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Hommage à Amadou Djicoroni : Adieu camarade ! Adieu patriote intransigeant !

mardi 13 septembre 2016, par Assane Koné

Le combattant Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni a fait sa valise pour le voyage sans retour ce dimanche 4 septembre 2016 à l’hôpital du Point G.«  »

Panafricaniste, militant anti capitaliste, anti impérialiste, le doyen faisait partie de la belle race d’hommes patriotes qui ont contribué à l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. Il a dédié sa vie à la lutte pour le développement social et économique de son pays dans une Afrique libre, unie et prospère.

Le camarade Amadou Seydou Traoré a eu une vie professionnelle et politique pleinement remplie. Il a été Premier secrétaire de la section Soudanaise du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) fondé en septembre 1957 par le charismatique Dr en pharmacie Mahjemout Diop, Baïdy Ly et Seny Niang. Avec ce dernier, il mena une campagne hardie contre le referendum de l’union au sein de la communauté française proposée en 1958 par le Général Charles De Gaulle. Ses prises de position lui ont coûté la révocation pure et simple de la fonction publique par l’administration coloniale.

A la suite d’une franche discussion, le doyen Amadou Seydou Traoré et ses camarades prirent la décision d’adhérer à l’Union Soudaine RDA (Rassemblement Démocratique Africain). Il a été successivement secrétaire à la presse de l’Union Soudanaise, Secrétaire politique, puis Rédacteur en chef du Journal « le Réveil » (organe de Presse de l’US-RDA).

Il a géré d’une main de maître la Librairie Populaire du Mali et l’Organisation Cinématogratique du Mali (OCINAM), les éditions du Mali dont il a fait fructifier les recettes jusqu’au funeste coup d’Etat du 19 novembre 1968. Le 22 novembre 1968, la junte militaire au pouvoir l’arrêta et le déporta dans le bagne de Taoudéni et plus précisément à Intadenit où il passa dix ans de détention sans jugement dans des conditions infra humaines.

Homme de droiture et de mesure, Amadou Seydou l’était aussi. Toute sa vie durant, il resta ouvert et disponible à toutes les couches socio professionnelles et à toutes les générations. Il était profondément épris d’un sens aigu de la justice, mais aussi et surtout du rétablissement de la vérité historique.

Ecrivain talentueux, il a été l’auteur de plusieurs ouvrages dont Défense et illustration des actions de l’union soudanaise RDA « Devoir de mémoire, Devoir de vérité » Modibo Keita un patrimoine, une référence, un symbole « Le salaire des libérateurs du Mali », « Debout sur les remparts », « L’école Malienne d’ hier à aujourd’hui », « Discours et interventions du Président Modibo KEITA » édité lors du centenaire de Modibo Keita…

Homme d’action et de conviction, Amadou Djicoroni l’a été. Malgré le poids de l’âge, il a battu les pavés pour soutenir les ouvriers de HUICOMA en lutte pour l’obtention de leurs droits après la privatisation de cette entreprise qui était un fleuron de notre économie.

J’avais de très bons rapports avec l’illustre défunt, qui assura notre formation politique et idéologique au sein du parti SADI avec sagesse et pédagogie. En 2009, sous le couvert de notre mouvement associatif SOS environnement, avec mon alter ego, Ali Sidibé, doctorant à la Sorbonne en France, nous avons organisé une conférence-débat dans la salle des Fêtes du Centre Secondaire d’Etat Civil de Banconi sur le rôle et la place de la jeunesse dans la protection de l’environnement, magistralement animée par le regretté Amadou Seydou Traoré, l’éminent avocat Maître Amidou Diabaté et l’ancien Ministre de la Jeunesse Moussa Balla Diakite.

Aussi, en 2012 dans le cadre des cérémonies du baptême de notre promotion (Promotion Cheick Oumar Sissoko 2010 2012) de l’Institut de Formation des Maîtres de Nioro du Sahel (IFM) (ancêtre de l’Ecole Normale Secondaire), nous l’avions sollicité pour animer une conférence-débat à Nioro sur le Thème : l’école malienne de 1960 à nos jours. Dans le réfectoire plein à craquer, l’enseignant émérite Amadou Seydou Traoré s’est entretenu pendant des heures sur l’école malienne devant des jeunes confrères séduits, voire médusés par l’étendue de sa culture.

Amadou Djicoroni avait beaucoup d’affection et de sympathie pour ma modeste personne et ne manquait pas d’éloge à mon endroit. Il m’associa au travail de finalisation de son livre « Debout sur les remparts ».

Napoléon Bonaparte disait à juste raison « Mourir n’est pas grave mais mourir sans gloire c’est mourir chaque jour ». Amadou Djicoroni est mort avec gloire même si de son vivant, les autorités politiques en charge de la nation n’ont pas daigné lui décerner la moindre distinction.

Le combattant infatigable repose désormais dans le panthéon de l’imaginaire populaire auprès de ses compagnons de lutte patriotique, comme, entre autres, Mamadou Konaté, Modibo Keita, Dr Mamadou El Béchir Gologo, Bengoro Coulibaly, Gabou Diawara, Kounadi Traore, Oumar Ly, Dr Ousmane Ba, Mamadou Famady Sissoko, Moussa Keita dit Tati, Dr Mahjemout Diop, Sekou Touré, Gabriel d’Arbousier et tant d’autres figures emblématiques du RDA

Non ! Amadou Djicoroni n’est pas mort ! Il a seulement disparu physiquement car « mourir pour la patrie c’est vivre éternellement » disait-il. Nous poursuivrons, camarade, par milliers, ton noble et digne combat pour l’épanouissement économique, social et culturel de notre pays.

A sa famille éplorée mes sincères condoléances !
Dors en paix, camarade !

Alpha Sidiki Sangaré


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