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Fête de la Musique et Célébration des 75 ans du CIM : Ségou danse grâce à la Fondation du Festival sur le Niger

mercredi 26 juin 2024, par Assane Koné

La Fondation du festival sur le Niger a fait danser la population de Ségou dans le cadre d’un concert géant. L’édition 2024 de la fête de la musique a été célébrée en grande pompe à Ségou le 22 juin 2024. Cet événement a été couplé à la célébration du 75e anniversaire du Conseil International de la musique, dont notre compatriote Mamou Daffé assure la vice-présidence.

En principe, la fête de la musique est célébrée tous les 21 juin, jour du solstice d’été, qui est la nuit la plus courte de l’année dans l’hémisphère nord. Il faut rappeler que ce jour symbolique signe le début des beaux jours. Malheureusement pour les mélomanes, et sûrement heureusement pour les agriculteurs, cette nuit a été une nuit de pluies dans plusieurs localités du Mali, notamment à Ségou. Du coup, dans la cité des 4444 Balazans, la fête de la musique a été reportée au 22 juin 2024.

Et, cette nuit-là, comme la météo était clémente, la fête fut belle. Et, cela ne pouvait se faire autrement. Pour le Concert géant sur les berges du fleuve Niger, la Fondation du Festival sur le Niger en collaboration avec Kôrè Ingénierie, a fait appel à des artistes qui symbolisent différentes aires culturelles du Mali. « Cette programmation contribue à la dynamique de promotion de la diversité culturelle, la paix et l’unité, thème de la 21e édition de Ségou’ Art/Festival sur le Niger », a indiqué Bréhima Coulibaly, responsable du volet programmation musicale de Ségou ’Art/Festival sur le Niger.

Pour sa part, Mamou Daffé, vice-président du Conseil International de la Musique, a indiqué que le Conseil International de la Musique (CIM) est le plus grand réseau mondial d’organisations et d’institutions œuvrant dans le domaine de la musique, fondé en 1949 par l’UNESCO. « Le CIM célèbre cette année, 75 ans de plaidoyer pour un accès à la musique pour tous, et de promotion des 5 Droits de la musique », a-t-il déclaré. Il a rappelé que depuis la création du Festival sur le Niger en 2005, cette manifestation a toujours œuvré pour la promotion des droits de la musique, notamment en ce qui concerne l’accès à la musique pour tous, le droit pour les artistes musicaux de développer leur art et de le communiquer à travers tous les médias, mais également d’obtenir une juste reconnaissance et rémunération équitable pour leur travail.

Ce soir-là, les mélomanes de la cité des Balazans et des invités venus de Bamako, se sont mobilisés dès les premières heures de la soirée pour apprécier des prestations artistiques en live sur la grande scène montée dans la cour de la Fondation du Festival sur le Niger.

Pour cette belle soirée, les initiateurs ont eu la merveilleuse idée de faire jouer en première partie les trois lauréats du Koré Hip-Hop 2023 : Fresh K ( le premier ), Efferalgan ( le deuxième) et IMD ( le troisième). De la finale du Koré Hip-Hip 2023, à la fête de musique 2024, les trois lauréats ont désormais pris confiance. Ils sont de plus en plus sûrs d’eux. Et, innovent dans leur prestation sur scène. Ils savent désormais chanter et ils ne se font pas prier pour le prouver. Ajouter à cela une belle prestation scénique, ils n’y a rien à dire, il va falloir compter avec ces jeunes artistes dans quelques années.

En plus de ces jeunes artistes qui se bonifient au fil des concerts, le public de Ségou a eu l’opportunité de revoir sur scène des artistes comme : Delphine Moukoro, Amanar de Kidal, les rappeurs BIFENIX et Rokia Koné.

Pour ce qui est du concert géant, Delphine Mounkoro, qui a commencé timidement sa carrière musicale, a prouvé qu’elle est en pleine ascension pour s’affirmer comme une élite de la musique de l’air culturelle bwa. Dans une maîtrise parfaite de la scène, accompagnée par un orchestre de cinq musiciens dont chacun maîtrisse à merveille son instrument, Delphine Mounkoro a égrené quelques titres de son répertoire désormais riche de plusieurs morceaux. C’est aussi, le lieu de saluer cette symbiose qu’elle arrive facilement à construire avec son public. Danse et chants ont été mis à contribution pour émerveiller les mélomanes qui ont bien voulu faire le déplacement.

