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Arts plastiques : Le voyage vu par des artistes français qui exposent au Centre Soleil d’Afrique
mardi 14 mars 2023, par
Du 16 au 25 février 2023, fidèle à sa tradition, le Centre Soleil d’Afrique a abrité une exposition collective intitulée « Bagage Cabine ». Le 17 février 2023, Hama Goro, Directeur du Centre Soleil d’Afrique a présidé le vernissage de cette exposition, qui a réunis plusieurs amoureux des arts plastiques à Bamako.
« Il n’est pas toujours évident de savoir si sa valise sera acceptée comme bagage cabine », c’est par ces propos que Camille BLEU- VALENTIN, Commissaire de l’exposition « Bagage Cabine » a introduit son intervention lors du vernissage de l’exposition qu’elle a décidé de présenter à Bamako, en attendant l’arrivée des artistes maliens ou de leurs œuvres à Nantes, en France.
Selon elle, c’est en partant de ce constat qu’il n’est pas toujours évident qu’une valise soit acceptée comme bagage cabine, que cette exposition a été montée. Elle dira qu’elle a été « inspirée par l’exercice créatif qui consiste à faire rentrer le maximum de choses dans sa valise, tout en respectant des normes imposées arbitrairement ».
Par cette exposition, l’artiste a voulu aussi dénoncer la grande difficulté que les artistes et leurs œuvres ont pour voyager aujourd’hui dans le monde. Selon, elle, il est quasiment impossible à des artistes d’une grande partie du monde de se déplacer. « J’aurai bien voulu que les artistes dont les œuvres sont exposées ici, soient tous présents au Mali. Mais, en plus des tracasseries administratives, vous convenez avec moi que le coût du voyage est extrêmement exorbitant », a-t-elle indiqué. Avant de soutenir qu’il y a aussi des difficultés énormes à faire voyager les œuvres. Mais, elle a estimé que cela est relativement encore plus facile que le voyage des êtres humains.
Donc, face à toutes ces contraintes, Camille Bleu-VALENTIN a décidé de monter une exposition à Bamako, avec toutes les appréhensions que cela pouvait avoir. « Ainsi contrainte par la taille et le poids de mon bagage, je n’ai pris que le nécessaire », a-t-elle déclaré.
Cette belle exposition collective qui a été une grande attraction dans la salle d’exposition du Centre Soleil d’Afrique, a regroupé les œuvres des artistes que sont : Camille Bleu-Valentin ; Capucine Lageat et Antoine Perroteau ; Chen Liang ; Julie Maquet ; Gaël Sillère ; Sarah Orumchi ; Anta Sanchez et Benoit Travers.
Dans un dilemme imposé par la grande contrainte de faire du grand et du beau avec du peu, dans un bagage cabine, pour satisfaire la volonté de la circulation des artistes et de leurs œuvres, Camille Bleu-Valentin n’est pas, néanmoins, arrivée à Bamako, les mains vides. Elle est même arrivée avec de nombreuses œuvres. Dans tous les cas, une quantité suffisante d’œuvres pour monter une exposition digne de nom.
Au Centre Soleil d’Afrique, les amoureux des arts plastiques ont pu apprécier plusieurs œuvres : Les « Bouchées » de Anita Sanchez, une peinture sur toile ; l’ « Ebrèchement, Tour Eiffel » de Benoit Travers, une photographie réalisée en 2023 ; la « Golden Girl » de Gaël Sillère, une impression sur tissu qui date de 2023 ; la « Roma Sunset » de Camille Bleu-Valentin, un assemblage de jouets, réalisée en 2023 ; « Au-delà de la ligne 689000 », une photographie-vidéo-projetée de Capucine Lageat et Antonio Perroteau ; « Les formulaires », une impression laser sur papier de Sarah Orumchi ; « Hermès à ma façon », une sérigraphie sur voile de coton de Sarah Orumchi ; « En cas » de Anita Sanchez, une peinture à l’huile sur toile ; « Poupée » de Julie Maquet, une sculpture en cravate ; et enfin, « Ti Sutipau Aken », une photographie de tatouage de l’artiste signifiant « Je suis sutipau » nom de la tribu dont est originaire l’artiste.
Et, mieux l’artiste Commissaire d’exposition Camille Bleu-Valentin a fait une poésie qui amplifie son exposition. Lisez son texte : « les Bouchées, préparées par Anita Sanchez et un souvenir de la Tour Eiffel martelée par Benoît Travers. Une fois installée, je me suis enveloppée dans le paréo imprimé Golden Girl de Gaël Sillère, comptant sans doute sur son motif de plage et de ciel orangé pour me réchauffer....Ça m’a rappelé mon séjour à Rome, à l’heure où la disparition du soleil derrière le Colisée marque l’apparition des vendeurs à la sauvette, dont les marches noctambules, chargées de jouets diodés, continuent d’illuminer la nuit. Je tourne la tête et contemple par la fenêtre le défilement du paysage, sous mes yeux passe « Au-delà de la ligne 689 000 » de Capucine Lageat et Antoine Perroteau. Mais, il est déjà bientôt l’heure d’atterrir et on me donne à remplir un des Formulaires de Sarah Orumchi. Pourquoi me demande-t-on toujours mon année de naissance ? Entre deux turbulences les motifs des lignes et des cases s’échappent de la feuille et glissent sur un carré de tissus sérigraphié accueillant un Encas d’Anita Sanchez. Je souffle la bougie, me souviens des cravates de mon père sur les photos d’anniversaire, joue avec une des Poupées de Julie Maquet et pense à Angela. Ou plutôt à Chen Liang, mon amie Taïwanaise, tributaire de trois noms : un nom chinois figurant sur sa carte d’identité, un nom anglais inscrit sur son passeport et un nom de tribu taïwanais n’apparaissant nul part. Peut-être que moi aussi dans cet avion, je me demande un peu qui je suis...Je suis bien arrivée à Bamako, avec tous mes bagages ». Et, oui Camille est bien arrivée à Bamako et l’exposition du contenu de sa petite valise fut belle.
Assane Koné
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