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REFONDATION DU MALI : Une charte d’éthique et des valeurs arrivent

lundi 6 décembre 2021, par Assane Koné

« La ‘’Charte d’Ethiques et des Valeurs du Mali’’ sera un document référentiel inspiré des principes, des us et coutumes ancrés dans les valeurs ancestrales et dans la civilisation universelle ». La déclaration a été faite par Andogoly Guindo, Ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme. C’était au CICB, le 2 décembre 2021, lors de la 1re réunion du Comité de pilotage de la Charte d’éthique et des valeurs du Mali.

Ce n’est un secret pour personne. Le Mali est à la croisée des chemin. L’incivisme semble avoir pris le dessus. Aucune valeur socioculturelle ne semble pouvoir constituer une digue sûr. Et, face à cette situation que le Ministre Andogoly Guindo a qualifié de « crise identitaire et sociale », accentuée par la dégradation continuelle de nos valeurs culturelles ancestrales, que faire ?

Du côté du Ministère en charge de la culture, il n’y a pas de temps à perdre. Il faut une réponse urgente et appropriée pour juguler ces fléaux à fin d’éviter un effondrement total de notre société. Et, le Ministère en charge de la culture est d’autant plus réconforté dans sa conviction, lorsque le Président de la Transition, Chef de l’Etat a instruit le Gouvernement afin que soient prises des mesures pour restaurer ces valeurs qui ont toujours constitué le ferment et le ciment de notre société. Andogoly Guindo a indiqué que c’est cela qui a motivé la mise sur chantier du document « Charte d’Ethiques et des Valeurs du Mali ».

Et, pour rassurer les uns et les autres, il a indiqué que la « Charte d’Ethiques et des Valeurs du Mali » sera un document référentiel inspiré des principes, des us et coutumes ancrés dans les valeurs ancestrales et dans la civilisation universelle. Selon le ministre, elle se nourrira de nos expériences pratiques, de nos proverbes et de nos vieux adages qui sont la pertinence de notre mémoire collective, le fruit de l’expérience pratique de nos ancêtres au cours des siècles et qui contiennent le meilleur de notre héritage spirituel. « Elle n’est pas une reproduction du passé mais elle adopte et adapte des schèmes intellectuels, en formant des esprits capables d’affronter demain ‘’ce qui n’a jamais été’’, en créant des hommes aptes au changement et disposer à renouveler constamment leur connaissance », a-t-il déclaré.

Le Ministre en charge de la culture, a estimé qu’à travers cette charte, il s’agira de faire de la culture le socle de la refondation du nouvel homme malien pétri des valeurs de Maaya et du Dambé, citoyen du « Mali Kura ».

Et, au regard de l’urgence de ce chantier, le Conseil des Ministres du mercredi 13 octobre 2021 a adopté la communication verbale relative à l’adoption d’un document référentiel dénommé « charte d’éthique et des valeurs du Mali ».

Devant les membres du Comité de Pilotage réuni dans la salle Balla Moussa KEÏTA du CICB, le Ministre en charge de la culture a rappelé que « notre pays traverse une crise sans précédent qui a ébranlé les fondamentaux de notre nation ». Selon lui, pour sortir définitivement de cette grave crise, le Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, Chef de l’Etat et le Premier Ministre, Chef du Gouvernement se sont engagés dans une œuvre de refondation nationale, soutenue par des actions concrètes dont la restauration de nos valeurs culturelles, pierre angulaire de ce vaste chantier institutionnel ».

Il a aussi rappelé le passé glorieux du Mali, une nation des hommes d’honneur. Le Ministre en charge de la culture est convaincu que le Mali est un pays de traditions, de culture millénaire et un creuset de vertus et de valeurs supérieures comme l’amour de la Patrie, le sens de l’honneur et de la dignité, le respect de la parole donnée, la solidarité etc. Selon lui, ces valeurs ont fait jadis, la renommée de notre pays, valeurs d’exemple qui ont inspiré ‘autres peuples.

« La nation malienne, multiséculaire a conçu des valeurs sociétales basées sur le fervent attachement de chaque individu à la patrie, mais aussi sur des normes éthiques élevées de probité, d’intégrité, d’équité et de justice », a-t-il déclaré.

