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Cour d’Appel de Bamako : Mahamoud Dicko chasse Téssougué ?

mercredi 23 décembre 2015, par Assane Koné

Difficilement, le Président de la République pourra convaincre les maliens que Daniel Téssougué, Procureur général près la Cour d’Appel de Bamako, n’a pas été victime de Mahamoud Dicko. Il est clair que depuis hier, 22 décembre 2015, Daniel Amangouin Téssougué n’est plus Procureur général près la Cour d’Appel de Bamako. La décision a été prise par le Conseil supérieur de la magistrature que préside Ibrahim Boubacar keita, Président de la République.

Daniel Tessogué n’est plus Procureur Général. Sous la Présidence du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, le palais de Koulouba a abrité le 22 décembre 2015, la session ordinaire du Conseil supérieur de la magistrature.
Comme d’habitude, le Conseil a décidé d’un grand mouvement au niveau de la justice malienne. Des procureurs, des substituts de procureur et des juges de paix à compétence étendue, ont changé de postes.

Mais la grande surprise fût que la rumeur a été confirmée. Le Procureur Général Daniel Tessogué est relevé de son poste. Il a été remplacé par son substitut : Malamine Coulibaly.

Mais, comme il fallait s’y attendre, si cette décision est saluée par d’autres, elle est désapprouvée par une autre partie des citoyens pour la simple raison qu’ils estiment que le Président de la République devait attendre que les maliens oublient ce qu’il est convenu d’appeler la « passe d’armes » entre Téssougué et l’imam Dicko, suite à la sortie de ce dernier après l’attentat de l’hôtel Radisson Blu.

Des propos qui n’ont pas du tout plu à la communauté musulmane ont été prêtés à Téssougué. Il a été accusé d’avoir exigé que tous les « barbus » se débarrassent de leur barbe. L’on l’a aussi accusé d’avoir demandé l’interdiction du port du voile intégral et l’immixtion de l’Etat dans le contrôle de l’origine des ressources utilisées dans la construction des mosquées.

Tout comme Mahamoud Dicko, est ce que Téssougué n’a pas été mal compris. Bon tout compte fait, il est parti de son poste, pratiquement deux semaines après la mobilisation des musulmans dans un meeting au niveau de la grande mosquée et à deux jours du Maouloud.

Le fait que cette décision soit prise avec une certaine célérité pourrait faire croire que le Président de la République a voulu faire plaisir aux leaders dont la plupart se sont élevés contre Téssougué. Et, la décision pourrait être de nature à éviter que les prêches du Maouloud ne soient concentrés sur la justice, Téssougué et la gouvernance de IBK.

L’analyse d’un citoyen

En tout cas l’ancien ambassadeur Souleymane Koné sur sa page facebook a publié un article qui a retenu notre attention. Intitulé « Des coups de griffes à la république et à la laïcité », cet article indique clairement que « Le départ de Daniel Tessougué du poste de Procureur Général dans le contexte actuel, est une décision inopportune et mal avisée. Ce, même s’il s’agit d’un mouvement administratif classique sans intention autre derrière ».

Avant d’ajouter que « Ce départ l’est d’autant plus qu’il sonne comme une session de rattrapage de IBK face à la double colère de Mohamoud Dicko contre le président de la république et le Procureur Général, ces deux représentants des institutions républicaines du Mali lui ayant contesté le droit de placer les attentats de Paris et de Bamako sous le signe de la colère divine ».

« Je réprouve totalement ces déclarations inappropriées. Ces propos ne sont ni les miens ni ceux du peuple malien. Le monstre hideux qui a frappé à Paris et à Bamako a le même visage. Seule la solidarité internationale permettra de le terrasser. Ce que dit M. Dicko n’engage que lui », a dit IBK dans une interview accordée au journal Jeune Afrique.

« Avec le départ, il reste à savoir quel sera le prix de revient pour la république, de ce commerce politique entre le pouvoir et son grand électeur. », interroge l’article de Souleymane Koné, qui estime que « D’ores et déjà, aujourd’hui et demain, l’argument selon lequel Daniel Tessougué a été nommé par une autorité, qu’il a remplacé un autre Procureur et que c’est normal qu’un autre le remplace est une lapalissade : le cache sexe d’un Etat défaillant, la capitulation des institutions républicaines devant un chef religieux, pire devant un grand électeur ».

Mieux, il dira que « la fausse vérité du fonctionnaire appelé à d’autre mission, est démentie par le contexte de polémique dans lequel, les propos de Mohamoud Dicko, concernant l’attentat de Paris et celui du Radisson Blu hôtel, avaient embrumé le pays dans sa sincérité de lutter contre le terrorisme aux yeux des Maliens et de la communauté internationale ». Avant d’ajouter que « Personne à l’extérieur du Mali n’a pu comprendre que le principal soutien du candidat devenu président ait pris autant de liberté avec les victimes du 13 novembre à Paris et du 20 novembre à Bamako en qualifiant leur mort de sanction divine ».

Qu’à cela ne tienne, Souleymane Koné s’est interrogé : « le départ de Tessougué serait-il vraiment un mouvement habituel dans le cadre de la mobilité des fonctionnaires ? « Que non », a-t-il répondu.

« Certes, d’autres magistrats sont concernés par le mouvement actuel, ils accompagneront le désormais ancien Procureur dans « sa sanction », n’empêche que le mouvement est fondamentalement provoqué pour le départ de Daniel Tessougué. », reste convaincu Souleymane Koné.

Et, c’est pour cela qu’il dira que « Et, c’est là que la république et la laïcité reçoivent de sérieuses blessures qui mettent en péril les perspectives de la reconstruction de l’Etat ». Avant de soutenir haut et fort que : « Ce départ peut être analysé comme des coups de griffes donnés aux institutions de la république en particulier le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire qui apparaissent désormais soumis aux ordres du pouvoir religieux ou même de la volonté d’un grand électeur ».

Dans tous les cas, il estimera que « C’est un précédent dangereux non seulement pour notre république, pour la démocratie dans notre pays, mais également pour la quiétude des partenaires du Mali, qui ne manqueront pas de nous adresser des regards préoccupés, en ce moment précis de l’évolution de notre pays ».

« Le départ de Tessougué est le signe révélateur que le régime de IBK rompt chaque jour un peu plus avec la république », a-t-il conclu.

Mais, et si Téssougué était parti pour son réquisitoire lors de l’ouverture des Assisses passées, où il n’a pas été tendre avec tous ceux qui se sont succédés à la tête du Mali depuis la chute du Général Moussa Traoré. Téssougué y a simplement dit que le Mali est malade dans tous les compartiments de son corps.

Lisez (ICI) le réquisitoire de Téssougué : http://notrenation.com/?Requisitoire-d-ouverture-de-la

Filany Diarra

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