« A quoi sert le 20 janvier ? ». Nombreux sont aujourd’hui les Maliens qui se posent cette question. Célébrée pour commémorer la création de l’armée malienne, symbolisée par l’exigence du Président Modibo Keita faite a la France de retirer ses soldats du territoire malien, la fête de l’armée célébrée le 20 janvier n’aura plus sa raison d’être. Les soldats français, à travers Serval sont dans nos murs pour nous mettre à l’abri des affres Djihadistes et autres narco terroristes. Pire, le Mali s’apprête à signer un accord de défense avec la France.

C’était avec une grande fierté que le Mali célébrait chaque année le 20 janvier 1961. Cette fête symbolisait la matérialisation de la souveraineté retrouvée d’un peuple qui a toujours affronté les difficultés dans la dignité. Souvenons nous que le 20 janvier 1961, Modibo Keita, père de l’indépendance du Mali, dans un discours mémorable avait déclaré : « ……A l’heure qu’il est, l’ambassade de France en République du Mali est informée par mes soins de la décision de mon parti et de mon gouvernement de voir la France évacuer les bases militaires de Bamako, de Kati, de Gao et de Tessalit, qu’elle occupait du fait des accords franco-maliens signés a Paris le 22 juin 1960, elle et la fédération du Mali et qui deviennent caducs après les événements du 19 au 20 aout 1960 et l’acte de reconnaissance par la France du gouvernement du Sénégal, acte qui consacre la dissolution de la Fédération du Mali… ». Plus connue comme la fête de l’armée malienne, le 20 janvier de chaque année est en réalité la commémoration de cette journée au cours de laquelle feu Modibo Keita avait dit tout haut ce que souhaitait un peuple longtemps meurtri qui retrouvait son indépendance et sa souveraineté. Tout comme la commémoration du 22 septembre, date d’indépendance du Mali, la journée du 20 janvier, a de tout temps été, pour le peuple malien dans sa diversité et dans une communion, sans nulle pareille, de montrer les éléments forts de sa souveraineté.

Avec tout ce que le Mali vient de traverser, le moment n’est-il pas arrivé de s’interroger sur la volonté des autorités maliennes qui veulent célébrer avec tambours et trompettes, le 20 janvier 2014. Surtout quand on sait que, cette même date a été annoncée par Jean Yves le Drian, ministre français de la défense, comme le jour ou son pays reviendra signer avec le Mali un accord de défense.

L’armée française déjà au Mali depuis l’intervention de Serval, y reviendra officiellement le 20 janvier 2014. C’est tout comme la France disait aux Maliens vous nous avez chassé le 20 janvier 1961, mais voila que 53 ans après, nous revenons par la grande porte avec un accord en bonne et due forme qui vient légaliser notre retour dans le feu de l’action, lorsque vous n’aviez pas pu protéger vos populations contre la furie des Djihadistes.

Avec tous ces éléments, les autorités maliennes vont devoir creuser leurs méninges pour trouver un très bon argumentaire à la célébration avec faste de la commémoration de la date du 20 janvier 1961. De deux choses l’une : Soit on trouve une autre explication au 20 janvier, avec la signature de l’accord de défense avec la France, soit on prend des dispositions pour mettre fin a cette commémoration pour préserver le budget national de saignées financières qui n’en valent plus la peine.

Assane Koné