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Une française chauffeur de taxi à Bamako

jeudi 31 mars 2016, par Assane Koné

Au Mali où quasiment aucune femme ne mène cette activité, Marianne Faucou, une française chauffeur de taxi à Bamako force l’admiration des passagers et de son entourage.

Marianne est non seulement l’unique femme chauffeur de taxi dans la capitale malienne mais en plus elle est française.

" Je fais le travail par plaisir. Cela me dérange dans le sens où je pense que j’aimerai que beaucoup de femmes se joignent à moi et conduisent le taxi. Je ne pense pas qu’il y a des métiers réservés aux hommes, les hommes non plus ne me font pas savoir que je ne suis pas à ma place. J’espère que beaucoup de femmes me rejoindront pour conduire des taxis dans la ville de Bamako et ailleurs’’, explique-t-elle.

Elle veut ainsi montrer qu’il n’y pas de métiers exclusivement réservés aux hommes.
‘"Tu ne vois pas la voiture ? Toi, tu es malade quoi. Ça c’est un fou ça. Un mec qui marche au milieu de la route comme s’il était une voiture’’, lance-t-elle à un piéton.
C’est en 2011 que l’unique femme chauffeur de taxi de Bamako est arrivée dans ce pays en provenance de sa Corse natale.

Marianne va d’abord enseigner trois ans avant d’être rattrapé par son rêve d’enfant conduire un taxi.

Et c’est sa voiture personnelle qu’elle transforme en véhicule de transport.
« Avant d’arriver à destination. Je m’adresse aux passagers pour voir comment ils apprécient d’être dans ce taxi si particulier », dit-elle.

’’Je m’appelle Mama Sinayoko. Chaque fois, je prends le taxi de Marianne pour venir chez Choufi Adama. Il n’y a jamais eu de problèmes’’, indique une cliente assidue.
Awa Kassogué, une autre, explique que depuis qu’elle a connu Marianne, elle l’a vue très compétente dans la conduite.

"Je peux même dire qu’elle conduit mieux que les hommes’’, témoigne-t-elle.
Dans la circulation à Bamako, Marianne Faucon est devenue une particularité voire une exception qu’on regarde avec curiosité.

Quand elle passe dans son taxi, les riverains la saluent de la main et elle réagit bien car pour elle le taxi est un moyen de communication et de découverte. Elle gagne sa vie aussi.

Mais dans cette activité où les hommes sont rois les difficultés ne manquent pas pour la française.

"Je me souviendrai toujours de cet homme. C’est des jeunes qui cherchaient un taxi pour lui. Ils m’ont emmené au vieux. Au départ, je lui ai indiqué le prix qu’il devrait payer normalement. Il a dit non. J’ai divisé le prix par deux, il a dit non. J’ai dit je t’emmène gratuitement, il a dit non. Il avait très peur. J’aurai pu sortir du taxi et le prendre par la main. Mais je pense qu’il aurait plus peur. Je l’ai laissé tranquille. Je pense que c’est un homme qui a peur des femmes’’, raconte-t-elle.

Marianne ne vit pas seule à Bamako. Elle s’est marié à un guérisseur traditionnel malien. Son mari Adama Konaté lui apporte tout son soutien.

"Vraiment, je lui fais parfaitement confiance dans son activité. Comme elle n’a pas peur de rouler la nuit. Je l’encourage beaucoup. Si elle a des problèmes à n’importe quelle heure. Elle m’appelle. Je viens la dépanner elle continue son taxi. Moi dans notre mariage, ça ne me dérange pas’’

Avec ou sans taxi l’ambition de Marianne c’est de vivre au Mali.

« J’imagine une vie sans taxi. C’est travailler dans cet espace que j’ai pensé ‘’la maison de la terre’’.Un espace qui permettrait de travailler en fait sur le désenclavement et la rencontre des mondes à la fois intergénérationnels et interculturels. Je n’envisage pas le retour au bercail. J’envisage de vivre entre mon pays et le Mali qui est devenu mon pays », conclut-elle.

Alou Diawara, Bamako BBC AFRIQUE


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