Ce qui s’est passé à la Mairie de Kalabancoro relève du vrai banditisme financier. Le maire par intérim, Hamala Sidibé a pensé jouer au plus malin. Il est passé par deux fournisseurs pour passer un marché pour acheter des denrées alimentaires destinées à la cantine scolaire de Gouana. Par la suite, la plus part des vivres estimés à plusieurs millions de F CFA ont disparu. Les autorités judiciaires sont interpellées.

A l’absence du maire principal, inquiété pour des problèmes judiciaires, commença à la Mairie, le festival des brigands. Hamala Sidibé et son complice ont fait sortir des tiroirs le dossier d’achat de vivres destinés à la cantine scolaire du village de Gouana. Les faits se sont déroulés en pleine suspension des cours due au Covid 19.

Les ressources sont mobilisées pour l’achat des vivres pour les 1^er et 2^e cycle A et B soit un montant de 13 735 727 F CFA, financé sur fonds propre de la Mairie. Nous sommes le 30 mars 2020.

Le marché est attribué à deux fournisseurs : « Commerce général Cheick Hamala Traoré et Nima Distribution SARL ». Premier péché : Le maire par intérim a fractionné l’unique marché en deux lots pour mieux « profiter des retombées ».

Le Lot 1 est confié au Commerce général Cheick Hamala Traoré. Le montant de sa prestation s’élève à 7 684 960 F CFA. Suivant le bon de commande numéro 12, l’entreprise commerce Cheick Traoré a livré 10 tonnes de mil, (1 500 000 F CFA), 10 tonnes de riz gambiaka, ( 5 000 000 F CFA), 1 tonne de maïs (175 000 F CFA), 6 sacs d’oignons de 25 kg ( 75 000 F CFA), 20 boîtes de tomates concentrés (150 000 F CFA), 10 sacs de l’ail de 25 kg (240 000F CFA), 5 sac de Soumbala (175 000), 10 sacs de carton de cube Maggi (30 000 F CFA), 5 bidons d’huile Dinor 20 litres (100 000 F CFA), 2 tonnes de sel (50 000), 5 sacs de poivres (175 000 F CFA), 2 sacs de piment (14 960).

Dans la même foulée, il attribue le second (lot 2) à l’entreprise « Nima Distribution », basée à Nara pour un montant de 5 697 357 F CFA. Pour ce second lot, le fournisseur a livré 8 tonnes de mil à 1 240 000 F soit 155 000 F le prix d’une tonne. Les 8 tonnes de riz gambiaka ont couté 4 millions F CFA soit 500 000 F la tonne. Quant à la tonne de maïs, elle a couté 166 357 F CFA, les deux sacs d’oignons de 25 kg ont été achetés à 30 000 F CFA, les 6 boites de tomates concentrés ont couté 105 000 F CFA soit 17 500 F CFA par l’unité. Et enfin, les 6 sacs de l’aile de 25 kg sont allés à 156 000 F CFA soit 26 000 F CFA par sac.

Il faut dire que les deux lots ont été réceptionnés le même jour (le 2 avril 2020) sans qu’une réception officielle ne soit organisée. La réception a été faite, d’après nos informations que sur papier. Une véritable mafia. C’est pourquoi, peut-on voir la signature des membres de la Commission de réception.

Approchés par nos soins, certains ont laissé entendre qu’ils ont paraphé le bordereau de réception parce que le 2^e adjoint au maire leur a demandé de le faire « afin que les fournisseurs puissent rentrer en possession de leur argent ».

« Je n’ai jamais été témoin d’une réception de vivres livrés par les fournisseurs. J’ai été témoin des seuls vivres et ustensiles qu’on a amené à Gouana, pas plus », a affirmé un des présidents de ladite cantine scolaire.

Après cette étape, le maire par intérim a mis en exécution la 2^e phase de son plan machiavélique qui a consisté à soustraire une quantité importante de vivres achetés pour une destination non encore connue. Lors de notre passage à la Mairie, aucun conseiller n’a été capable de nous dire le chemin qu’ont pris les vivres.

A la reprise des cours le 2 juin 2020, quelques vivres ont été acheminés à Gouana par les soins de la Mairie. Sur place, la réception a été faite par les responsables du Comité de gestion scolaire (CGS). Tenez vous bien ! Pour les deux commandes, le CGS, n’a reçu que 4 tonnes de riz gambiaka, 6 sacs de l’ail, 15 pots de patte d’arachide, 45 paquets de cube magie, 30 carton de tomates concentrés, 60 sacs de macaroni spaghetti, 60 sacs de macaroni gros grain, 60 bidon d’huile dinor 20 litres, 3 cuves en plastiques de 60 litres, 90 plastiques pour les plats, 3 couscoussières, 3 louches en aluminium, 3 marmites de 30 kg, 3 marmites de 50 kg, du sel. A cela, s’ajoute le prix de condiment qui s’élève à 400 000 F CFA. Aucune similitude entre le bordereau de réception à Gouana et celui délivré par les fournisseurs.

C’est lors de la réception des vivres à Gouana que le pot aux roses a été découvert. Beaucoup de produits qui ont été livrés suivant les bons de commandes ne figurent nullement dans le bordereau de livraison à la cantine.

A titre d’exemple, pour le marché effectué par « Nima Distribution », ce sont 8 tonnes de mil (1240 000 F), 4 tonnes de riz gambiaka sur les 8 commandées (250 000 F), l’unique tonne de maïs (166 357F), les deux sacs d’oignon de 25 Kg (30 000 F) ont disparus des radars.

Sur la liste de la commande de Commerce Général Cheick Hamalla Traoré, 10 tonnes de mil d’une valeur de 1500 000 F CFA, 10 tonnes de riz gambiaka s’élevant à 5 millions F CFA, une tonne de maïs à 175 000 F CFA, 4 sacs de l’aile (sur les 10 livrés), 5 sacs de soumbala (175 000 F), 5 sacs de poivrons (175 000 F) ne figurent pas dans le bordereau de livraison des vivres aux cantines, autrement ils n’ont pas été retrouvés dans le décompte final.

En sommes, ce sont plusieurs millions de F CFA de vivres destinés à la cantine de Gouana qui font l’objet de disparition.

Face à cette situation rocambolesque, l’on est en droit de se demander où le maire par intérim M. Sidibé a pu les amener ? A Gouana, cette disparition de vivres de la cantine est sur toutes les lèvres. Les populations veulent que l’ancien maire par intérim leur donne des explications sur ce qu’il a fait réellement de la gestion des 13 millions F CFA et témoigner devant le tribunal de l’histoire.

Rappelons que le même maire par intérim est beaucoup cité dans la mauvaise gestion des tonnes de vivres mis à disposition par l’Etat du Mali dans le cadre du Coronavirus.

Ibrahim Diallo
ARC EN CIEL