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INSTITUT NATIONAL DES ARTS DU MALI : Les organisations faîtières du secteur de la culture s’opposent à une cession

mercredi 17 mars 2021, par Assane Koné

Vente, troc, ou « cession sous conditions », en somme quelque soit la forme juridique utilisée pour habiller la grande combine du siècle, la FEDAMA, l’UAAPREM et le Réseau Kya s’opposent à toute idée de transférer l’Institut national des arts (INA) de son site actuel pour la zone aéroportuaire. Cela a été dit de fort belle manière le 17 mars 2021, lors d’une conférence de presse à la Maison de la Presse du Mali.

« Quelque soit la forme juridique utilisée, nous nous opposons à la cession de l’INA que nous considérons comme un patrimoine national ». La déclaration a été faite à l’unisson par les leaders des trois faîtières du secteur culturel du Mali.

Au nom de la Fédération des Artistes du Mali (FEDAMA), Adama Traoré, Président, a déclaré : « pour la FEDAMA, nous pensons qu’il faut sauvegarder notre patrimoine national, et l’INA en fait partie ». Il a estime que ceux qui avance l’argument selon lequel l’INA est aujourd’hui envahi par le grand marché de Bamako, n’est pas valable. « Ils n’ont rien compris à la création artistique. C’est dans un environnement comme celui dans lequel se trouve aujourd’hui l’INA qu’on peut faire les plus belles créations », a-t-il indiqué. Avant de dire qu’ils sont opposés à la ventre de l’INA pour la simple raison que c’est un lieu très chargé de symboles qui doit rester dans le giron de la nation malienne.

Pour sa part, après avoir rappelé que le Réseau Kya qui regroupe les organisations culturelles du Mali, a été crée pour faire le plaidoyer pour la promotion de la culture malienne, Fousseny Diakité, Président du bureau exécutif du Réseau Kya, a estimé que cette affaire de la vente de l’INA est très choquante. « Nous ne pouvons pas accepter la délocalisation de l’INA », a-t-il déclaré.

Au risque d’aller à contre-courant, de tous ceux qui pensent que l’INA doit partir du marché de Bamako, Fousseny Diakité a estimé que cette école qui a doté notre pays de cadres compétents dans le domaine culturel, est à la bonne place, en plein marché. Selon lui, l’emplacement actuel de l’INA est l’idéal. « La créativité pour un artiste est d’avoir son propre univers, une trajectoire définie, un vocabulaire maîtrisé et tout ceci découle de la richesse de son inspiration », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que « l’INA en plein marché… le fait que les élèves traversent ce lieu qui reflète l’image de tout un peuple, ne peut qu’inspirer et enrichir la formation artistique ».

Et, partant du constat que le bâtiment actuel ne répond plus aux normes d’un établissement de formation académique, Fousseny Diakité fait une proposition. « Il fallait reconstruire un bâti moderne et adapté sur le même site tout en gardant l’aspect patrimoine architectural et sécuriser/ assainir sa devanture et ses alentours », a-t-il déclaré.

Au nom de l’Union des Associations d’Artistes, Producteurs et Editeurs du Mali (l’UAAPREM), a indiqué qu’ils sont très peinés d’avoir appris que l’acquéreur doit construire un bâtiment de 2 milliards de FCFA pour le nouveau INA dans la zone aéroportuaire. « Dans ce pays, ils ont vendu toutes les salles de cinéma, aujourd’hui, c’est l’INA et demain ce sera l’artisanat et le Dabanani », a-t-il regretté. Avant de suggérer une grande mobilisation pour amener l’état du Mali à renoncer à cette vente qui n’honore par l’Etat. « Nous ne pensons pas que l’Etat malien soit à 2 milliards de FCFA pour reconstruire un bâtiment neuf sur le site actuel de l’INA », a-t-il indiqué. Avant de déclarer : « d’accord avec la reconstruction, avec l’agrandissement. Mais, nous disons non à la délocalisation ».

Pour sa part, Youssouf Cissé, magistrat à la retraite et artiste peintre notoirement connu au Mali, a estimé que les autorités du pays sont sur la même longueur d’onde avec les artistes et les hommes de culture du Mali. « L’actuelle gouvernance du pays est entrain de bouger pour corriger cette faute grave qui a été commise par la gouvernance passée en vendant l’INA », a-t-il indiqué. Mais, qu’à cela ne tienne, il a déclaré qu’ils ne vont pas se laisser faire dans ce dossier. « Il y a des moyens juridiques pour que en pareille circonstance, l’Etat rentre dans ses droits », a-t-il déclaré. Avant d’inviter tout le monde à mobiliser derrière les autorités et l’Etat qui ont besoin d’un soutien populaire pour sortir de cette impasse qu’on lui a imposé. Mais, il a informé l’assistance que des démarches seront urgemment entreprises pour aller vers le Président de la Transition, vers le Vice Président et le Premier Ministre, pour annuler cette vente qui n’honore pas notre pays ; étant attendu que l’état du Mali n’est pas à 2 milliards de FCFA près pour offrir un cadre d’éducation à ses filles et fils.

Mieux, il dira qu’un pays aussi millénaire comme le notre, dont la culture est adulée partout dans le monde, laisse l’INA partir de la sorte, ce sera un mauvais message dans cette mouvance de grandes batailles pour le retour de nos biens culturels qui animent des milliers de musées à travers l’Europe. « En détruisant un patrimoine architectural vieux de plus de 50 ans, ils vont penser qu’on a aucune capacité pour la protection de nos biens patrimoniaux », a-t-il déclaré.

Moussa Koné, ancien enseignant de l’INA à la retraite, a révélé qu’il ya dans les tiroirs du Ministère de la culture une évaluation de 1,5 milliards de FCFA pour la réhabilitation de l’INA, selon les études réalisées par un étudiants de l’ESIAU dans le cadre de son mémoire de fin d’étude. Comme pour dire que les idées de restauration ne font pas défaut.

Assane Koné


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