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Maison de la Presse : Lettre au Peuple Malien
dimanche 17 mars 2013, par
/-))u Peuple du Mali
Objet : Lettre d’information
Peuple du Mali ;
Nous venons par la présente te narrer toutes les brimades contre la presse malienne depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, l’avènement de Dioncounda Traoré et la transition. Nous te prenons à témoin des efforts et des concessions consentis par notre profession en ces temps de crise. Mais, visiblement, le Président de la transition tient peu en estime la presse malienne, comme le prouvent les faits survenus depuis 10 mois.
Boukary Daou, Directeur de Publication du journal Le Républicain, a été arrêté le mercredi 6 Mars 2013 par la sécurité d’Etat ; avant d’être transféré à la BIJ le 14 et présenté au Procureur le 15, après notre forte mobilisation. Avant lui :
- - Dramane Traoré dit Mamy, animateur à Radio Kayira Niono a été poignardé et subit actuellement des soins à Bamako ;
- - Ramata Dia, Directrice de Radio Guintan subit des menaces de mort ;
- - Dramane Aliou Koné, Directeur de Publication de l’Indicateur du Renouveau et Président de l’ASSEP a été brievement interpellé ce lundi 11 mars ;
- Abi Baby, Rédacteur en chef du journal L’Agora ;
- Hamidou Wane, Directeur de Publication du journal L’Impact ;
- Lassine Traoré, Directeur de la radio FR3 ;
- Makan Koné, Président de la Maison de la Presse du Mali ;
- Abdrahamane Keïta, Directeur de la Rédaction du journal Aurore ;
- Chahana Takiou, Directeur de Publication du journal 22 Septembre ;
- Birama Fall, Directeur de Publication du journal Le Prétoire ;
- Saouti Haïdara, Directeur de Publication du journal L’Indépendant ;
- Jacques Dez, Directeur de Radio Klédu ;
- Kassim Traoré, rédacteur chef adjoint de Radio Klédu… ont été amenés à la Sécurité d’Etat, entendus, menacés ou même agressés. Les installations de Radio Kayira à Bamako et Koutiala ont été vandalisées.
Pour ne pas envenimer les choses et encore offrir une mauvaise publicité à notre pays, les Responsables des organisations faîtières de la presse privée ont préféré le dialogue. Dans ce cadre, nous avons rencontré, le jeudi 7 Mars, le Premier Ministre, Diango Cissoko. Il nous a promis de tout mettre en œuvre pour que notre confrère rentre chez lui le même jour.
Ce même jeudi et le lendemain vendredi, nous avons rencontré à deux reprises le Ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement. A son tour, il s’est engagé à faire libérer le Directeur du Républicain. Par intermédiaires, nous avons eu la réaction du Président Dioncounda, qui, selon notre contact, s’engageait également à œuvrer pour la libération de Boukary Daou.
Cependant, les faits nous ont prouvé que nos interlocuteurs manquaient de bonne foi, surtout après les déclarations du Président de la Transition à Nouakchott et du Ministre de la Communication sur une radio étrangère.
En réaction, la corporation, qui, dans ce cadre, n’a bénéficié du soutien ni de la société civile ni de la classe politique, à quelques rares exceptions près, a décidé :
- L’instauration de Journées sans presse à compter du mardi 12 Mars 2013, jusqu’à la libération de Boukary Daou ; décision suspendue le 15 mars 2013 vu l’évolution de la situation ;
- La non couverture de toutes les activités institutionnelles jusqu’à nouvel ordre ;
- et le dépôt d’une plainte contre l’Etat pour arrestation arbitraire de notre confrère du journal Le Républicain.
Connaissant ton attachement à l’expression démocratique et au droit, à la justice et à la liberté, nous ne doutons pas que cette lettre, que nous nous devions de t’adresser en vertu de ton droit à l’information, retiendra ton attention.
C’est fort de cette conviction que l’ensemble de la presse du Mali te renouvelle ses sentiments les plus respectueux.
Bamako, le 15 mars 2013
Le Président de la Maison de la Presse du Mali
M. Makan KONE