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Militarisation accrue du Sahel : Pour déstabilisation de l’Algérie

mardi 22 avril 2014, par Assane Koné

L’Occident, principalement la France, cherche toujours à avoir une mainmise sur les anciennes colonies africaines notamment celles qui sont riches en ressources minières, telle l’Algérie qui, contrairement à certains pays arabes, elle n’a pas été traversée par le blizzard printanier. Est-la bonne gouvernance depuis 1999 ou tout simplement la maturité du peuple Algérien de ne plus revenir aux années de braises ? Le 4e mandat de Bouteflika serait-il une source de divergence pour faire glisser le pays vers une instabilité que certaines forces occultes préparent les ingrédients nécessaires. ?

Géostratégie des prédateurs occidentaux en Afrique du Nord

Sous le prétexte fallacieux de la lutte contre Al Qaida au Sahel, des bases militaires américaines et françaises sont installées autour de l’Algérie. Des questions se posent sur l’attaque de Benghazi du 11 septembre 2012 qui aurait pu être évité selon un rapport du Sénat américain daté du 15 janvier 2013 et l’attaque du site gazier de Tingentourine dans la localité d’in Amena située près de la frontière libyenne le 16 janvier 2013. Sont-elles fortuites ? Le New York Times du 22 janvier 2013 révèle qu’il y a un lien entre les deux attaques. Il affirme que trois terroristes Égyptiens tués dans la seconde attaque avaient participé à la première. Il est légitime de se demander pourquoi les USA cherchent-ils à déstabiliser l’Algérie qui pourtant collabore parfaitement avec eux depuis plus d’une dizaine d’années. « en 2003, un accord est signe par le Président Bouteflika lors de sa visite à Washington, par cet accord, les militaires américains sont autorisés à utiliser les bases aériennes de Tamanrasset dans le Sud du pays » (1).

L’Oncle Sam convoite le sud algérien

Depuis le début de l’année, des analystes Américains, en vue de préparer l’opinion Américaine hostile à toute intervention des G’IS à l’étranger multiplient des études alarmistes sur la situation politique, sociale et sécuritaire qui prévaut actuellement en l’Algérie. Je vous propose, ci-après, un résumé des principaux rapports qui nous éclairent sur la perception stratégique des analystes influençant la politique extérieure américaine au sahel et en Afrique du Nord particulièrement l’Algérie et qui ne peuvent être que considérés comme une introduction une visée des Occidentaux.

Le Combating Terrorism Center (2) de l’Académie militaire US West Point a produit le 24 février 2014 une analyse sur le Sud Algérien et des événements qui s’y déroulent intitulée « l’attaque d’In Amenas et les contestations sociales dans Sud Algérien » signée par Hannah Armstrong (3). Ne se limitant pas au contexte économique et social des mouvements des jeunes chômeurs du sud, elle rappelle à l’Administration Américaine l’importance de cette région riche en ressources et objet de toutes les convoitises.

Cette chercheuse, à travers ce qui se passe au sud de l’Algérie croit voir dans cette région névralgique le départ d’un éclatement populaire qui risque de s’étendre à toutes les régions du pays à cause de la marginalisation du pouvoir algérien des minorités. Pour elle, la politique suivie encourage la radicalisation de ces mouvements pacifistes. Faisant un raccourci flagrant en liant ces contestations à l’attaque du complexe gazier cité plus haut. Pour cette analyste, Amine Bencheneb originaire d’Illizi, tué lors de cette attaque, est passé du militant pacifiste revendiquant l’emploi pour des Sudistes au terroriste appelant l’instauration d’un émirat islamique du fait de l’ignorance par le régime Algérien des demandes sociales des habitants du sud. Elle met en garde les autorités américaines des implications négatives des contestations en question qui mettraient en péril les intérêts US dans toute la région du Sahel et de l’Afrique du Nord. Cela n’est qu’un appel voilé pour une intervention américaine dans la zone riche où les nombreuses sociétés pétrolières US y sont installées.

Un point de vue Américain sur l’Afrique du Nord et du Sahel : L’Afrique du Nord et le Sahel sont les futures zones d’activités des djihadistes étrangers de retour de Syrie et de Libye. Concernant l’Algérie, Joshua Bergess (4) voit à travers « le 4e mandat de Bouteflika (malade), une source de divergence, semble inévitable ce qui pourrait être la cause de grandes perturbations au lendemain du 17 avril » (5). Après avoir souligné l’instabilité devenue la principale caractéristique dans cette région, il estime que la situation sécuritaire y menacerait les intérêts vitaux des Occidentaux, insiste sur l’urgence de l’implication militaire des États-Unis et de l’OTAN avec la collaboration de la France et recommande la mise sur pied d’une structurel pour superviser la lutte antiterroriste comme si les États concernés y compris l’Algérie n’existaient pas. Il part du principe que l’instabilité politique conditionnera tous les aspects liés à la sécurité, aux libertés et aux droits de l’homme thèmes que mettent en avant les Occidentaux pour déstabiliser les pays qui ne leur sont pas inféodés.

