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Biton blon ou les 7 vestibules de Biton : les passages obligés des visiteurs du roi
lundi 15 janvier 2024, par
Biton blon ou (les sept vestibules de Biton), fut le symbole de la puissance du royaume bambana de Ségou sous le règne de Biton Mamary Coulibaly dit Biton. Ce sont les passages pour tous ceux qui désirent voir le souverain autrement dit des épreuves rituelles des visiteurs du roi. C’est ici on reconnaît que la parole d’un homme est sacrée. Car, si tu échoue, tu tombes.
Une attraction touristique, construite en banco de couleur rouge, des portes en bois, à l’intérieur des piliers en bois et en banco qui démontrent la résistance. Le sanctuaire, Biton blon ou les 7 vestibules de Biton, a une grande signification. A commencer par le chiffre sept qui le caractérise. Dans la cosmogonie bamanan dans ce chiffre sont représentés les genres (l’homme et la femme). L’homme est représenté par le chiffre trois et la femme par le chiffre quatre. L’addition de ces deux chiffres représente l’homme et la femme. Cela explique pourquoi le roi Biton Coulibaly a érigé sept vestibules. La femme ainsi associée au pouvoir s’est trouvée dans l’obligation de le protéger et de l’entretenir. Biton blon se dressait majestueusement au sein du domaine royal il abritait les assemblées relatives à la gouvernance du royaume.
Le mercredi, 20 décembre 2023, à 10 heures passées de quelques minutes, sous un vent frais, plus d’une trentaine de journalistes, tous membres de l’union des journalistes reporters du Mali (UJRM), issus d’organes différents, avec leurs outils de travails sont prêts à aller visiter le site touristique à Sekoro, Biton blon (les 7 vestibules de Biton). Embarqués dans un mini bus, ils se dirigent vers Sekoro où siégeait le roi Biton Mamary Coulibaly dit Biton pour faire revivre l’histoire. Cette ville est située à proximité du village de Dougoukouna et Faro à 230 km de Bamako. Elle représente l’ancienne capitale du Royaume Bamabara, située en une dizaine de kilomètre de la cité des Balanzans (Ségou) sur la route de Bamako.
Arrivée sur place, impressionnée par l’architecture des maisons, avant d’aller à la découverte du riche patrimoine culturel dont regorge cette ville, l’UJRM a rencontré Kokèdjè Coulibaly. Il est le chef de village de Sekoro depuis plus de 30 ans, descendant du roi Biton Coulibaly. Vêtu en grand boubou traditionnel, blanc brodé par des fils verts, il porte des chaussures babouches blanches et un chapeau bien en vue. Assis dans sa concession sur une chaise faite en bois dure (kalaka) donne sa version sur l’histoire de Ségou et de Biton.
Comment est venu le nom, Sekoro et Sebougou ?
Selon Kokèdjè Coulibaly, avant on appelait Sekoro « djirikouroudjè » en français bois blanc. Plus clair, il dit que, Cheko Malamine, un Arabe, premier installé à « djirikouroudjè », quitta Siry, est venu trouver que des forêts à Djirikouroudjè, la place des génies. Il a construit la première mosquée au bord du fleuve. Il ajoute que, entre Sekoro et Ségou, il y a un village qu’on appellé actuellement « Sebougou » où siégeait les disciples de Cheko. C’est pourquoi, à l’époque on dénommait Cheko Malamine ka bougou devenu de nos jours Sebougou. Il précise qu’au temps de Cheko Malamine, les ascendants de Biton étaient à « Faah », ou ils ont quitté pour venir s’installer à Bèdougou Niamana. A cause de la chasse des animaux que Biton se trouve à Djirikouroudjè.
