous les acteurs autour des enjeux environnementaux et des défis liés aux changements climatiques et à la gestion durable des ressources naturelles. « La Quinzaine de l’environnement est évènement qui a trouvé sa place dans l’agenda du Gouvernement du Mali », a-t-il estimé.

Le Représentant Résident du PNUD, est ensuite revenu sur le message du Secrétaire Général de l’ONU, qui réserve une place de choix à la pollution plastique. « De la santé de la terre dépendant la prospérité et la paix futures. Chacun de nous a un rôle à jouer pour protéger notre planète, qui est la seule que nous avons », a-t-il rappelé. Avant d’ajouter que « Mais, il est parfois difficile de savoir quoi faire et par où commencer. En cette Journée Mondiale de l’environnement, le Secrétaire général des Nations Unies, dira que le mot d’ordre unique est : « Vaincre la pollution liée aux plastiques ». Selon lui, notre monde est envahi par les déchets plastiques nocifs. Selon lui, chaque année, plus de 8 millions de tonnes de ces déchets sont déversées dans les océans. « Il y a aujourd’hui plus de microplastiques dans les mers du globe que d’étoiles dans toute la Galaxie », a-t-il indiqué. Avant d’affirmer que « des îles les plus reculées jusqu’au pôle Nord, aucune région n’est épargnée. Si la tendance actuelle se poursuit, il y aura en 2050 plus de plastique que de poissons dans les océans ». En ce qui concerne le message de la journée mondiale de l’environnement, il dira que le message est simple : bannissez les produits en plastique à usage unique. Refusez ce que vous ne pouvez pas réutiliser ». Pour terminer, il dira qu’ « ensemble, nous pouvons ouvrir la voie à un monde plus propre et plus vert ».

Des questions essentielles dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques et la préservation de l’environnement

Pour sa part, le Représentant Résident du PNUD a estimé qu’il s’agit d’une invitation adressée aux institutions étatiques, aux collectivités territoriales, aux partenaires techniques et financiers, au secteur privé, aux organisation de la société civile, à la communauté scientifique et universitaire afin de renforcer davantage les efforts pour combattre et inverser la tendance actuelle de la pollution plastique et de la dégradation des ressources naturelles afin d’améliorer notre cadre de vie.

Après avoir salué les avancées au Mali, le Représentant Résident du PNUD a souhaité qu’une attention particulière soit mise sur certaines préoccupations. Ce sont : l’application des textes relatifs à la pollution plastique ; la nécessité d’appréhender dans une approche intégrée le lien dialectique entre Changement climatique et conflits dans le monde et plus particulièrement dans les pays les plus vulnérables au Changement climatique ; l’accélération de la mise en œuvre du plan d’actions de la politique nationale forestière ; le transfert effectif aux Collectivités Territoriales, des ressources liées à l’exercice des compétences transférées notamment dans le cadre de la gestion des ressources forestières et fauniques afin de sauver les forêts et la faune qui sont des socles du développement local durable, mais malheureusement en proie à l’exploitation anarchique et frauduleuse ; l’accélération de la mise en œuvre du plan d’investissement de la contribution déterminée au niveau national (CDN) avec notamment l’adaptation de la nomenclature budgétaire de l’Etat aux enjeux multiformes des changements climatiques et au financement climatique, indispensable à la mobilisation des ressources internes et externes ; l’adoption des projets de textes relatifs aux évaluations environnementales et l’audit environnemental intégrant les changements climatiques car ils sont incontournables dans la prises en compte des Changements climatiques dans toutes les politiques, plans et programmes de développement indispensables à la mise en œuvre de la contribution déterminée au niveau national.

« Ces questions sont essentielles aujourd’hui dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques et la préservation de l’environnement, des ressources naturelles et de la biodiversité », a-t-il déclaré.

Il a ensuite noté avec beaucoup de plaisir que l’organisation de la Quinzaine de l’environnement s’est beaucoup adaptée ces dernières années tant en termes de visibilité, d’adéquation du thème avec les lieux de célébration et de pertinence des actions de communication et de sensibilisation.

Il a salué le choix de la région de Koulikoro qui lui semble être significatif, car cette région représente un condensé de problématiques et d’opportunités écologiques, économiques et sociales qui doivent être prises en charge avec le concours de toutes les parties prenantes.