Le Département d’État Américain accuse l’Algérie : dans son rapport annuel 2013 sur les libertés dans le monde, le Département d’État Américain accable l’Algérie tant qu’il note « une généralisation de la corruption, du manque de transparence dans la gestion du gouvernement, l’indépendance de la justice et les restrictions des libertés publiques et académiques » (6). Il s’étale sur une soit-disant persécution d’un millier de juifs en Algérie et recommande aux Autorités Algériennes l’élaboration d’une loi condamnant sévèrement l’antisémitisme similaire qui existe en France sous le nom de Loi Gayssot.

Le rêve français d’un grand état saharien

Pour avoir le prétexte d’intervenir en Afrique pour tantôt rétablir l’ordre constitutionnel tantôt pour des raisons humanitaires, la France crée des tensions entre groupes inter-ethniques. Bafouant sans cesse le droit international et piétinant la souveraineté des États, elle rêve d’un grand État au Sahara qui lui serait entièrement soumis économiquement et politiquement. Toutes les initiatives pour le règlement des conflits par le dialogue sont vite détruites par la France néocolonialiste.

Sarkozy n’avait-il pas dégommé l’accord signé à Tamanrasset le 6 janvier 1991 sous l’égide de l’Algérie entre le gouvernement malien et le Mouvement National de Libération des Azawad en vertu duquel une autonomie est accordée aux trois régions du nord du Mali « qui géreront leurs affaires régionales et locales par le bais de leurs représentants selon un statut particulier consacré par la loi » (7) en affirmant vouloir « travailler avec les Touaregs pour voir comment ils peuvent avoir un minimum d’autonomie » ? (8). Pour la France cet accord torpillait le rêve de création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (9) « cette chose étrange qui s’appelait Organisation Commune des Régions du Sahara, une machinerie juridique à travers laquelle la France avait espéré maintenir une souveraineté sur le Sahara ». (10)

Stratégie d’encerclement de l’Algérie

La fragilisation l’Algérie passe par une double action, son encerclement par des bases militaires US et Françaises d’une part, et la déstabilisation des pays limitrophes d’autre part. L’Algérie se trouve dans la ligne de mire des prédateurs occidentaux qui pensent que la maîtrise géopolitique de toute la région du grand Sahara passe inévitablement par ce pays riche. Cette menace est perceptible chez les Algériens car la situation politique est marquée par une lutte entre deux factions pour le pouvoir qui pourrait être une des causes de la mollesse de la riposte algérienne face à ce péril, sinon comment expliquer cette phrase « Les deux parties sont pour un partenariat d’exception » (11) lancée le 5 décembre 2013 par Sellal après sa réception par Hollande qui projetait de compléter le plan Serval par une base au Mali.

A – Présence américaine dans le Sahel

Considérant l’Algérie comme un partenaire stratégique, le Pentagone l’introduit officiellement comme un partenaire privilégié en matière de lutte antiterroriste contre l’AQMI au Maghreb et dans la Sahel. Par cette décision, il vise un double objectif : le faire intégrer l’AFRICOM et installer par la suite des bases sur le sol Algérien. Le paradoxe dans la géostratégie Étasunienne est que malgré sa très coopération avec les USA dans la lutte antiterroriste ceux-ci placent l’Algérie sur la liste noire des 14 pays à haut risque. L’Algérie est dans le collimateur des États-Unis malgré les facilités accordées à l’armée américaine.

La doctrine américaine est fondée sur l’accès illimité aux marchés africains, énergies et autres ressources stratégiques et la sécurisation des approvisionnements des matières premières. Elle est soutenue militairement sous la formule de la lutte contre le terrorisme. Dans ce cadre, ils tissent une toile militaire pour occuper l’Afrique utile. Elle est illustrée par cette déclaration d’Obama « L’Afrique est plus importante que jamais pour la sécurité et la prospérité de la communauté internationale et pour les États – Unis en particulier » (12)

Ainsi, outre une forte présence des navires de guerre en Méditerranée, des bases discrètes ont été installées en Afrique au titre de l’opération appelée « Creek Sand ». Les principales bases sont :

a) La base d’Ouagadougou (Burkina Fasso) d’où décollent les U 28A pour surveiller le Sahel et le Sud Algérien.

b) Les camps entraînement de mercenaires étrangers en Libye. Financés par l’Arabie saoudite, ces centres sont supervisés, selon Stratégika 51 du 7 octobre 2012 par une société privée d’Haifa. Les Saoudiens n’apprécient pas les bonnes relations de l’Algérie avec l’Iran et leurs idéologues wahhabites voient l’armée algérienne comme étant mécréante et oppressante des musulmans.