Avant d’ajouter que « la tradition d’hospitalité de notre peuple puise en partie sa sève du riche héritage culturel légué par les ancêtres qui avaient édicté des règles, des codes de conduite sociale, établi des mœurs, des mécanismes et des pratiques qui ont permis une gouvernance vertueuse de l’ensemble de la société ».

Après avoir rappelé que « chaque pays a ses propres us et coutumes qui ne sont autre que ses manières ordinaires de se comporter en conformité avec sa culture et en harmonie avec son environnement », le ministre en charge de la culture a indiqué que « nos ancêtres avaient mis en place des règles de bons usages, des codes de conduite pour le savoir-être et de savoir-vivre. Il a estimé que « ces valeurs positives ont été codifiées dans une charte proclamée à Kurukanfuga dans le Mandé en 1236 ».

Andogoly Guindo a indiqué que dans la société traditionnelle, l’éducation était basée sur les vertus d’amour de la patrie, de courage, de la dignité, du sens de l’honneur, de la parole donnée, le respect des aînés, le respect de la chose publique, l’amour du prochain, la solidarité…. Selon lui, les principes éducationnels tendaient vers un seul but : fabriquer un homme accompli, pétri de l’éthique élaboré tout au long de l’histoire par la société pour satisfaire ses aspirations les plus profondes et les plus nobles. « Cette éthique était considérée comme le socle qui garantit l’équilibre et la solidité du groupe », a-t-il précisé.

Mais, il estimé qu’ « aujourd’hui l’édifice national semble menacé par des vents nouveaux ». Selon lui, « toutes les sociétés au monde ont basculé d’une manière ou d’une autre vers de nouveaux rivages ». Il a indiqué que la globalisation semblent porter des effets corrosifs sur ces vertus et ces valeurs ancestrales. "Nous ne sacrifions pas à une mode », a-t-il déclaré. Avant de constater que depuis des décennies, nous progressons vers un effondrement social et moral de la société, à la perte de nos valeurs séculaires considérées inaltérables. Selon le Ministre en charge de la culture, « l’irrespect des règles de vie commune, la perte des valeurs morales qui accentue le phénomène de la perte de l’autorité parentale, de l’effritement du tissu social et de l’autorité morale de la société, l’affaissement de l’autorité de l’Etat, avec leurs corollaires de corruption, d’incivisme, la dépravation des mœurs, la déviance, etc. Il en résulte également un effet induit pour la jeunesse qui reste sans repères, ni références ». A tout cela, il a ajouté la « décrépitude » de la citoyenneté.

Et, pour ce mettre à l’abri de ce vent corrosif, le Mali veut se doter d’une charte d’éthique et de valeurs. Selon le Ministre le processus d’élaboration de la Charte se déroulera en deux phases.

Une 1re phase sera consacrée à la collecte, à l’analyse et au traitement des informations recueillies. Et, une 2e phase sera relative à la validation du document référentiel par le forum des légitimités traditionnelles. « La Charte ainsi validée fera l’objet d’une remise officielle au Président de la Transition avec la recommandation de son introduction dans le programme scolaire ».

Pour la mise en œuvre du projet de la charte deux organes ont été créés : un Comité de pilotage qui travaillera sur les aspects administratifs et un Comité scientifique chargé de l’élaboration du document référentiel.

Dans le cadre de sa 1re réunion, le Comité de pilotage devra clairement se prononcer sur un certain nombre d’éléments : le pourquoi de l’élaboration de « la Charte d’Ethiques et de Valeurs » ; les objectifs, les résultats attendus, les activités ; la méthodologie ; le choix des membres du comité scientifique et les missions à leur confier.

« Cette Charte une fois adoptée, constituera une base solide, un bréviaire et une boussole pour marquer la volonté du Gouvernement d’aller de l’avant dans la refondation de notre pays, l’édification de la nouvelle nation malienne et d’un nouveau citoyen, le « Maliden kura » pétri de bonnes valeurs », a-t-il conclu.

Assane Koné


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