Dans quelques jours, un bac auto moteur sera mis à l’eau sur le fleuve Falémé et du coup reliera la Commune rurale de Faléa (21 villages) au reste du cercle de Kéniéba, dans la région de Kayes. Les préparatifs de cette mise à l’eau de ce joyau vont bon train. C’est le ministre de l’équipement, des transports et du désenclavement qui présidera ladite cérémonie a-t-on appris auprès de l’Association des ressortissants et amis de la Commune de Faléa (ARACF). Dans cette interview, le 1^er vice président du conseil de cercle de Kéniéba au nom des populations, exprime un sentiment de satisfaction. Lisez plutôt l’entretien qu’il nous a accordé.

Notrenation.com : N’est ce pas que la mise à l’eau du bac auto moteur qui sera faite sous peu permettra à Faléa et environs d’oublier les mauvais souvenirs d’enclavement par faute de pont sur le fleuve « la Falémé » ?

Cheick Oumar Camara  : C’est tout simplement pour moi un sentiment de satisfaction et d’espoir, parce qu’il faut reconnaître qu’on y croyait plus surtout que le bac a fait plus de trois ans dans la cour des travaux publics ici à Kéniéba. N’eût été le dynamisme des ressortissants de la commune rurale Faléa qui ont pris le problème à bras le corps en saisissant l’Assemblée Nationale et qui à son tour a saisi le ministre de l’équipement, des transports et du désenclavement. Dieu merci, ce dernier n’a pas lésiné sur les moyens. Malgré son agenda chargé, immédiatement, il est venu à Kéniéba s’enquérir de la situation. Il a vu le bac auto moteur. Il ne s’est pas limité à cela. Le ministre a ensuite parcouru avec sa délégation le tronçon Kéniéba- Faléa. Cela lui a permis de comprendre combien souffrent les populations. Pour aller à Faléa en cette saison hivernale relève d’un parcours de combattant. Faléa est coupé du reste du cercle de Kéniéba pendant six mois sur douze de l’année. Pour la simple raison que Faléa est séparé de Kéniéba par le fleuve Falémé. Il n’y a pas de pont. C’est souvent grâce aux pirogues que les gens passent soit pour aller à Faléa, soit à Kéniéba. Pour évacuer les malades, c’est un tas de problèmes. Beaucoup meurent en cours de route avant d’atteindre le centre de santé de référence de Kéniéba. Voyez-vous comment c’est important que la mise à l’eau de ce bac auto moteur soit une réalité pour désenclaver toute la zone.

Cela veut dire qu’avant l’arrivée du bac c’était le calvaire pour toute la population de Kéniéba ?

Le calvaire, c’est peut dire. Moi je n’ai pas de qualificatif, parce que des malades qui pouvaient être sauvés en son temps sont morts par faute de moyens adéquats pour traverser le fleuve en période de crue. Aussi, les populations n’étaient pas ravitaillées correctement en denrées de toutes sortes. Cela n’est même pas bon pour l’économie de la localité. Les habitants de Faléa étaient obligés de faire leurs « affaires » chez leurs voisins du Sénégal ou la Guinée avec qui ils partagent la frontière. Ils n’avaient pas le choix, parce que pour quitter avec les produits de Faléa à Kéniéba c’est impossible en période de crue. Ce sont les petites pirogues qui servaient de moyens de transport. Faléa, pour votre information est une zone d’élevage par excellence. Il y a du bétail à vendre.

Donc, un bon moyen pour booster l’économie de Kéniéba ?

Absolument, parce que dans un passé récent Faléa était le grenier de Kéniéba. Dans le temps c’est le mil de Faléa qui ravitaillait tout le cercle de Kéniéba et même la région de Kayes. C’est une zone d’agriculture. Une zone de production fruitière par excellence. On y trouve les agrumes, les oranges (d’ailleurs parmi les plus succulentes du Mali), beaucoup de variétés de mangues, de la banane, et du miel.

Cela veut dire que le bac auto moteur a été accueilli à bras ouverts par les populations de Faléa ?

Parfaitement. Ce n’est pas seulement la population de Faléa qui est heureuse, c’est toute la population du cercle de Kéniéba qui a manifesté son sentiment de satisfaction. Je vous dis qu’après la mise à l’eau du bac, ce sont des gens en quête de travail de partout qui iront travailler à Faléa, une zone minière (or, bauxite et uranium). Les ONG, les opérateurs économiques feront également leur entrée dans Faléa, j’en suis sûr. Je vous informe au passage que le climat de Faléa est extraordinaire, là, il fait bon vivre.

N’est ce pas que la gestion du bac auto moteur ne souffrira d’aucune ambigüité ?

Il est inadmissible et inacceptable qu’il y ait un problème concernant la gestion du bac. C’est un joyau, quelque chose d’inespérée que nous venons d’avoir. Nous allons surveiller le bac comme du lait sur le feu. Soyez en sûr qu’en tant que collectivité nous ne faillirons pas. Nous n’allons laisser personne faire de la magouille ou de la corruption à propos de la gestion. En plus de la mise du bac auto moteur à l’eau, la piste reliant la ville de Kéniéba à Faléa a été réfectionnée. Je vous dis que vous réveillez certains morts de Faléa, ils n’auraient pas cru qu’on peut aller à Faléa en toute saison sans difficulté.

Propos recueillis par
Siaka Z. Traoré