Après avoir proposé 4 titres de son répertoire, les mélomanes ont été invités à faire un petit voyage du pays bwa, vers les étendues de terre de Kidal. Et, pour ce voyage, ils ont été transportés par les sonorités rares du groupe Amanar. Tout comme dans le pays bwa avec Delphine Mounkoro, Hamed et ses musiciens à la faveur de l’interprétation de 5 à 6 titres de leur répertoire qui les amène sur des festivals à travers le monde, ont fait danser les mélomanes, avant de céder la scène au groupe BEFENIX.

Et, comme personne ne saurait parler de fête de la musique sans musique urbaine, la programmation du groupe BEFENIX, a résolu cette préoccupation. Ce groupe, malgré le fait qu’il a joué en play back, avait son public acquis à sa cause.

Dernière a monté sur scène, Rokya Koné très en verve ce soir-là, a convaincu plus d’un de son talent, que nous pensons insuffisamment exploité. La coqueluche des espaces d’animation de Bamako, est bourrée de talent. Par moment, l’on a l’impression qu’elle a un niveau de maîtrise des chants qui dépasse de loin son orchestre. Il n’y a rien à dire : Rokya Koné sait chanter. Elle a une maîtrise parfaite de sa voix. Mais, devra être extrêmement prudente en faisant la part des choses. Rokya Koné ne doit pas confondre les lieux qui la reçoivent pour ses prestations. Elle ne doit pas confondre une scène de concert avec un autre espace de prestation. La scène de concert a ses exigences qui ne doivent souffrir d’aucune fantaisie, au risque de paraître moins professionnel.

Nous n’avions jamais vu Rokya sur scène. Mais, celle que nous avons vue sur scène à Ségou, est une artiste qui pourrait avoir une autre trajectoire plus reluisante pour sa carrière si elle acceptait d’être prise en main par des professionnels. Si Rokya koné pouvait accepter de travailler avec des génies comme Bocana Maïga ou Cheick Tiadiane Seck, pour proposer un opus qui va l’ouvrir des horizons à l’international.

Nous le disons parce que nous avons été émerveillés par cette jeune dame qui est une véritable bête de scène. Rares sont les artistes maliens qui ont la chance d’avoir la qualité de voix de Rkya Traoré. Et, en plus elle maîtrise les techniques de chants. Si et seulement si, elle acceptait de se laisser prendre en main par des coaches d’un autre calibre dans le domaine de la musique. Tout compte fait, notre conviction est toute faite. Si rien n’est fait pour reprendre en main Rokya Koné par des grands managers et des arrangeurs de haut niveau, il faut craindre qu’elle ne soit la plus grosse perte de la musique malienne.

Malgré tout ce que l’on pourra dire, il va falloir admettre que Rokya Koné a un talent brut, qui a besoin d’être polir ou lustrer pour lui ouvrir des horizons universels. Et, à Ségou, nous avons eu l’impression que la princesse du blues à la sauce bambara, a toutes les possibilités pour devenir une reine. Mais, il va falloir une remise en cause, en sortant de la petite zone de confort qu’elle s’est offerte, pour s’installer dans de nouveaux starting blocs, afin de redonner une nouvelle dimension à sa carrière.

A l’issue du concert géant organisé dans le cadre de la fête de la musique 2024 et le 75e anniversaire du Conseil International de la musique, nous avons fait un constat d’ordre général valable pour tous les groupes qui ont presté ce soir-là : la disparition de la section vent. Même, le piano qui résistait encore comme instrument à vent, a été éjecté de la scène musicale par l’ensemble des groupes qui ont presté. Et, malheureusement, il nous a été donné de constater qu’à ce rythme où vont les choses la musique malienne est partie pour s’installer dans le règne de la percussion, avec la montée en puissance du djembé pour accompagner l’éternel batterie. De plus en plus, les groupes musicaux maliens ont tendance à ignorer la section et à s’installer dans des arrangements qui font une belle place à la percussion, souvent désagréable à l’écoute. La musique est harmonie. Soufrer qu’on le rappelle.

Assane Koné


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