Continuant sur la même ligne, il raconte que, le roi Ngolo est de Nioala, son village natal. Il se retrouve à « djirikouroudjè » parce qu’il a été donné au roi Biton pour rembourser l’impôt « Nissongo) en bambara. Né avec 30 génies, il était prédit que Ngolo va devenir roi un jour, une nouvelle qui lui a fait parcourir presque le monde. Son oncle, le grand frère de son père, était contre ce fait de Dieu. Il s’est opposé à ce qu’il devienne roi. Qu’est ce qui s’est passé ? C’est pourquoi il a donné Ngolo à biton pour qu’il mette fin à sa vie, car pour lui et beaucoup d’autres à l’époque, Biton était considéré comme celui qui mettait fin à la vie des Hommes. C’est pourquoi on lui surnommait en bambara « Monkofaka donsso ». Mal interprétation, selon le chef de village de Sekoro, la vraie version c’est « monko konofadonsso » qui veut dire celui qui nourrit les Hommes. Ce qui l’amène à se pencher sur l’histoire de biton qui était un thaumaturge, doublé de Dosso. Son travail était, la pêche, la chasse, également guérisseur et ne demandait rien en échange. Il gardait ces viandes pour nourrir les autres.
A quand commença le règne de Biton ?
Le chef de village de Sekoro précise que, Biton devenu roi à l’âge de 40 ans et a fait 43 ans dans le pouvoir (1712-1755). A l’époque, pour revenir sur l’histoire de ces deux rois, il indique que, Biton à envoyer Ngolo à Tombouctou chez Mouctar Kabirou, un grand imam, un collaborateur de Biton, après avoir recu la nouvelle de Ngolo. Selon lui, ce grand imam aussi a prédit que Ngolo sera roi un jour. De ce fait, dit-il, Biton n’as pas mis fin à la vie de Ngolo, mais il l’a amené à un endroit, dans la brousse. A cet endroit, se trouve des gens appelé « Diadô » en bamabara, (bandits) en français. Ces derniers, leur travail est de vendre les humains à des barres (goulosso). Ce passage de l’histoire lui permet de nous édifier que l’appellation « Diadô », n’est pas une insulte mais c’était pour identifier ce groupe de personnes. Dans cette brousse, le roi Biton laisse Ngolo et lui dit : « Ngolo c’est ici que je peux te laisser », en bambara « ya yéné Seko dougou danyé » c’est comme ça le nom de Ségou est venu, « Seko dougou » est devenu aujourd’hui Ségou.
Des passages de l’histoire à revivre !
Un autre passage de l’histoire de Biton, par rapport à l’appellation « Tondjon ». il s’agit selon le chef Kokèdjè Coulibaly d’identifier les gens que le roi et ses guerriers ont pris lors des batailles. D’après le chef de village, ce mot est différent de camaraderie en bambara « Ntognonkô », qui est l’appellation des guerriers des bataillons de Biton. En ce temps, par respect, Biton a instruit à tout le monde de ne surnommer personne étranger ou esclave (Djon), car chacun se reconnait.
En outre, Kokèdjè Coulibaly nous dévoile les noms des trois mères de Biton, celui de son père, ses fils et ses filles. Il cite : Bassoro Sacko, Kabadjè Sacko, Yiribadjè Sacko et son père s’apellait Bodjoukou Coulibaly. Biton a eu trois garçons : Tièkoro, Dinkoro et Massatoma. Ses deux filles, Makoro et Batènè.
Le chef de village explique, Biton est devenu roi par voix de vote (kalata) en bamanakan, malgré toutes les tentatives pour faire échouer le fait de Dieu, c’est inné, d’une part c’est grâce à la Sirène des eaux (Faaroo) qui existe jusqu’à présent dans le fleuve de Sekoro et reçoit les sacrifices. Dès sa prise de pouvoir, d’après lui, Biton n’a rien imposé. Qu’il a toujours préféré le vivre ensemble, de travailler dans la main. Celui qui n’accepte pas cette collaboration est victime d’une déclaration de guerre. Il indique que Biton à régner sur 30 villages, partout où il a sa plaque (haute volta, Kourémalé, Bouaké, etc.).
