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Mali-Niaiserie : Comment donner un destin au Mali
mardi 4 avril 2017, par
Dans un pays où tout se fait au rabais, on brade forcement le destin national.
Au mois de décembre dernier, le Premier des ministres du Mali, réduisait l’Espace Interpellation Démocratique (EID) à une « tribune », juste après que des élections aient été organisées sur la base d’une loi électorale abrogée, qu’un communiqué conjoint légitimait l’expulsion des Maliens en situation irrégulière, que des groupes ethniques s’affrontaient devant l’indifférence du gouvernement.
Dans cette succession d’actes de décadence rythmée, cette semaine la boucle est bouclée, la panacée présentée dans la tenue d’une Conférence d’Entente nationale a tourné court. Convoquée pour sanctifier un fantomatique Azawad historique et pour élaborer une Charte du vivre ensemble, la conférence a échoué sur toute la ligne.
Le plus grave est le ralliement sous le quolibet de la nation, de ceux qui sont censés construire une alternative à la chienlit qui conduit inexorablement au déclin. Dès la clôture de la Conférence d’Entente nationale, il ne fait aucun doute que le peuple malien se sent pour la troisième fois floué en quatre ans. Les deux autres fois ayant été l’élection de IBK à la présidence de la République et la signature de l’Accord d’Alger, toutes ces deux occasions présentées comme la solution à la crise malienne. La présente Conférence d’Entente nationale qui a dilapidé les ressources de l’Etat sans résultat probant, en ajoute à la confusion et au sentiment d’impasse. Les seuls gagnants sont ceux qui ont touché des per diem.
Ce fut dans un discours constant dans ses idées d’autoglorification et ses haines contre les insoumis, que le président de la république avait disqualifié l’opposition de toute capacité future à diriger le Mali.
Cela a du faire peur à certains cercles en perpétuelle recherche de reconnaissance. Certes, la réponse inquiétante toute trouvée à toutes les régulations sociales a été depuis 2013 la division du Mali en « pro et anti » paix collée aux épaules par la démocrature IBK. Mais de là, à céder à la terreur symbolique exercée par le pouvoir sur les Maliens au nom de la paix a de quoi désespérer.
L’opposition entre autres arguments avait toute les raisons de refuser de participer à cette Conférence. Mais une de ses composantes s’est crue forcée de faire acte de présence même symbolique. En cela, elle a peut-être sauvé une conférence de plus, mais elle a pris la responsabilité d’endosser l’échec d’un pouvoir qui voit son blason redoré et son orgueil assouvi. Cette fraction de l’opposition s’est humiliée à la place du pouvoir.
Car, à force de jouer à la « respectabilité » à la « responsabilité » face à une opinion nationale manipulée et une communauté internationale de convenance et souvent de connivence, le risque est grand de laisser le peuple abandonné à toute sortes de désespoirs.
Les déçus ont un effet dévastateur, jusque-là une opposition, celle du refus de la gouvernance actuelle porte l’espoir de ce pays.
La Constitution de 1992 a été violée, le projet de la nouvelle constitution en son article 92 voudrait organiser l’autonomie de Kidal ou le regroupement autonome des cinq régions du nord par une simple loi, à la portée de toute majorité mécanique. Cela deviendra un jeu d’enfant dans le Mali affaibli, puis divisé.
Déjà nous assistons à l’abolition de la république dans le texte de l’Accord d’Alger qui accorde des privilèges indus à certaines composantes de la nation. Les porte-paroles ethniques sont à l’affut et prêts à défendre n’importe quelle cause particulariste, voire communautariste encouragé en cela par l’impotence d’un pouvoir prédateur, prévaricateur et « gabegique. »
La défunte Conférence d’entente nationale avait pour projet de valider tous ces faits dans une Charte pour la paix l’unité et la réconciliation.
Faute de partenaires disponibles pour ce faire, la conférence est restée le cache-sexe de tous les échecs du pouvoir IBK : un catalogue de ressentiments du peuple destiné à finir le quinquennat dans les tiroirs du palais de la république.
Et pourtant l’expérience de la gouvernance piteuse de ces quatre années, nous enseigne que chaque fois que l’opposition a émis une pensée différente porteuse des vrais problèmes du pays, le pouvoir fini par découvrir la pauvreté infinie de sa parole auprès du peuple. D’où les violences verbales et autres incongruités de sa part.
Aucune insulte, violence physique ou verbale ne devait amener à hurler avec les loups.
Des partis politiques ou regroupement de partis qui ont su tenir le cap dans leur contestation de la Conférence d’entente nationale, parce qu’incapable de refonder nos institutions, parce que non inclusive, inopportune, inutile et budgétivore, ont porté l’immense espoir qu’ont les Maliens au changement de gouvernance et de nouvelles perspectives nationales. Le SADI, le NPP et le Front populaire etc., sont de ceux-là
Pour paraphraser Theodore Roosevelt, ancien Président des Etats-Unis d’Amérique, la force de ne pas suivre la foule quand tout le monde se laisse entrainer, la capacité de fermer les oreilles devant la foule qui hurle et à se tenir droit et à combattre quand on pense avoir raison, sont les seules voies en ce moment trouble de notre nation, pour donner un Destin au Mali.
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