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TE D’IVOIRE : Les mauvaises fréquentations de Bakayoko, le ministre de l’intérieur du président Ouattara, agitent les médias

mercredi 9 avril 2014, par Assane Koné

Après l’arrestation d’un jeune escroc ivoirien par la police française, la presse d’opposition, relayée par les réseaux sociaux, se déchaîne contre Hamed Bakayoko, le ministre de l’intérieur du gouvernement Ouattara.
Moins de deux semaines après la mort du mannequin Awa Fadiga, qui a ému le pays et mobilisé les médias nationaux et internationaux, le gouvernement d’Alassane Ouattara subit une nouvelle polémique malvenue. Hamed Bakayoko, l’homme de confiance du chef de l’Etat, est dans le collimateur de la presse.

Une photo d’Hamed Bakayoko, posant fièrement avec un « brouteur » (un escroc, NDLR) dans une discothèque, a suscité de nombreux commentaires - acerbes et ironiques -, et mis dans l’embarras jusque dans les cercles proches du pouvoir en Côte d’Ivoire et suscité des interrogations chez les autorités françaises.

Sur un cliché publié sur Facebook, on voit donc Hamed Bkayoko, 48 ans, aux côtés de « Bloco le Pitchichi », 34 ans, le jeune escroc ivoirien, roi des nuits africaines de Paris, neutralisé récemment par des policiers français pour « usurpation d’identité, fausses identités et escroquerie ». Avec son complice, l’ami douteux du ministre ivoirien écumait les agences bancaires de Normandie (nord de la France). Il est actuellement sous les verrous.

« Arnaque à la zaïroise »

Alertés le 12 février d’une ouverture frauduleuse de compte bancaire par une agence bancaire de Montville (Seine-Maritime), les policiers de la brigade financière de Rouen vont réussir en moins de deux mois à identifier Bloco et son complice qui seront finalement arrêtés le 24 mars dernier. La technique utilisée était celle dite de « l’arnaque à la zaïroise ». Elle consiste à ouvrir de vrais comptes bancaires avec des papiers d’identités volés et de fausses (ou vraies) attestations de domicile.
Bloco distribue de l’argent dans un maquis d’Abidjan.

Selon les enquêteurs, le montant de cette escroquerie s’élève à plus de 200 000 euros. Son butin était envoyé régulièrement (via un site de transfert d’argent) en Côte d’Ivoire, son pays d’origine. Récidiviste, il a déjà été arrêté en France pour des faits d’escroquerie.

Hamed Bakayoko est une personnalité très en vue du régime Ouattara et un prétendant à la succession de l’actuel chef de l’Etat ivoirien. Ses fonctions au sein du gouvernement, sa vie privée et ses amitiés ajoutent à ce parfum de scandale. Selon plusieurs journaux ivoiriens, qui se sont émus des accointances entre le ministre et le voyou, Bloco « travaillait » pour l’homme politique. Sans en apporter des preuves probantes.

Un ministre fragilisé

Le ministre Hamed Bakayoko est sur la sellette. Sa gestion de l’affaire Awa Fadiga a surpris. En charge de la sécurité, il s’est mué dans un silence et un immobilisme qui ont pu dérouter plus d’un. Quinze jours après l’agression de la « belle Awa », le premier responsable de la sécurité en Côte d’Ivoire peine encore à présenter le moindre résultat de l’enquête ouverte par le procureur de la République d’Abidjan. Aucun suspect non plus. Alors que la pétition lancée par les amis de la jeune femme disparue sur internet continue de recueillir des signatures (plus de 23 400, dimanche 6 avril).
Légende : Bloco avec les artistes Yodé et Siro dans une discothèque parisienne.

Noceur confirmé et propriétaire de la boîte de nuit Le Lifestar, à Abidjan, et de l’Alizé, à Paris, Hamed Bakayoko est aussi critiqué pour ses liens étroits avec le milieu du grand banditisme de la région parisienne. Ses fréquentations ont souvent mis dans l’embarras les autorités françaises qui ne peuvent rien refuser à cet encombrant membre d’un gouvernement « ami de la France ».

L’affaire « Bloco Pitchtchi » braque à nouveau les projecteurs sur le sulfureux ministre. Interrogé dimanche par Politico, un habitué de la boîte de nuit l’Alizé a assuré que Bloco était un intime d’Hamed Bakayoko à qui il rendait régulièrement visite lors des séjours de ce dernier à Paris. « C’est le bon petit d’Hamed (le ministre Bakayoko, NDLR). Ils se connaissent très bien », ajoute ce proche de l’escroc.

Ce n’est pas la première fois que les frasques ou les relations de celui qui a reçu le sobriquet d’Hambak (contraction de ses prénom et nom) défraient la chronique. Ses détracteurs ironisent sur son « comportement inapproprié », sa « grossièreté », sa « légèreté » (son niveau d’étude) ou encore son « goût prononcé pour la fête ».

Plus grave, son « art de la mise en scène » (extorsion d’aveux à des adversaires politiques à la télé d’Etat ou des photos du prisonnier Blé Goudé) et ses « erreurs de jugement » (contre les opposants au régime) sont souvent mis en exergue par l’opposition pro-Gbagbo qui en a fait son souffre-douleur préféré.

© Politico - Jonathan Ehud, avec Sonia Cohen.

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