Actualités > Comment les 12 « navigants » d’Air France ont été exfiltrés du Radisson de Bamako

Comment les 12 « navigants » d’Air France ont été exfiltrés du Radisson de Bamako

lundi 23 novembre 2015, par Assane Koné

22 morts sont à déplorer de la prise d’otage du vendredi 20 novembre à Bamako. Ce jour-là, un équipage d’Air France a réussi à être exfiltré de l’hôtel où avait lieu l’attaque.

Situé au siège d’Air France à Roissy, le centre de contrôle des opérations (CCO) veille en permanence sur les 1.500 vols quotidiens de la compagnie. C’est là peu de temps après le début de la prise d’otages au Radisson de Bamako que parvient l’alerte vendredi matin. Elle est donnée par une des hôtesses du vol Paris-Bamako arrivé la veille dans la capitale malienne.

Affolée par les tirs et les cris qu’elle entend dans l’hôtel, elle prévient le CCO. Immédiatement, la procédure d’urgence est déclenchée pour lui venir en aide ainsi qu’aux autres navigants de la compagnie (deux pilotes et neuf hôtesses et stewards) figurant parmi les quelque 170 personnes retenues par plusieurs terroristes dans l’hôtel.

Cellule de crise

La cellule de crise est activée et les vingt permanenciers qui la composent sont prévenus. Ce sont eux qui vont piloter l’exfiltration des otages, en liaison avec les autorités et les dirigeants du groupe. Présent à Roissy, Frédéric Gagey, le président d’Air France, arrive très rapidement. Alexandre de Juniac à New-York depuis la veille pour vendre la destination France après les attentats du 13 novembre et être distingué par l’Alliance Française, participe aussi aux opérations. Réveillé au milieu de la nuit, il met en place dans une salle de réunion du Novotel Times Square, une cellule de crise bis en contact permanent avec Roissy.

Très vite, le contact est établi par téléphone avec les « douze ». Par chance, ils ne sont pas encore descendus au petit déjeuner et sont tous dans leur chambre. Consigne leur est donnée de placer des obstacles devant les issues et de se barricader dans la salle de bain, tandis que la fusillade se poursuit.

Parallèlement, leurs familles sont prévenues et prises en charge, tandis que la cellule de crise multiplie les contacts avec les autorités françaises et maliennes pour savoir comment évolue la situation sur place. En interne, il est demandé à l’ensemble du personnel de ne pas faire état de la présence de l’équipage dans l’hôtel, alors que l’information commence à filtrer sur les réseaux sociaux.

Point de rencontre

A Bamako, la situation reste confuse, mais il apparaît clairement que les terroristes ne sont pas très nombreux. La décision est donc prise d’exfiltrer les navigants. Par SMS, il leur est demandé de rejoindre un point de rencontre situé dans l’hôtel où ils pourront retrouver les forces d’intervention.

C’est chose faite quelques minutes plus tard. Ils sont alors conduits dans un gymnase tout proche, puis à la résidence de l’ambassadeur, où ils arrivent sains et saufs. Ce n’est que quelques heures plus tard que l’hôtel sera complètement sécurisé. Dans l’hôtel, le bilan est lourd . 22 morts, dont deux terroristes et quelque 7 blessés.

Le lendemain matin à 5 heures, les douze navigants d’Air France atterrissent à Roissy, encore choqués. Ils sont accueillis notamment par Frédéric Gagey et Alexandre de Juniac, qui est rentré à Paris par le premier avion disponible. Entre temps, des mesures ont été prises pour renforcer la sécurité des équipages de la compagnie dans les escales à « risque ». A Bamako et dans d’autres villes africaines notamment, l’hébergement sur place est supprimé. Tandis qu’ailleurs, des mesures sont prises pour sécuriser les trajets entre l’aéroport et les hôtels dans lesquels résident les équipages.

François Vidal / Directeur délégué de la rédaction
http://www.lesechos.fr/

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.