Beaucoup de gens se posent la question si le roi Biton était musulman ? Selon son descendant, Kokèdjè Coulibaly, la première Mosquée que Biton a construite est par la demande de ses trois mères au bord du fleuve. Plus clair, ces trois mères se promenaient, elles ont vu les gens de Checo en train de faire l’ablution. Emportées par ce fait, elles ont souhaité d’adhérer à cette religion après avoir informé le roi à savoir l’identité de ces gens qui prédit qu’un jour il aura une religion du nom de l’islam. Après Kokèdjè Coulibaly, se prononce sur le nom Coulibaly. Ce nom de famille fait le cousinage avec 67 noms de familles. C’est un nom qui aime dominer et ne se sous-estime pas. De passage en passage, il explique les Balanzans de Ségou. Il dénombre : 4 404 Balanzan et 1 balanzan bossu ou « balanzan kokourouni kélé ». Cela traduit l’appellation des « Ntognonkô » de Biton (les guerriers). Il pointe qu’il n’a jamais eu « balanzan binani » (40 balanzans) parmi ce dénombrement, ça n’existe pas.
Biton blon (les 7 vestibules de Biton), des épreuves rituelles, une attraction touristique à revisiter !
Après avoir été nourri de l’histoire de Biton à travers des passages racontés par Kokèdjè Coulibaly, l’union des journalistes reporters du Mali se dirige vers les sept vestibules de Biton ou « Biton blon ». Elle se fait guidée par Diaguinè Tangara un apprenant auprès du chef de village de Sékoro, par son accord. Ils suivent les pas du guide, ce jeune homme ouvre la première porte des 7 vestibules de Biton à l’entrer on y voit deux femmes et 3 hommes (les gardes). Ces deux femmes par les dires du guide, servaient aux visiteurs du roi de l’hydromiel, une bière, à base du miel. Ensuite, elles te demandent ton identité, là où tu viens et la raison de ta visite chez le roi. De pas à pas, en suivant le guide l’UJRM rentre dans le deuxième vestibule qui est à l’image du premier. Gardé par trois gardes du Corps. Ici, ils te demandent la raison de ta visite qui doit être exactement la même que ce que tu as dit en premier. Ensuite, le visiteur passe à la troisième où les trois gardes te répètent les mêmes mots. Encore, tu ne dois pas passer à côté sinon gars à toi. Si c’est bien fait, tu passes au quatrième, ici la même chose se passe. Arrivé au cinquième les trois gardes sont habillés en rouge ils te posent la même question et par la suite rapporte au roi Biton tes dires. S’il accepte de te rencontre tant mieux, sinon les trois gardes retournent te souhaiter mauvais retour et bon retour en même temps, cela veut dire que tu ne sortiras pas vivant. Car si tu ne trouves pas un terrain d’entente avec Biton tu mourras et on garde tous sur toi (vêtement, chaussure et autres), et si c’est le contraire ta vie est sauvée.
Encore des rituels ?
D’après les explications de Diaguinè Tangara, dans le sixième vestibule, on trouve deux gardes, l’un vêtu avec pistolets en main et l’autre sans vêtement tient avec un bâton en main. Ils te servent la bière (Ngounadji), au cas où tu essai de t’enfuir. Arrivé au septième, c’est la bas où le roi est assis. Les deux gardes sont arrêtés à la porte et les autres gardes sont aux cotés de Biton, son griot Djéli Sango Koita, Massa Djé, le géomancien, le chef guerrier, Dayé matignè (petit taille) à sa droite, Karifa youma à sa gauche. Aussi on voit une femme qui ventile le roi appelé Kanoubagnouma et les conseillers sont assis et entourent le roi. Dans ce même vestibule, le septième on te sert une autre bière plus alcoolique que les autres. C’est pour pousser les invités à dire la vérité. Si tu trouve un accord avec le roi son griot t’accompagne jusqu’à la porte et dit : « Folé mabo », et dans le cas contraire, son garde du corps Dayé mahtignè met fin à ta vie et il t’enterre dans le tombeau de Biton juste derrière le septième vestibule là où se trouve actuellement sa tombe, son ancienne maison.
Bintou COULIBALY
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