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Tourisme religieux : D’année en année la Ziyara de Koni devient un rendez-vous incontournable

vendredi 19 mai 2017, par Assane Koné

Koni, village situé à environ 96 kilomètres de Bamako, dans la Commune rurale de Tinkolé, abrite la grotte qui a vu naître Soumangourou Kanté, le Roi Sosso. Longtemps méconnu par les officiels maliens, ce site qui joue un rôle important dans la vie des populations, est en passe de devenir un rendez-vous important du tourisme religieux dans notre pays. Le dimanche 14 mai 2017, à la faveur de la 8e édition de la Ziyara de Koni, nous avons eu l’occasion d’apprécier l’ardeur, le dynamisme et l’engagement des ressortissants de koni de faire de leur village, une destination du tourisme religieux dans notre pays.

Dimanche 14 mai 2017, il était environ 9 h 45 minutes, lorsque nous quittâmes Bamako. Destination : Koni. Pas trop sûr de sa maîtrise de la piste, notre guide va se faire aider par l’application « MAPS.ME cartes avec navigation », installée sur son téléphone. Il lui a suffit d’enregistrer le point de départ et le point d’arriver et l’appareil s’est mis à nous guider jusqu’à Koni.

Déjà à quelques kilomètres de la bourgade, l’on pouvait se rendre compte de la particularité du jour et de l’importance de ce rendez-vous. En voiture, en charrettes, en bicyclette et en moto, les populations riveraines n’avaient qu’une seule destination : Koni.

Jour de fête à Koni

D’ordinaire très calme, selon les témoignages recueillis sur place, Koni avait ce jour-là l’allure d’un jour de fête. Pratiquement dans toutes les grandes familles du village, malgré l’heure matinale, les femmes s’affairaient autour des marmites pour la préparation du déjeuner. Pour la circonstance, le village reçoit des invités qui viennent de toutes les régions du Mali. Cette, année, il y avait des visiteurs qui sont venus des pays limitrophes du Mali.

Regroupés par classe d’âge, filles et garçons, habillés de leurs plus beaux habits, repartis en plusieurs petits groupes, devisaient autour de la mosquée, sans marquer trop d’intérêt pour ce qui s’y déroulait. Comme ces jeunes, il y avait aussi quelques adultes qui étaient pressés que la cérémonie à la mosquée prenne fin, pour le départ sur le site de naissance de Soumagourou Kanté.

En effet, à notre arrivée à Koni, nous nous sommes directement rendus à la mosquée du village pour rencontrer le comité d’organisation. Dans la cour de la mosquée qui refusait déjà du monde, les marabouts venus de toutes les contrées, même de certaines mosquées de Bamako, avaient déjà commencé la lecture du coran. Par 3 fois, le coran a été entièrement lu. Les bénédictions ont été formulées pour le Mali, pour les maliens et pour tous les participants. La permission a été donnée à tous les participants, qui le souhaitaient, de formuler des vœux secrets.

Fara ou « Datchama Coulibaly » : Le site des miracles

Il faut le dire sans détour. Si le Ziyara de Koni existe aujourd’hui, c’est parce que Koni abrite la grotte qui a vu naître Soumangourou Kanté. Dénommée « Fara » ou « Datchama Coulibaly », en d’autres termes « plusieurs portes Coulibaly », la grotte qui a vu naître Soumangourou Kanté a de tout temps eu la réputation d’être un lieu de dévotion et d’invocation. « Toutes les prières, tous les vœux, tous souhaits et toutes demandes adressés à Dieu en ces lieux, à de fortes chances d’être exaucés », a indiqué Boubou Coulibaly dit Sèguè, membre de la Commission d’Organisation de la Ziyara. Avant de nous rappeler de mémoire quelques cas de souhaits et de demandes adressées à Dieu dans ces lieux, dont il peut témoigner et qui ont été soldés par des succès mémorables.

Selon lui, les vœux formulés sur ce site sont exceptionnellement rapides à se réalisés, lorsqu’il s’agit des cas de femmes qui n’ont jamais eu d’enfant. « Une femme qui a des difficultés d’avoir un enfant, par la grâce de Dieu, sera gratifiée d’un enfant au bout d’une année, dès qu’elle viendra faire des vœux dans cette grotte », a-t-il déclaré. Avant de nous dire qu’ils ont déjà enregistré plusieurs cas de succès.

Quand l’islam expulse les pratiques animistes de la grotte

A dire vrai, cette grotte a de tout temps et par le passé, a été un lieu où le village de Koni se consacrait à des pratiques sacrificielles, assimilables à des pratiques animistes. « Ici, par le passé, nos ancêtres choisissaient une journée de l’année pour des sacrifices. On y immolait des taureaux et on y déversait le « dèguè » ou la crème de petit mil. Rarement, la pluie ne mettait fin à la cérémonie du temps de nos parents », nous a indiqué Boubou Coulibaly dit Sèguè, membre de la Commission d’Organisation de la Ziyara. Avant d’ajouter que c’est en Mai 2010, avec le recule des pratiques ancestrales, que les enfants de Koni ont décidé de faire revivre le site, en y instituant une Ziyara.

Mieux, il dira que Koni ne fait pas exception. Parce qu’il y a plusieurs sites de Ziyara au Mali, qui en réalité était des anciens sites soumis aux pratiques animistes. Il a cité l’exemple du site de Bébé à Baraouli et celui de Konina, qui sont des sites qui ont quelque chose à avoir avec Soumagourou Kanté.

« Donc, après avoir contacté plusieurs érudits, nous avons été convaincus de la pertinence de notre démarche. Nous sommes musulmans aujourd’hui, nous procédons à la lecture de coran, là où nos ancêtres immolaient des bœufs », a-t-il indiqué.

Après la séance de lecture de coran à la mosquée de Koni, les participants à la Ziyara, dans une procession longue d’environ 2 kilomètres, ce sont retrouvés dans la grotte pour les bénédictions et les expressions de vœux. Les arbustes aux alentours de la grotte à plusieurs portes, ont perdu toutes leurs feuilles. La croyance populaire, voudrait que ces feuilles mises dans une marmite avec une intention de guérir telle ou telle maladie, le fassent après consommation et des bains.

Les bénédictions faites, les souhaits et vœux formulés, les participants se sont séparés, avec la ferme volonté d’être au prochain rendez-vous par la grâce de Dieu.

Assane Koné


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