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Assassinat de Norbert Zongo : fin des audiences devant la Cour africaine

samedi 30 novembre 2013, par Assane Koné

La Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) a bouclé ses audiences vendredi dans le procès intenté contre l’Etat burkinabè par les proches du journaliste Norbert Zongo, assassiné en 1998, a constaté APA.

Les plaignants accusent le Burkina Faso d’avoir failli à ses obligations de rechercher et juger les auteurs de l’attentat. Norbert Zongo, journaliste d’investigation et directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant, avait été retrouvé mort calciné dans sa voiture avec trois de ses compagnons en 1998, à une centaine de kilomètres de Ouagadougou. Il enquêtait sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur du frère cadet du chef de l’Etat, François Compaoré.

Six « suspects sérieux » avaient été identifiés par une Commission d’enquête indépendante (CEI) mise en place par le pouvoir. Mais seul l’adjudant Marcel Kafando, ex-chef de la garde rapprochée du président burkinabè, avait été inculpé, avant de bénéficier d’un non- lieu.
En 2006, la justice burkinabè avait classé le dossier, officiellement pour manque de preuves. ’’Ceci nous amène à la fin des audiences dans cette affaire’’, a déclaré vendredi la juge ghanéenne Sophia Akuffo qui présidait une chambre comprenant huit autres juges. Le jugement sera rendu l’année prochaine.

Le procès s’était ouvert sur le fond jeudi, les parties plaidant oralement les arguments développés dans les mémoires antérieurement déposés. Vendredi, les avocats des plaignants – la famille Zongo et le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples- et ceux du gouvernement burkinabè ont répondu aux questions des juges.

Comme à l’audience de jeudi, Maître Bénéwéndé Sankara a accusé le gouvernement de son pays d’avoir ’’violé le droit des victimes à avoir accès à la justice, à une justice équitable’’.
’’Ce que nous voulons, c’est de savoir qui a tué Norbert Zongo’’, a indiqué l’avocat, sans cependant cacher que les plaignants avaient ’’des raisons de croire’’ que le responsable est François Compaoré, frère du président Blaise Compaoré.

La Cour africaine, qui n’a pas de compétence criminelle, peut ordonner à l’Etat burkinabè de conduire une enquête sur l’assassinat ou de verser des dommages à la famille du journaliste.

Pour sa part, Maître Antoinette Ouedraogo, qui représentait le gouvernement burkinabè, a réaffirmé que ’’l’Etat burkinabè a tout fait, mais en vain’’. ’’Une expertise balistique a été faite, une enquête internationale a été menée. L’Etat ne pouvait faire mieux’’, a-t-elle plaidé.

Interrogée par APA à la fin de l’audience, Geneviève, la veuve de Norbert Zongo, a déclaré qu’elle était prête à poursuivre son combat jusqu’au bout. ’’On ne s’arrêtera jamais’’, a-t-elle dit, soulignant cependant qu’elle soupçonnait toujours le camp du président Compaoré. ’’Tous les suspects qui ont été identifiés par la commission d’enquête étaient des membres de la Garde présidentielle. Je soupçonne fortement le gouvernement car c’est bien un assassinat politique’’, a –t-elle dit, soulignant qu’elle était plus intéressée par la manifestation de la vérité que par des dommages.

A la question de savoir si elle se sentait en sécurité dans son pays, elle a répondu : ’’Je me sens sécurisée par Dieu. Ma sécurité, c’est Dieu, ce n’est pas l’homme’’.

Créée par l’Union africaine (UA), la Cour siège à Arusha, dans le nord de la Tanzanie. Ses jugements, non susceptibles d’appel, sont contraignants. Si un Etat refuse d’exécuter un jugement, la Cour saisit la conférence ministérielle de l’Union africaine, qui, à son tour, en réfère au sommet des chefs d’Etat.

RE/cat/APA
Édition de APA Bâyiri.com | samedi, 30 novembre 2013

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