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Ingérence de la Banque Mondiale dans la réforme foncière au Mali et partout en Afrique : Pour la souveraineté alimentaire, le Réseau CADTM Afrique s’oppose

samedi 18 avril 2015, par Assane Koné

Dans un communiqué de presse à la date du 8 avril 2015, le groupe de Coordination du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) Réseau Afrique, sous la signature Issa KAMISSOKO, s’est élevé contre l’ingérence de la Banque mondiale dans la réforme foncière au Mali et partout en Afrique. Selon le Réseau Afrique CADTM, cette ingérence menace sérieusement la souveraineté alimentaire.

Fin mars, le gouvernement malien a affiché sa volonté de solliciter l’accompagnement de la Banque Mondiale dans son projet de réforme foncière. Le CADTM Afrique porte à l’attention de l’opinion publique malienne et du gouvernement qu’un tel choix est à l’opposé des intérêts de l’ensemble des Maliens.

La Banque mondiale (BM) comme institution financière promeut dans les pays du Sud des stratégies qui sont avérées catastrophiques pour le secteur agricole dans nos pays. Les peuples de notre continent payent le prix de ces choix. Le productivisme et de la spécialisation ont primé sur la souveraineté alimentaire et la préservation des ressources hydrauliques.

Aujourd’hui, la Banque mondiale est de retour dans notre pays pour imposer sa vision pour la réforme foncière. Ces plans s’inspirent d’un nouveau classement le « Benchmarking Business of Agriculture ». Ce « Doing Business » de l’agriculture récompense la déréglementation du secteur et facilite l’accaparement des terres. La BM continue à négliger l’agriculture familiale qui concerne pourtant 80% des exploitations agricoles dans les pays en développement. La Banque encourage ainsi L’accaparement des terres qui dépossède les paysans de leurs terres.

Nous alertons contre toute intervention de la BM au Mali car des expériences similaires ont été conduites avec comme résultat l’arrivée des investissements privés qui s’accaparent les terres en privant les communautés locales de leurs ressources fondamentales sans autant améliorer le développement des pays et la sécurité alimentaire. Entre 15 à 20% des terres dans les pays en développement sont détenues par des investisseurs étrangers. Les principaux détenteurs de ces terres sont en grande partie les pays ou les sociétés occidentales et asiatiques.

Les pays africains sont les plus touchés par l’accaparement des terres. Madagascar 3, 7 millions d’hectares ; Ethiopie 3,2 millions d’hectares ; République Démocratique du Congo(RDC) 2,8 millions d’hectares ; Tanzanie 2 millions d’hectares ; Soudan 1, 6 millions d’hectares ; Mozambique 1 million d’hectare ; Benin 1 million d’hectare ; Ghana 0.7 million d’hectare ; Liberia 0.7 million d’hectare ; Cameroun 0.7 million d’hectare ; Kenya 0.6 million d’hectare ; Mali 0.5 million d’hectare et le Malawi 0.4 million d’hectare.

Pour rompre avec ces politiques néolibérales qui sont le prolongement du néocolonialisme et pour garantir une souveraineté alimentaire, le Réseau CADTM Afrique exige :
  Le Mali doit déterminer souverainement ses propres politiques foncières et agricoles, conformément aux articles 2, alinéa 3 ; 6 paragraphe 3 de la Déclaration de l’ONU sur le droit au développement de 1986 et à l’article 1 commun aux deux pactes de 1966 ;
  Le Mali et les autres pays africains doivent se retirer du « Doing Business » et de « Benchmarking Business of Agriculture » de la Banque Mondiale car ces stratégies visent à transformer nos paysans des ouvriers agricoles sur leurs propres terres ;
  L’audit des programmes et des prêts de la Banque mondiale envers le Mali pour identifier les parties illégitimes de ces dettes ;
  L’annulation de toutes les dettes illégitimes du pays à l’égard de la France, la Banque mondiale et le FMI qui utilisent l’arme de la dette pour imposer leurs politiques néolibérales ;
  Promouvoir des politiques agricoles au Mali et ailleurs qui prennent en compte les savoirs faires locaux, qui soutiennent les paysans et qui donnent la priorité à la souveraineté alimentaire.

Bamako, le 08 avril 2015
Le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) Réseau Afrique
Le groupe de Coordination

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