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Litige foncier à Kati : Sans titre et sans droit, la SIFMA veut s’approprier plus de 200 parcelles déjà attribuées par le Préfet

dimanche 16 octobre 2016, par Assane Koné

Il n’y a aucun doute, le problème foncier risque de saper pendant longtemps la quiétude des maliens. Personne n’a la garanti d’être le propriétaire d’une parcelle qu’il aura acquis après de longues années de sacrifices et d’économies. Une parcelle a souvent plusieurs propriétaires, du fait d’une nouvelle race de spéculateurs fonciers sans scrupule et sans vergogne qui ont déifié l’argent. Et, le Mali, de jour en jour, devient une jungle où aucune loi n’a plus sa place. Si non, comment comprendre ce qui est en passe d’arriver à plus 200 chefs de familles du fait de la SIFMA du côté de Wadougou Sikoro dans l’Arrondissement de Kati Central ? Qui pouvait penser qu’une société immobilière apparemment sérieuse qu’est la SIFMA puisse se retrouver dans des pratiques de dépossessions forcées de citoyens maliens qui n’aspirent qu’à s’offrir un toit, pour eux et pour leurs progénitures ? La SIFMA a-t-elle décidé de ramer à contre courant de sa devise : « Une famille, un toit » ?

Depuis des années, plus de 200 maliens sont bénéficiaires de parcelles à usage d’habitation, sise à Wadougou Sikoro dans l’Arrondissement de Kati Central, du fait de lettres d’attribution du Préfet du cercle de Kati.

Certains acquéreurs très au parfum des problèmes fonciers à n’en pas finir à Bamako et ses environs, ont pris toutes les dispositions pour se rassurer qu’ils seraient à l’abris de toutes surprises après avoir débourser leurs millions pour entrer en possession de leur terrain. « Avant de faire le transfert à mon nom, en 1994, de la parcelle que je venais d’acquérir, j’ai eu toutes les assurances du côté des services des domaines qu’il n’y avait aucun litige sur la zone », nous a indiqué un propriétaire de terrain à Wadougou Sikoro, sous le couvert de l’anonymat.

En pareilles circonstances, munis de leur titre de propriété et très rassuré que certains acquéreurs ont entrepris des travaux sur leur parcelle. A notre passage, le site avait une fière allure et laissait transparaître une belle petite cité. Au moment, où certains s’afféraient à stocker des briques, du sable et des moellons sur leur parcelle, d’autres ont déjà fini de faire sortir des bâtiments de terre, ou sont au niveau de la réalisation de soubassements ou de fosses sceptiques et de puits.

Malheureusement, cet engouement des propriétaires ne sera pas de longue duré. A leur grande surprise et surtout au moment, où ils s’attendaient le moins, la société immobilière et Foncière du Mali (SIFMA), sans titre ni droit, va leur ordonner l’arrêt de tous les travaux.

Pire, comme si le fait de demander aux propriétaires légitimes d’arrêter leurs travaux ne suffisait pas, le 22 août 2016, la SIFMA va mobiliser ses bulldozers pour le démarrage des travaux de voirie. « Pour démolir toutes nos réalisations, la SIFMA ne nous a pas présenté un titre de propriété quelconque, ni une décision de justice », nous a indiqué notre interlocuteur, très étonné qu’une société d’apparence très sérieuse comme la SIFMA puisse se comporter de la sorte.

Malgré ces voix de fait propre d’un banditisme qui ne dit pas son nom, un groupe d’environ 20 propriétaires de parcelles sur le site de Wadougou Sikoro, convaincu que le mali est un Etat de droit où force devait rester à la loi, a élu domicile en l’étude de Me Ibrahim Berthé, Huissier de justice à Bamako, pour la sauvegarde de leurs intérêts et droits.

Immédiatement saisi, le cabinet de Me Ibrahim Berthé s’est rendu sur le site litigieux pour constater l’effectivité de l’arrêt des travaux de construction sur instruction de la SIFMA. « On constate également que la SIFMA a tracé des grandes voies sur les parcelles des requérants qui a abouti à la démolition de leurs réalisations notamment : les puits, les fosses septiques, les soubassements, la destruction des briques, des plaques d’identification et des poteaux de délimitation », indique le procès-verbal de constat d’huissier.

Selon plusieurs indiscrétions, le gros lots de ces parcelles appartiennent à des militaires de kati mobilisés sur les différents théâtres d’opération à travers le pays. Donc loin de Bamako pour la défense de leurs intérêts.

Nous avons vainement tenté de joindre sur son téléphone Mamadou Coulibaly, qui serait un responsable de la SIFMA. Nous avons voulu vérifier la nature du titre de propriété dont dispose la SIFMA pour évincer des propriétaires sans passer par la justice malienne. Mais, hélas ce n’est que partie remise.

Assane Koné


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