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Mariage précoce : Quand l’éducation vole au secours des jeunes filles

mercredi 7 octobre 2015, par Assane Koné

La communauté internationale s’apprête à célébrer le 11 octobre 2015 la journée Internationale de la fille. Dans le cadre de cette célébration, il est exceptionnellement important d’attirer l’attention sur un fléau qui porte des atteintes graves aux droits de la fille : Le mariage précoce ou le mariage des enfants.

Elle s’appelle Siby Mama. Elle n’a que 12 ans, mais risque de ne plus avoir la possibilité de devenir mère. Le cas de cette jeune fille, rapporté par Mme Bagayoko Mariam Coulibaly, Directrice régionale de la Promotion de la femme de Kayes, lors de la célébration à Nioro du Sahel, en juin dernier, de la journée de l’enfant africain, est très pathétique. Victime d’un mariage précoce à l’âge de 11 ans, cette jeune fille, après une grosse présumée de 35 semaines, a donné naissance à un enfant mort-né, à l’issue d’un accouchement très difficile, dont les séquelles n’ont pas pu être résorbées, faute de moyens. A peine 12 ans, Siby Mama se voit condamner à ne pas avoir la chance à devenir un jour mère. Pour cause : le mariage précoce dont elle a été victime.

Le problème aujourd’hui au Mali, est que ce qui est arrivé à Siby Mama, n’est pas un cas isolé, ni au Mali ni dans le monde. Selon l’enquête démographique et de santé (EDSM-V), le fléau du mariage précoce touche 50% des femmes. Plus en détails, l’enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS) de 2010, indique que le mariage précoce est plus fréquent dans la région de Kayes avec 27% des femmes mariées avant leur 15 ans et 74% des femmes mariées avant d’atteindre 18 ans, soit un taux global de prévalence de 73,60%, au moment où le niveau national est à 60,80%. Ainsi, au Mali, les données placent Kayes en 1re position devant Gao (73,20%), Koulikoro (71,70 %) et Tombouctou (67,70%).

En ce qui concerne les données au-delà du Mali, le Fonds des Nations Unies pour la Population est formelle. Il indique que : « si l’on n’agit pas pour inverser la tendance, ce sont plus de 140 millions de filles, dont 50 millions de moins de 15 ans, qui seront mariées entre 2011 et 2020, soit 39 000 par jour, la majorité en Asie du sud et en Afrique subsaharienne. Fait surprenant, la littérature sur le fléau indique que la France, comme d’autres pays européens, est également affectée par le phénomène.

Mariage précoce : Fléau à conséquences dramatiques

Il est notoirement admis aujourd’hui que le mariage précoce hypothèque au Mali l’avenir de nombreuses jeunes enfants. Par le fait du mariage précoce, elles sont privées de leurs droits à l’éducation et assistent impuissante à la réunion de conditions de dégradation de leur état de santé.

« En plus d’éloigner les jeunes filles de l’école, le mariage précoce explique une grande partie des grossesses précoces, avec les complications lors des accouchements », nous a indiqué Mme Sanogo, sage-femme au Centre de Santé de Référence de la Commune I. Mieux, elle a estimé que les jeunes filles précocement mariées sont exposées à des conséquences sanitaires (Césariennes, fistules obstétricales, anémie, faiblesses et infections sexuellement transmissibles), en plus du risque de mourir en donnant la vie.

Que faire face au fléau du mariage précoce ?

Pour minimiser l’impact de ce fléau, les autorités administratives et politiques, les leaders communautaires et religieux et autres leaders d’opinion doivent se mobiliser pour des actions dynamiques de sensibilisation contre la pratique du mariage précoce.
Mais de toutes les actions, une autonomisation des filles par un accès amélioré à un enseignement primaire et secondaire de qualité, à l’éducation non formelle et à la formation professionnelle, semble être le moyen le plus efficace. D’autant plus qu’il est aujourd’hui admis que le mariage précoce va souvent de pair avec le faible niveau d’instruction, aussi bien chez les parents des filles que chez celles-ci.
Cela est confirmé dans le rapport 2013 de Plan International sur l’éducation des filles/Mariage d’enfant et éducation « Faire reculer le mariage précoce par l’éducation des filles ».

Ce rapport indique l’existence d’un lien dual entre mariage d’enfant et éducation. Selon le rapport de Plan International « les filles abandonnent plus souvent l’école à cause d’un mariage précoce et l’éducation constitue un facteur crucial de la prévention du mariage chez les filles ».

En la matière les chiffres sont on ne peut plus clair. Dans son rapport, Plan international rappelle que « si la différence entre les filles n’ayant pas reçu d’éducation et celles ayant reçu une éducation primaire est déjà notable (63% des filles mariées avant 18 ans n’ont pas eu d’éducation contre 45%, ayant reçu une éducation primaire), l’écart devient très significatif entre le primaire et le secondaire (on passe alors de 45% à seulement 20% de filles mariées avant 18 ans et ayant suivi une éducation secondaire ou plus ».

Pour cela, Plan International est convaincu que « Face au mariage précoce, la clé de la protection et de développement des filles est l’éducation et l’apprentissage ». Mieux dans son rapport 2013, l’organisation internationale dédiée à la cause des enfants a ajouté qu’ « il est important, pour des raisons personnelles et familiales, mais aussi sociales et économiques, de convaincre les parents de maintenir leurs filles à l’école »

Il faut aujourd’hui que tous les dirigeants du monde, les leaders communautaires et associatifs, répètent à l’unisson avec Plan International qu’ « Il est essentiel d’agir pour une meilleure scolarisation des filles dans le secondaire pour lutter efficacement contre leur mariage précoce ».

Assane Koné

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