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Front social : L’UNTM en grève aujourd’hui et demain

mercredi 20 août 2014, par Assane Koné

« Le Bureau Exécutif de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) invite tous les travailleurs à observer strictement le mot d’ordre de grève prévue le jeudi 21 août et le vendredi 22 août 2014 à minuit. Tous ensemble pour la réussite de la grève de l’UNTM ». Ce communiqué signé le 20 août 2014 de la plume de Yacouba katilé, secrétaire général du Bureau exécutif de l’UNTM, affiche la détermination de la centrale syndicale historique du Mali, à mettre à exécution son préavis de grève en date du 31 juillet 2014.

« La grève aura lieu ». Nous a indiqué Yacouba Katilé, secrétaire général de l’UNTM que nous avons rencontré le 20 août 2014, à la bourse du travail de Bamako. Il n’est pas totalement d’accord avec Bocar Moussa Diarra, ministre du travail, de la fonction publique et des relations avec les institutions, qui a affirmé lors d’une conférence de presse le 19 août 2014, qu’ « Après quatre jours de négociations, autour des 17 points, les parties sont parvenues à 12 points d’accord. Les 5 points de désaccord ont fait l’objet de trois propositions intéressantes de la part du Gouvernement : le relèvement du SMIG d’environ 10% ; le relèvement de l’allocation familiale au bénéfice des conventionnaires d’environ 10% ; une proposition d’étude du système fiscal en vue d’une réduction de l’ITS. Les deux autres points de désaccord sont relatifs au relèvement significatif du taux de la valeur du point d’indice et la baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007 ».

Selon Yacouba Katilé, il fallait d’abord que l’UNTM et le gouvernement s’entendent sur l’extinction du protocole d’accord du 10 octobre 2011. « Il se trouve que seulement 4 points de ce protocole d’accord ont été réalisés. Tous les autres points sont inachevés ou n’ont pas bénéficié d’un début d’exécution », a-t-il indiqué. Avant de révéler que lors des négociations dans le cadre de la commission de conciliation qui a siégé les 15, 17, 18 et 19 août 2014 dans la salle de conférence du département, l’UNTM, pour ne pas trop tirer sur la corde, a demandé au gouvernement de lui faire de nouvelles propositions de dates pour la satisfaction des points non traités. « Le gouvernement nous a fait des propositions de dates que nous avons accepté, en prenant soins de rejeter toutes celles qui vont jusqu’en 2016 », a-t-il déclaré.

Des engagements sur des dates ne sont pas des revendications satisfaites

Avant de dire qu’avoir des engagements sur des dates, ne signifie nullement que les revendications sont satisfaites. En ce qui concerne la grille indiciaire, il dira qu’elle n’est pas totalement appliquée pour les travailleurs en activité. « On a accepté les délais proposés jusqu’en fin août 2014, pour qu’elle soit effective pour tous les travailleurs en activité et fin septembre 2014 pour qu’elle soit totale pour les fonctionnaires à la retraite », a-t-il indiqué. Le secrétaire général de l’UNTM a estimé que conformément à la loi, quand on fait une grille indiciaire de la fonction publique, elle doit toujours s’appliquer aux travailleurs à la retraite. « Nous n’allons jamais oublier les travailleurs à la retraites », a déclaré Yacouba Katilé. Avant de lever le voile sur les points formels de désaccord qui sont au nombre de cinq. Ce sont : le relèvement du SMIG ; le relèvement de l’allocation familiale ; la réduction de l’ITS ; le relèvement du taux de la valeur du point d’indice et la baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007.

Les travailleurs maliens refusent les salaires les plus bas de la zone UEMOA

Selon lui, en ce qui concerne le relèvement de la valeur indiciaire, le Mali ayant la 3e économie la plus forte de l’UEMOA, l’UNTM a estimé que les maliens ne doivent pas continuer à être les derniers de la sous région en matière de salaires. « Pour cela, nous avons souhaité le relèvement du taux d’indice. Mais, le gouvernement nous a même pas laissé le temps d’en discuter », a-t-il indiqué déçu. En ce qui concerne la diminution de l’ITS, il dira qu’il n’y a pas eu d’accord entre l’UNTM et le gouvernement. Quant à la revendication portant sur l’augmentation du SMIG qui est de 28 140 FCFA au Mali et qui est le plus bas de la sous région, selon le secrétaire général de l’UNTM, le gouvernement a proposé la somme de 31 000 FCFA, alors que l’UNTM souhaitait 60 000 FCFA. « Mais, pour montrer notre bonne foi, nous avons fait une concession jusqu’à 40 000 FCFA. La commission de conciliation a proposé 35 000 FCFA et le gouvernement a refusé pour 4000 FCFA de différence », a-t-il indiqué. En ce qui concerne le point relatif à l’augmentation de l’allocation familiale qui vise à faire face à la prise en charge de l’enfance, Yacouba Katilé a rappelé que l’allocation des pensionnaires de la caisse est au même taux depuis l’indépendance du pays. « Au regard de la pertinence de cette revendication, le gouvernement a accepté une augmentation pour les pensionnaires de l’INPS, mais demande d’attendre 2015 pour les autres travailleurs, sans proposition de montant. Il n’y a pas eu d’accord sur ce point », a-t-il indiqué.

L’Etat veut faire payer la subvention de 20 milliards de FCFA de l’électricité et de l’eau par les travailleurs et les entreprises

Quant à la revendication qui porte sur la baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2011, Yacouba katilé s’est dit très déçu. Selon lui l’Etat s’était engagé en 2007 dans un accord à réduire progressivement les tarifs d’eau et d’électricité, avec l’interconnexion. « Mais, aujourd’hui, le gouvernement estime qu’il subventionne à 20 milliards de FCFA par an la production et la distribution de l’eau et de l’électricité et voudrait faire supporter cette charge par les travailleurs et les entreprises et l’UNTM s’oppose à cela », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter qu’au cours des négociations, le ministre Moussa Bocar Diarra a particulièrement été très agressif contre les syndicalistes. « Il est allé même à dire qu’il va s’impliquer pour que le syndicalisme se fasse autrement au Mali. Nous estimons que cela est une immixtion flagrante, une violation grave des conventions internationales », a-t-il ajouté.

Mais, en plus de toutes ses revendications insatisfaites, l’UNTM n’arrive pas à comprendre le mépris du gouvernement. « Depuis la mise en place du Bureau exécutif de l’UNTM, nous avons tout mis en œuvre pour rencontrer le gouvernement pour nous entendre sur les grandes préoccupations des travailleurs du Mali, mais en vain », a indiqué Yacouba Katilé. Mieux, il dira qu’une demande d’audience a été adressée au Président de la République IBK, afin de lui présenter le nouveau bureau de l’UNTM et les préoccupations des travailleurs maliens. « Notre demande d’audience est restée lettre morte », a-t-il révélé.

Assane Koné

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