c) Une base de drones de surveillance de l’Afrique du Nord et du Sud Algérien à Niamey (Niger). (13)

d) 8 avions militaires et 500 éléments des forces spéciales de l’US Navy des marines américains débarquent à la base militaire de Moron en Espagne. Cette force d’intervention rapide doit « assurer la sécurité et éventuellement l’évacuation des ressortissants américains en Algérie ainsi que le personnel US ». Cette opération est « en prévision d’une du régime en Algérie » (14)

e) Les GIS sont en Italie, en Espagne et en Tunisie officiellement pour lutter contre le terrorisme au sahel et disposent de facilités au Maroc et en Mauritanie.
Par ailleurs, le journal israélien Yediot Aharanot publie un article un document portant sur la signature entre le Conseil National de Transit Libyen et l’entité sioniste pour l’installation d’une base au Mont vert près de la frontière algérienne.

La France réorganise son dispositif militaire au Sahel autour de quatre bases (source : L’Opinion)

B- Présence française dans le Sahel

La France dispose la région en question, en plus des points d’appui stationnés plus au nord au Mali et au Tchad de quatre bases militaires principales où 3000 militaires français sont déployés en permanence dans le sud algérien :

a) Au Tchad à N’djamena : Des avions de combat Mirage 2000 et Rafale appuyés par des ravitailleurs et des forces terrestres sous le commandement de l’état- major qui dirige les opérations au Sahel.

b) Au Niger à Niamey : Les moyens de renseignements notamment les deux drones Reaper achetés aux États-Unis. Cette base peut aussi accueillir des avions de combat et des patrouilleurs maritimes pour la surveillance de l’Atlantique et du Grand Sahara.

c) Au Mali à Gao et à Tessalit : En plus d’un important détachement d’hélicoptères à Gao, « La France va installer une base au nord du mali à Tessalit près de la frontière algérienne » (15). L’Algérie n’a pas été consultée pour cette décision qu’elle ne peut donc refuser. La France justifie l’implantation de cette base, selon le journal malien maliactu par « une partie des marchés obtenus par les entreprises françaises consiste à l’aménagement de la piste d’atterrissage de l’aéroport du camp de la ville de Tessalit qui devait accueillir la base ». La France souhaite « compléter de manière significative ses capacités de renseignements sur ce vaste territoire africain » selon le communiqué du Ministère de la défense.

d) Au Burkina Fasso à Ouagadougou : Le groupement des forces spéciales Sabre qui opère dans toute la zone à partir de cette base.

Y a-t-il une coordination américano-française pour une probable intervention en Algérie après les élections présidentielles d’avril 2014 ? Lavrov en visite à Tunis, dévoile que l’Algérie est sur l’agenda des fomentateurs et instigateurs pour la voir soumise aux aléas d’un printemps meurtrier. Que font nos dirigeants face aux dangers qui pèsent sur notre pays ?
Laid Seraghni, le 21 mars 2014


Références :
(1) Mémoire online. Redéploiement militaire Américain en Afrique par Rachid Oufkir voir aussi le Site et le forum de Sétif et sa région. Cette base a été utilisée pour le déploiement des avions P3 Orion pour la surveillance aérienne et la collecte des renseignements sur le GSCP.
(2) Le Combating Terrorism Center : Le Centre de lutte contre le terrorisme comble les domaines opérationnels et universitaires offrant les dirigeants actuels et futurs avec les outils intellectuels nécessaires pour vaincre et prévenir des menaces terroristes à la nation américaine.
(3) Hannah Armstrong : chercheuse spécialisée dans les questions politiques et sécuritaires de l’Afrique du Nord). Pour elle, le Sahara occidental est occupé par le Maroc à l’ouest et l’Algérie à l’est.
(4) Joshua Bergess : le Lieutenant – colonel des Forces aériennes américaines Chercheur visiteur à l’Institut de Washington.
(5) Washington Institute for Near East Policy du 10 février 2014.
(6) Maghreb Info du 3 mars 2014.
(7) Le Monde du 13 avril 2012.
(8) Alter Info du 8 décembre 2012.
(9) Cette organisation consistait à rassembler les régions sahariennes d’Algérie, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. En 1962, l’Algérie a empêché la réalisation de ce projet et le contrôle de la bande saharo-sahélienne riche en minerais stratégiques pour l’Occident.
(10) Terrain N° 38 mars 1997 Miroir du colonialisme « Charles de Foucault rencontres et malentendus ».
(11) Tout sur l’Algérie du 5 décembre 2013.
(12) Le Parisien du 14 juin 2012.
(13) Maghreb Observateur du 6 mars 2014.
(14) Maghreb Observateur du 6 mars 2014.
(15) Expression du 17 mars 2014.
http://www.cercledesvolontaires.fr/2014/03/23/militarisation-accrue-du-sahel-destabilisation-de-lalgerie

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