Et, comme pour lui, la Quinzaine de l’environnement est un moment de prise de conscience et d’engagement, il a exprimé l’engagement des Partenaires techniques et financiers du Groupe thématique environnement et changements climatiques à accompagner le Gouvernement du Mali pour soutenir ses efforts pour une gestion plus durable des ressources naturelles, du cadre de vie et la lutte contre les pollutions et les nuisances de toutes sortes.

La sensibilisation du public est d’une importance vitale

« Dans les conditions instables du milieu de vie, soumis à des risques toujours menaçants de désertification, de dégradation des terres et de sècheresses, la lutte contre la pollution plastique s’inscrit impérativement dans la réalisation d’un monde sans dégradation des terres et des eaux », a indiqué Mme Keita Aïda N’bo, ministre de l’environnement, de l’assainissement et du développement durable. Avant de dire que dans un tel contexte, la gestion durable des terres et des eaux implique en conséquence de promouvoir des modes de production et de consommation propres et respectueuses de l’environnement, pour une durabilité environnementale plus accrue.

Mme le ministre a fait constater que les questions urgentes de valorisation de la terre et de l’investissement foncier, sont intimement liées aux politiques et programmes d’assainissement et de gestion des déchets. Selon elle, les déchets plastiques non biodégradables, dont la durée de vie varie de 100 et 400 ans, constituent de fait, un frein à l’investissement foncier et une menace pour la productivité agricole, pastorale, forestière, faunique et piscicole.

« La sensibilisation du public à propos de ces questions est donc d’une importance vitale, non seulement en ce qui concerne les conséquences négatives de la pollution plastique sur les espèces au niveau des différents biotopes, mais aussi ses effets sur la GDTE quant aux possibilités qu’elle peut ouvrir pour la mise en place actuelle et future de pratiques plus durables de gestion des terres », a indiqué Mme le Ministre. Avant de déclarer que « nous sommes à Koulikoro pour célébrer la Quinzaine de l’environnement,… afin de mettre en place un partenariat national pour enrayer la pollution plastique à travers des propositions concrètes de soutien à la durabilité environnementale ».

La pollution plastique prend de plus en plus des proportions inquiétantes dans le pays

Selon elle, presque partout au Mali, la problématique des déchets plastiques se pose avec acuité à toutes les villes et campagnes. « Actuellement, les déchets envahissent dangereusement les habitations, les champs, les pâturages et les cours d’eau », a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter que la pollution plastique prend de plus en plus des proportions inquiétantes dans le pays et participe à la dégradation des terres, à l’érosion de la biodiversité, à la décimation de la faune et du cheptel domestique, compromettant dangereusement la sécurité alimentaire et la fourniture des services écosystémiques.

Mme le ministre est convaincu que faute de solution, à long terme, le Mali serait confronté à d’importants problèmes écologiques à cause de la pollution plastique. « Les déchets plastiques n’auront pas seulement une incidence sur les disponibilités alimentaires, ils mèneront aussi à une détérioration du cadre de vie des populations déjà vulnérables aux changements climatiques », a-t-elle ajouté.

Elle a rappelé l’adoption de la loi portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation des sachets plastiques non biodégradables en République du Mali. Cependant, elle a estimé que l’application de cette loi est un devoir pressant pour tous les usagers sur l’ensemble du territoire malien.

Mme le ministre a estimé que pour parvenir à une dégradation zéro des sols, les utilisateurs de sachets plastiques, le client d’une pharmacie, la ménagère qui fait ses courses au marché, l’acheteur chez l’étalagiste, le vendeur de sachets d’eau en plastique, etc devront, chacun en ce qui le concerne adopter de nouveaux réflexes à travers une attitude plus écologiste.

Pour la cause, Mme le ministre a appelé à la citoyenneté environnementale de l’ensemble des PME et PMI du Mali pour trouver une solution de rechange à l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables.

En sa qualité de parrain de la 19e édition de la Quinzaine de l’environnement, Soumeylou Boubeye Maïga, avant de déclarer le démarrage des activités de cette édition, a tenu à préciser que la défense de l’environnement est inscrite dans la constitution malienne.

Pendant deux semaines plusieurs activités de communication allant dans le sens de la sensibilisation de la population auront lieu à travers tout le pays.

Assane Koné


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